Guinée: Conté cède sur un point capital et permet une sortie de crise

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CONAKRY (AFP) – vendredi 26 janvier 2007 – 23h23 – En acceptant de céder vendredi une partie de ses pouvoirs au futur Premier ministre, le président guinéen Lansana Conté a cédé sur un volet essentiel des exigences des syndicats à l”origine de la grève générale illimitée, laissant augurer d”une rapide sortie de crise.
A l”issue d”âpres négociations entre des émissaires du président et les principaux responsables syndicaux du pays, le président Conté, au pouvoir depuis 23 ans et affaibli par la maladie, a donné son accord pour céder au prochain Premier ministre ses prérogatives de chef de gouvernement.

Il s”agissait de la principale exigence des syndicats qui ont lancé une grève ayant paralysé le pays pendant 17 jours et causé la mort de 59 personnes au cours de manifestations violemment réprimées, dont 49 le 22 janvier, journée la plus meurtrière.

Il avait déjà accepté mercredi de nommer un Premier ministre de consensus choisi par la partie syndicale, mais les discussions achoppaient encore sur le refus des négociateurs de l”Etat d”accorder à ce dernier le statut de "chef de gouvernement", dévolu depuis toujours au président en Guinée.

"Le président a donné son accord pour que le Premier ministre soit chef du gouvernement", a déclaré à l”AFP Rabiatou Sérah Diallo, secrétaire-générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), une des deux centrales à l”origine du mouvement, à l”issie des discussions vendredi soir.

"Demain (samedi), nous devons nous rencontrer à 11H00 (locales et GMT) pour signer l”accord (sur le volet politique des revendications) et après, nous pourrons entamer les autres négociations et lever la grève", a-t-elle ajouté à sa sortie du palais du Peuple de Conakry, qui abrite également l”Assemblée nationale.

Selon d”autres sources syndicales, le présidera cèdera ses pouvoirs au Premier ministre par décret.

"Il y a aussi des questions catégorielles que nous devons régler, comme la flambée des prix, la perte du pouvoir d”achat et la stabilisation de la monnaie", a déclaré de son côté Michel Kamano, président du Conseil économique et social et négociateur de la partie gouvernementale.

Cette annonce a été faite à l”issue de négociations entre les principaux dirigeants syndicaux et des responsables de plusieurs institutions de l”Etat (Assemblée nationale, Conseil économique et social, Cour suprême), des ministres et des responsables religieux.

Avec ce Premier ministre aux pouvoirs élargis, les syndicats souhaitent mettre un terme à la mauvaise gouvernance et sortir enfin de la crise économique et sociale qui accable la population depuis plusieurs années.
Ils veulent également éviter une réédition des expériences malheureuses d”anciens pensionnaires de la Primature, dont l”action avait été entravée par le Palais.

Les anciens Premiers ministres Sidya Touré (1996-1999), François Loncény Fall (2004) et Cellou Dalein Diallo (2004-2006) avaient été imposés à M. Conté mais avaient fini par jeter l”éponge (Fall) ou être limogés (Touré et Diallo).

Le pays n”a plus de Premier ministre depuis le limogeage de M. Diallo en avril 2006.

La CNTG et l”Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) ont lancé le 10 janvier la troisième grève générale en l”espace d”une année, initialement pour protester contre la baisse du pouvoir d”achat, la corruption et l”ingérence du chef de l”Etat dans les affaires judiciaires.

Face à l”intransigeance du pouvoir, le mouvement s”est progressivement radicalisé, soutenu par les partis d”opposition, mais la situation s”est progressivement apaisée sur le terrain depuis la répression des manifestations du 22 janvier.

Source: AFP

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