Licenciés par l’ambassade du Nigeria : Des agents attendent leurs indemnités depuis plus d’un an

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    Abusivement licenciés par l’ambassade du Nigeria à Bamako, des chefs de famille attendent leurs indemnités depuis plus d’un an. Les rares fois où on accepte de les recevoir, c’est juste pour leur dire de patienter parce qu’Abuja n’a toujours pas réagi. Si sur les 13 personnes licenciées, certains (chauffeurs, interprètes…) ont été rappelés pour leur proposer un contrat d’un an, les autres sont condamnés à la précarité sociale.
    Liés à la représentation diplomatique nigériane au Mali par un contrat à durée indéterminée (CDI), ils sont une dizaine d’agents du personnel d’appui à avoir été abusivement licenciés sans aucune motivation sérieuse. Et jusqu’à ce jour, aucun d’entre eux n’a bénéficié d’une quelconque indemnité.

    Approché à l’époque par nos confrères de Le Reporter, l’ambassadeur (entre temps rappelé aussi) avait donné sa version des faits. Pour lui, ce sont des éléments qui ne lui rendaient plus la tâche facile, car “plus proches de ses rivaux au sein de sa représentation.

    Toujours est-il que ces chefs de familles licenciés n’ont pas toujours été mis dans leurs droits. Ainsi, le 5 janvier 2017, ils ont voulu rencontrer le chargé d’affaires qui les fuit comme la peste. Finalement, à leur insistance, le comptable et le chef de personnel les ont reçus pour leur dire qu’ils n’ont toujours rien reçu d’Abuja par rapport à leurs indemnités de licenciement.

    “Pour nous convaincre de la crise de trésorerie à leur niveau, ils nous ont fait savoir que ce sont les principaux responsables qui se sont cotisés pour payer le personnel subalterne”, explique Kassoum Dramé, ex-chauffeur de l’ambassadeur et porte-parole des agents licenciés. Qu’ils se cotisent alors aussi pour offrir aux licenciés des avances sur leurs indemnités !

    “Le chargé d’affaires nous avait promis de payer progressivement nos indemnités en fonction du budget mis à la disposition de la représentation diplomatique. Mais, il s’est rétracté en se défendant de n’avoir jamais tenu une telle promesse”, rappelle un autre agence licencié.

    “Ils nous ont aussi conseillé de prendre attache avec notre ministère des Affaires étrangères pour saisir son homologue nigérian par rapport à notre situation. Et cela d’autant plus que beaucoup de choses ont changé au Nigeria ces dernières années. Selon nos interlocuteurs, les représentations diplomatiques nigérianes souffriraient d’une restriction budgétaires”, se rappelle-t-il.

    “Nous leur avons dit que nous avons travaillé pour leur ambassade pendant au moins 17 ans. Et d’habitude les droits des retraités et des compressés sont toujours payés directement ici. Jamais, il n’a été question d’attendre que l’argent vienne du Nigeria”, déplore M. Dramé.

    Et naturellement que, “nous n’en pouvons plus des va-et-vient depuis plus d’un an”, s’offusque ce père de famille contraint de se débrouiller pour nourrir une famille nombreuse.

    Les agents compressés ont récemment voulu avoir l’état de paiement de leurs indemnités envoyé au Nigeria pour que chacun sache ce qui lui reviendra quand l’ambassade décidera à les payer.

    “Le comptable nous avait promis de nous remettre ce document en début février dernier. Mais, il a ensuite refusé de s’exécuter parce que le chargé d’affaires lui aurait interdit de nous remettre ce document qui pouvait les compromettre un jour. Ce dernier m’a appelé pour me les montrer, mais n’a pas voulu me les remettre”, souligne Kassoum Dramé.

    Il a ensuite été délégué par les autres travailleurs pour se rendre au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale où il a rencontré le responsable du service juridique, M. Diallo.

    “Ce dernier nous a dit avoir convoqué deux fois le chargé d’affaires. Et chaque fois, ce dernier lui tient le même langage, c’est-à-dire qu’ils ont envoyé nos dossiers au Nigeria et qu’ils attendent la réaction de leurs supérieurs hiérarchiques. Nous l’avons informé du refus de nous communiquer l’état de nos indemnités. Et M. Diallo nous avait promis de s’investir pour que nous puissions avoir ce document”, rend compte M. Dramé.

    Au mois de mars dernier, il a été revoir M. Diallo avec deux délégués des chauffeurs des Affaires étrangères pour qu’il les aide à entrer dans leurs droits. C’est ainsi qu’il les a informé que notre ambassade à Abuja (Nigeria) a été saisie de cette affaire pour saisir qui de droit afin de mettre fin à cette injustice. Il leur demande donc de leur faire confiance et de prendre leur mal en patience.

    Une attente pénible pour des chefs de familles, privés de revenus depuis plus d’un an. “Nous avons écrit au ministre malien des Affaires étrangères. Et cela il y a plus de six mois et nous n’avons aucune réponse de lui”, déplorent les agents licenciés.

    Et de conclure, “nous demandons à nos plus hautes autorités de réellement s’impliquer dans ce dossier pour que nous puissions entrer dans nos droits. Nous comptons beaucoup sur elles d’autant plus que si c’était notre ambassade à Abuja qui avait licencié des Nigérians de cette manière, notre pays allait subir toute sorte de pression politique et diplomatique pour les mettre dans leurs droits. Et nous sommes convaincus que cela n’allait pas prendre autant de temps”.

    Il nous revient que ces agents de l’ambassade du Nigeria au Mali et le personnel d’appui de l’ambassade de la Libye sont dans cette précarité depuis de longs et pénibles mois. Si l’on peut comprendre la situation de ceux qui travaillaient pour la Libye à cause du chaos dans lequel leur pays est plongé depuis des années, celle du Nigéria est inacceptable pour un pays qui veut rivaliser avec l’Afrique du Sud comme première puissance économique d’Afrique. Il est vrai que la flexibilité du Naira, pour réduire la spéculation et la thésaurisation de dollars, a affecté ce géant économique d’Afrique de l’Ouest.

    Tout comme la chute des cours mondiaux du pétrole, qui compte pour environ 70 % des revenus et 90 % des réserves de devises étrangères du Nigeria, a plongé ce pays dans une crise économique et financière majeure. Mais, de là à être incapable de payer les indemnités de licenciement d’une dizaine d’agents du personnel d’appui, il y a un pas que les Nigérians ont franchi vers la mauvaise foi.

    Hamady Tamba

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