Assemblée nationale : « Oui » a la grande muraille verte

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Elle va combattre l’avancée du désert, mettre en valeur des zones dégradées et lutter contre la pauvreté.

Les députés ont adopté hier un projet de loi portant ratification d’une ordonnance de septembre dernier autorisant la ratification du texte créant l’agence panafricaine de la grande muraille verte (GMV) adoptée à N’Djaména en juin 2010. Notre pays fait ainsi un pas décisif en faveur de l’ambitieux chantier de lutte contre l’avancée du désert. Depuis plusieurs décennies, les pays de la zone sahélo-saharienne sont confrontés à un déficit pluviométrique combiné avec une pression anthropique qui perturbe les grands équilibres écologiques tout en installant la zone dans un processus inexorable de désertification. On estime aujourd’hui que les deux tiers de la superficie du continent sont couverts de zones désertiques ou fortement dégradés. Conséquence : une baisse des productions suite à une dégradation des ressources naturelles et une situation d’insécurité aux plans alimentaire et énergétique. Plusieurs initiatives ont été menées pour tenter d’inverser la tendance comme ces campagnes de reboisement dans certains pays. Mais il est vite apparu qu’aucun pays pris individuellement ne peut lutter efficacement contre le phénomène.

Dans les années 1980, des personnalités avaient formulé l’idée de reboiser une partie du Sahel. Lors du 7è sommet de la CenSad à Ouagadougou, cette idée a été renouvelée par le président nigérian de l’époque, Olesegun Obasanjo. L’idée fut reprise par le président Abdoulaye Wade du Sénégal qui lui donnera son nom actuel de « grande muraille verte ». L’initiative sera endossée par l’Union africaine en janvier 2007. L’idée de la grande muraille verte repose sur une approche concertée, multi sectorielle mettant en synergie des actions de lutte contre la désertification, la pauvreté et le changement climatique. Ainsi la GMV va contribuer à combattre l’avancée du désert, mettre en valeur des zones dégradées et lutter contre la pauvreté. Il s’agit également d’aider à la conservation de la biodiversité, à la restauration des sols et à l’inversion des flux migratoires vers les zones restaurées.

Le tracé de la grande muraille verte va de Dakar à Djibouti sur une bande de 7000 km de long, 15 km de large. Elle concerne 11 Etats dont le Mali dans les régions de Kayes, Ségou, Tombouctou et Gao. On attend qu’elle freine le sable et serve de poumon d’oxygène au Sahel. L’agence qui coordonnera l’opération va agir dans les domaines de la gestion des terres, de l’eau, des forêts, de la conservation des eaux et des sols, du pastoralisme et de l’agriculture durable. En réponse aux questions des élus, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Tiémoko Sangaré, a admis que la question du financement était difficile à résoudre car il ne s’agit pas d’un projet mais d’un processus comportant plusieurs projets. Le péril est cependant bien réel, a-t-il souligné en notant que notre pays est entré dans la phase de démarrage avec cette ratification.

Les députés ont si bien marqué leur adhésion au projet que le texte a été adopté à l’unanimité des 116 votants. C’est aussi à l’unanimité, mais de 113 votants, qu’ils ont approuvé le projet de loi portant ratification d’une ordonnance de septembre portant création de l’Agence nationale de communication pour le développement (ANCD). L’agence ainsi créée va remplacer le Centre de production audio visuelle (CESPA) pour mieux prendre en compte les missions de service public. Nous reviendrons sur la suite des travaux de la plénière dans notre prochaine livraison.

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