Le président de l’UNPR Modibo Sangaré fustige la Vie chère, la corruption et la révision constitutionnelle : Une série de marches de protestation à compter de demain

18 Août 2011 - 00:00
18 Août 2011 - 00:00
 0

«Nous allons marcher, marcher et marcher encore pour protester contre l’inaction des nos autorités et des hommes politiques face aux maux qui nous assaillent et qui ont pour nom la paupérisation avancée des populations avec une flambée  des prix des denrées de première nécessité avec pour conséquence l’érosion du pouvoir d’achat du consommateur, la corruption endémique et institutionnalisée dans le pays et, le clou, l’inopportune révision constitutionnelle dont le référendum devrait coûter des milliards dans un contexte où le peuple souffre». Ainsi se résument les propos tenus face aux hommes des médias, hier, mercredi 17 août, à la Maison de la presse par le président de l’Union pour la Renaissance nationale (UNPR) Modibo Sangaré, qui annonce l’organisation d’une série de marches de protestation. La première commence demain vendredi 19 août et se poursuivra les prochains vendredis après la prière.

Lors de cette conférence de presse, le président de l’UNPR, Modibo Sangaré, était entouré de plusieurs responsables de son parti qui est membre de l’opposition.

    Dans son exposé, le leader du parti que certains observateurs considèrent comme étant le plus proche des associations musulmanes, a touché du doigt trois problèmes fondamentaux auxquels le peuple malien fait face.

      Il s’agit de la cherté de la vie, la corruption endémique encouragée par l’impunité et le projet de révision constitutionnelle. Abordant le premier point, le conférencier a déclaré que «c’est un secret de polichinelle que de dire qu’au Mali aujourd’hui, tout est cher et les autorités ne font rien pour résoudre le problème. L’érosion du pouvoir d’achat fait qu’aujourd’hui, les familles se délitent; plusieurs familles se disloquent, les mariages deviennent éphémères. La très grande pauvreté ne rime pas avec la moralité. La très grande pauvreté fait frontière avec la crédulité. Nous sommes sidérés face à l’incurie des pouvoirs publics. Nous avions pensé que la cherté de la vie était due à la crise en Côte d’Ivoire. Mais, ça fait un moment que la situation s’est normalisée dans ce pays et les prix continuent de flamber chez nous. Le seuil de l’inaction est définitivement franchi...», s’est insurgé Modibo Sangaré.

   Pour le président de l’UNPR, la classe politique est trop laxiste. Les responsables de son parti ont patienté pensant que les formations politiques qui ont plus de moyens, qui se disent grands partis, la société civile vont agir. Rien n’y fit.

    Il a pointé un doigt accusateur vers le Gouvernement qui accorde des exonérations dont personne ne sent l’incidence positive sur les prix. «Une poignée d’opérateurs économiques bénéficient d’exonérations et ne font rien pour faire baisser les prix. Nul n’ignore que dans tous les pays, la paupérisation est une des causes des crises sociales. Aujourd’hui, les prix du riz, du sucre, du lait, de l’huile, du savon, de la viande ont sérieusement grimpé. Et pourquoi limite-t-on l’importation du sucre à seulement une poignée d’opérateurs économiques? Le kilogramme de viande a augmenté de près de 400F CFA dans un Mali, pays d’élevage par excellence. De même, le prix du lait a augmenté de près de 600 F CFA. Le Mali ne produit plus rien; le pays se désindustrialise, le SMIG fond, l’initiative riz s’est terminée en queue de poisson à cause de la cupidité de certains cadres de l’Etat», a-t-il fulminé.

     A propos de la corruption, Modibo Sangaré dira qu’elle est institutionnalisée dans le pays. Et de citer des exemples de fonctionnaires qui exposent fièrement des richesses à la limite de la provocation du peuple de plus en plus appauvri. «Des agents de l’Etat, qui ne cessent de construire des immeubles de haut standing, des partis dont les cadres occupent des postes administratifs, proclamant ouvertement que leur budget de campagne s’élève à 7 milliards F CFA alors que ce sont ces cadres qui contribuent à ce financement. Des agents qui pompent dans les caisses de l’Etat... Un ministre de la République qui a 40 camions bennes, des voleurs et des pilleurs de l’Etat! On dirait qu’il n’y a plus d’Etat. L’impunité étant garantie...», s’est -il insurgé.

    Le troisième point du mécontentement des responsables et militants de l’UNPR est relatif au projet de révision constitutionnelle en chantier. Pour le président de l’UNPR, «ces réformes risquent de provoquer une crise politique majeure parce qu’elles sont inopportunes et leur contenu n’est pas conforme aux aspirations du Mali d’après la révolution de mars 1991. Et le conférencier d’indexer ce qu’il appelle un Parlement sans pouvoir, l’inutilité d’une seconde chambre (Sénat), un Premier ministre qui jouerait le rôle d’un papier-mouchoir, un projet renfermant les germes d’une tristement célèbre ivoirité avec la question du ‘‘Malien d’origine’’».

     Le président de l’UNPR n’a pas manqué de dénoncer le coût exorbitant qu’entraînerait l’organisation d’un référendum dans le contexte actuel de paupérisation avancée des populations. Il s’est dit avoir été surpris par l’adoption du texte à l’Assemblée nationale, comme lettre à la poste, par les représentants du peuple, alors que leurs intérêts, les attributions du pouvoir législatif n’y étaient pas pris en compte.

     Pour toutes ces raisons, le parti de Modibo Sangaré organise des marches de protestations pour, indique son leader, contraindre le Gouvernement à revoir les choses: oeuvrer à diminuer les prix des denrées, lutter efficacement contre l’impunité, agir pour freiner la corruption endémique dans le pays et faire marche arrière par rapport à la révision constitutionnelle.

       La première marche se tiendra, a-t-il expliqué, demain vendredi à partir de quatorze heures. Elle débutera à partir d’un  rassemblement, juste après la prière, devant la Bourse du Travail pour emprunter le Boulevard de l’Indépendance et se terminer au niveau du Monument de la paix. Elle sera rééditée, assure le conférencier, les vendredis 26 août et 2 septembre prochains et jours suivants si nécessaire. 

Bruno D SEGBEDJI

 

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0