Edito : L’opposition sur un boulevard

Pour bien planter le décor, paraphrasons l’opposant Amadou Koita lors de l’ouverture du congrès de l’URD : « A l’URD, on conçoit bien, on annonce clairement ce qu’on conçoit, et  les mots arrivent facilement  sur ce qu’on conçoit  et  qu’on annonce ».

Cette affirmation n’est pas un discours d’accointances, encore moins une poésie d’amour, mais une véritable réalité. Au-delà même de l’URD, au sein de l’opposition actuelle, les acteurs politiques, contrairement à leurs devanciers du COPPO, ne fournissent, ou peu d’efforts pour élaborer leur discours politique. Mais curieusement, chacun de ces « à-propos », atteint le régime dans sa chair. Et décantonne bien dans l’oreille  du bas peuple.

Pour preuve, revisitons certains de ces dards.

Comme « le gouvernement des enfants » de Amadou Abdoulaye Diallo, «Tièkoroba Dèssèra ! Le vieux est à bout de souffle » de  Soumaïla Cissé, « la République des scandales » de Amadou Koïta et dans une certaine mesure « le pays dans l’impasse » de Tièbilé Dramé.

Certes, les gaffes s’accumulent au sommet de l’Etat, mais de la manière dont l’opposition est en train de crever l’écran avec n’importe quel vocabulaire politique, laisse croire que le régime pédale dans la vraie choucroute. Laissant l’opposition sur un boulevard.

Mais là où le bas blesse est qu’il n’existe aucun répondant du coté du pouvoir.

Aussi inimaginable que cela puisse paraître, les leaders de l’opposition ont pris voix au chapitre en poussant au travers du décor, les ténors de la majorité.

Mais ce qui rassure est que le « Mandé Massa » a promis aux leaders religieux de ne jamais mêler la colère à son amertume. Pour Tièbilé Dramé, il s’agit d’un Président à qui son gouvernement ne dit pas la vérité. « Au moment où le Président nous disait que le Dr Diomandé se remettait de sa maladie d’Ebola, l’intéressé était décédé plusieurs heures avant », affirmait-il au micro du congrès de l’URD. Est-ce de la même manière qu’on a amené le Chef de l’Etat à affirmer que le vol  d’Air Alger s’est craché vers Kidal, pendant qu’un officier burkinabé l’annonçait vers Léré ?

En réalité, l’opposition malienne trouve facilement les mots justes pour tirer et quand la majorité prend la parole, elle barbote le plus souvent à coté.

Car, au moment ou le discours du pouvoir caresse l’âme des gangrenés, des « surfactureurs »  et des conspirateurs, l’opposition parle  au nom du peuple, qui ne lui a ni mandaté pour le faire, ni confié ses sentiments profonds. Mais fait-elle tellement bien cette mission, qu’on a l’impression qu’il s’agit de cela.

Moustapha Diawara

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