Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique : Près de 400 participants venus d’Afrique, d’Europe et d’Asie

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Le Mali qui vit une période cruciale de son histoire contemporaine sur le plan socio sécuritaire, était représenté au sommet de l’Etat par le Premier ministre Modibo Kéita au nom chef de l’Etat, son excellence Ibrahim Boubacar Kéita.

Le Centre international de conférence Abdou Diouf de Dakar a abrité le sommet sur la paix et la sécurité en Afrique dont le thème retenu cette année est :’’L’Afrique face à ses défis sécuritaires : regards croisés pour des solutions efficientes’’.

Ce sommet est plus que jamais malien qu’africain au regard de la crise sécuritaire qui a mis en branle la cohésion sociale à tous les niveaux.

Aussi, pour le Mali dont le tissu sécuritaire était presqu’en lambeaux, il y a 4 ans, ce sommet est d’une extrême importance.

Le premier ministre Modibo Kéïta qui avait été accueilli par le ministre sénégalais des Forces armées et des Anciens combattants, Augustin Tine, n’a pas caché sa satisfaction face à la tenue de ce sommet d’une part mais aussi sa volonté à joindre une synergie d’actions afin de rendre plus forte et plus efficaces les mesures répressives de lutte contre le terrorisme.

L’hôte du sommet, le Président sénégalais, Macky Sall, à l’ouverture des travaux, constate que les armées africaines sont sous-équipées face aux jihadistes.

«Les Armées africaines ont urgemment besoin de formation, d’entraînement et d’équipement pour tenir tête aux jihadistes qui les défient du Sahel à la Somalie, ont averti responsables politiques et militaires au Forum sur la sécurité de Dakar», a-t-il laissé entendre.

Cri de cœur

Le président sénégalais a adressé aux acteurs de la coopération bi ou multilatérale un cri de cœur. Une manière de les sommer à lever toute forme d’embargo sur l’achat des armes pour les Etats africains afin de mieux faire face aux avancées jihadistes mais il invite à les rendre plus performantes.

«La vérité, c’est que dans la plupart de nos pays, nos armées ne sont pas au point », a lancé le président sénégalais Macky Sall à l’ouverture de la troisième édition du Forum, qui s’est achevé mardi.

En face, «les terroristes ne sont pas des enfants de chœur », a insisté l’hôte du sommet. Ils sont bien organisés. Ils disposent de moyens, de modes d’action des plus rudimentaires aux plus sophistiqués pour exécuter leurs sales besognes ».

Le monde vit une période où l’insécurité sévit à des proportions très importantes. Il urge de trouver une alternative aux maux que nous vivons. La défense, parent pauvre des budgets africains, a payé le prix fort, selon lui, lors des ajustements imposés à des économies en faillite ou surendettées.

Le défi sécuritaire est bien réel au monde et particulièrement en Afrique au regard de l’ensemble des épreuves auxquelles elle est confrontée. Le besoin est aujourd’hui d’autant plus criard que la menace jihadiste a fortement augmenté, notamment en Afrique de l’Ouest, frappée par plusieurs attentats d’envergure à Bamako, Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) ou Ouagadougou et où soldats et gendarmes sont régulièrement la cible d’attaques meurtrières.

Pendant le sommet, l’accent a été particulièrement mis sur le renforcement des capacités des forces armées et de sécurité des pays africains.

Les armées africaines sont aussi engagées dans de nombreuses opérations de maintien de la paix sur le continent, parfois périlleuses. Au Mali, la Minusma est ainsi devenue l’opération de l’Onu la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec plus de 70 Casques bleus tués en trois ans.

«Les structures de commandement doivent être animées par des personnes bien formées et expérimentées, capables de mener des planifications réalistes, d’organiser une formation et un entraînement adaptés aux besoins et d’effectuer la mise à jour permanente des connaissances », a souhaité le ministre burkinabé de la défense.

Les armées ont besoin de véhicules légers, d’hélicoptères, d’avions, de centres d’entraînement adaptés ainsi que de forces spéciales, dans des casernes mieux protégées, a-t-il énuméré.

Les forces armées et de sécurité africaines et surtout maliennes sont confrontées à un défi matériel et géographique. A propos, Fréderic Encel, chercheur à Sciences-po disait :

« Au Mali, les groupes terroristes profitent du cadre désertique et montagneux. Face à ces groupes qui s’adaptent aux armées, aux géographies et aux populations, il faut multiplier les forces couteaux suisses ».

Et Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix de l’Onu d’ajouter :

« Les nouvelles technologies sont moins coûteuses qu’il n’y paraît. Les drones sont moins chers qu’un avion de patrouille. On ne gère plus la sécurité en étant sourd et aveugle. Il faut avoir tous les capteurs possibles », a-t-il joint.

Les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger) bénéficient des drones et avions de reconnaissance de la force française Barkhane (4.000 hommes).

La France plaide par ailleurs pour une plus forte implication de l’Union européenne dans le financement d’équipements non létaux (véhicules, gilets pare-balles, jumelles de vision nocturne…) à destination des armées africaines.

Le ministre de la Défense française, Jean Yves le Drian a appelé aujourd’hui les pays participants au Forum de Dakar sur la paix et la sécurité à tout faire pour la mise en œuvre des recommandations de Dakar.

«Nous devons faire de sorte que  les recommandations de Dakar soient suivies d’effets», a déclaré le ministre français.

 

Face à la presse, Jean Yves Le Drian a reconnu que la sécurité de l’Afrique dépend en grande partie de celle de l’Europe.

« Nous devons faire davantage d’efforts dans la lutte contre le terrorisme, et c’est dans cet objectif que la France a participé à la formation de près de 20 000 militaires africains », a-t-il fait savoir.

Tous les participants ont convenu que la lutte contre le terrorisme ne puisse être gagnée sans la synergie d’actions et d’efforts, surtout dans le renseignement.

Il est admis que désormais tous les pays doivent se donner la main afin de mettre frein aux attaques résiduelles.

Somme toute, il revient aux Etats africains contaminés par la crise et mêmes ceux menacés à conjuguer et jumeler les efforts afin de palier toute éventualité qui puisse mettre en branle la quiétude des populations.

Sinaly M DAOU

 

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