TRANSRAIL : Tension Persistante

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    Le dossier des travailleurs licenciés en juillet dernier empoisonne les relations entre la direction et le syndicat Sytrail.
    Le climat social à Transrail qui s”est emballé en juin et juillet 2006 avec deux arrêts de travail successifs (les 14 et 15 juin et les 12, 13 et 14 juillet)
    ne s”améliore toujours pas. Malgré le licenciement de 18 agents au Mali, la suspension de deux autres au Sénégal et la mise sur pied d”une commission pour examiner le dossier des travailleurs en délicatesse avec la direction, la tension demeure. Pourtant, quand on écoute les syndicalistes ou les responsables de la direction, une certaine volonté de dépasser la crise transparaît. Pour y arriver, il faudrait certainement que les uns abandonnent la logique de la confrontation et que les autres montrent une réelle disponibilité au dialogue. Ce qui, en ce début d”année n”est pas encore le cas.

    Si le climat actuel devrait perdurer, il faudra même redouter un nouveau bras de fer entre les deux parties. Abdoulaye Sago, le secrétaire général de Sytrail qui figure sur la liste des agents licenciés le 21 juillet dernier estime que la direction générale de Transrail est responsable de la situation de crise en refusant tout dialogue et en ne suivant pas les recommandations de la commission ad hoc mise sur pied par décision n°0940/MFPRERI-SG du 25 septembre 2006. Pour lui, le syndicat en accord avec la partie sénégalaise, n”a d”autre choix que d”engager des actions pour faire aboutir ses revendications. Au nombre de celles-ci figure en premier lieu la reprise des agents licenciés en juillet dernier. Le syndicat estime que le directeur général François Lemieux n”a pas l”intention de suivre la commission dans ses recommandations.

    LES RESERVES DE LA COMMISSION AD HOC :

    Il est vrai que la commission n”est pas en phase avec la direction dans ses positions. Dans son rapport dont nous avons pu nous procurer une copie la commission note que "la direction de Transrail n”a pas respecté la procédure prévue par la réglementation en vigueur, qu”il s”agisse des délégués du personnel ou des travailleurs ordinaires". Elle fait le constat que "ni la réglementation en vigueur, ni les dispositions de l”accord d”établissement en matière disciplinaire n”ont été observées".

    Elle semble relativiser le bien-fondé des motifs de licenciements en relevant la difficulté de rattacher "les fautes lourdes" invoquées par la direction à des personnes précises, et en émettant des réserves sur les déclarations des témoins de la direction (des anciens déflatés nouvellement repris) et enfin en relativisant la gravité des "actes de sabotages" sur les machines.

    L”on se rappelle, qu”après des discussions, les parties avaient convenu de la réintégration de 8 travailleurs qui manifestement bénéficiaient de circonstances atténuantes et d”examiner le cas des 10 autres par la commission. Sur ces 10 licenciés, 8 sont des délégués syndicaux. Concernant ceux-ci, la commission rappelle l”article L227 du code du travail qui dispose que "l”autorisation de l”inspecteur du travail est requise avant tout licenciement d”un délégué du personnel, titulaire ou suppléant, envisagé par l”entrepreneur ou son suppléant. Le défaut de réponse de l”inspecteur du travail dans les quinze jours du dépôt de la demande vaut autorisation de licenciement. L”autorisation de licenciement ou le refus de cette autorisation doit être notifiée à l”employeur et au délégué du personnel concerné. Tout licenciement intervenu en violation de la procédure prévue à l”alinéa précédent est nul de plein droit et le délégué sera rétabli dans ses droits et réintégré dans l”entreprise".

    Les syndicalistes qui ont aussi l”aval de l”UNTM clament sur tous les toits que la direction générale n”a aucune considération pour les textes et les autorités des deux pays. C”est pourquoi, en décembre dernier, ils ont demandé le départ de François Lemieux.

    MENACE DE GRÈVE :

     "La situation qui prévaut à Transrail nous échappe et nous préoccupe au plus haut point. Nos affiliés, à bout de souffle, sont sur le point de déclencher dans les jours qui suivent, en relation avec les cheminots de Dakar, une grève générale illimitée. Nous ne pouvons plus contenir ce mouvement. Faites donc quelque chose", écrivait le secrétaire général Siaka Diakité au ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l”État et des Relations avec les Institutions le 13 décembre dernier.

    Effectivement depuis cette date, des rumeurs d”une possible grève générale illimitée des agents de Transrail circulent dans les deux États. Pour le moment, le Sytrail a réussi à se mettre d”accord avec son homologue sénégalais, mais n”est pas encore parvenu à rallier à sa cause le syndicat rival dirigé par Abdoulaye Berthé.

    A la direction générale de Transrail, le ton est différent. Le chargé de communication Bilaly Sanogo que nous avons rencontré considère que l”entreprise a besoin de paix sociale et que la direction s”en préoccupe. "Le bras de fer n”arrange rien", fait-il remarquer, en soulignant qu”il faut donc se donner la main.
    Il explique que Transrail vise un objectif de 36 trains par mois à la descente sur Dakar et à la montée sur Bamako. Une cadence nécessaire pour assurer la rentabilité de la ligne. Une stabilité est donc nécessaire. En 2003, poursuit-il, au moment de l”entrée en service de Transrail, l”entreprise transportait difficilement 20 000 tonnes par mois. Deux ans après, explique-t-il, elle a dépassé les 30 000 tonnes. Et cela sans avoir acquis de nouveaux matériels. C”est cette performance qui a été saluée le 4 décembre dernier par la remise du prix "Business initiative direction" à Londres par la "Quality crown award". En 2006, l”entreprise a été handicapée par les arrêts de travail successifs et le climat social tendu, relève Sanogo.

    Au moment où l”entreprise s”apprête à recevoir du nouveau matériel et à réhabiliter une partie de la voie, le retour de la sérénité augurerait d”une bonne perspective, soutient-on à la direction de Transrail. L”entreprise vient d”engager un programme d”investissement de 5 ans. Avec notamment 50 millions d”euros (plus de 32,5 milliards Fcfa) pour réparer des dommages sur les 1233 km de la voie ferrée.

    Concernant le respect des textes en vigueur par la direction, Bilaly Sanogo refuse de s”engager dans un débat qui n”a pas lieu d”être, selon lui.

    A. LAM

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