Élections générales de 2012 au Mali : Des leaders de petits partis en campagne pour des strapontins
Qu'est ce qui fait courir des «petits» partis politiques comme l'Avenir pour le Développement du Mali (ADM) de Madani Tall, le Rassemblement Populaire pour le Développement du Mali (RpDM)) de Cheik Modibo Diarra, la Convergence Africaine pour le Renouveau (CARE) de Cheick Boucadry Traoré, la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-Faso Hèrè) de Soumana Sako ou la Convention Parti du Peuple (COPP) de Me Mamadou Gakou ? Voilà la question qui taraude l’esprit de nombreux observateurs de la vie politique nationale. Car, ces partis n'ont aucune chance de constituer une foudre de guerre électorale. Mieux, le moment choisi pour se manifester auprès des citoyens laisse croire qu'ils ne construiront rien de solide comme parti, sinon, ils allaient se lever tôt, avant même l'année électorale comme l'a fait ATT. Bref, ils roulent pour eux-mêmes et non pour le parti, encore moins pour l'Etat.
A quelques encablures des élections générales de 2012, ces partis, dont certains ont été même créés pour la circonstance, occupent présentement le devant de la scène politique à travers de multiples sorties sur le terrain à l'intérieur du pays. En plus, ils mènent une campagne médiatique offensive, souvent en direction même des médias internationaux. Dans ce lot des partis lilliputiens, nous avons certains responsables qui sont connus, très connus du public malien, voire à l'étranger. Il s'agit de Soumana Sacko de la CNAS, il fut ancien ministre de l'Economie et des Finances sous Moussa Traoré, puis Premier ministre sous la Transition démocratique, de Cheick Modibo Diarra du RpDM, il a travaillé à la NASA et de Me Mamadou Gakou de la COPP, il est et demeure un célèbre avocat du barreau malien dont la réputation a traversé les frontières.
S'agissant de Soumana Sacko, il s'est rendu célèbre surtout dans la fameuse affaire dite de la Sabena, du nom d'une compagnie aérienne belge qui n'existe plus de nos jours. Cette compagnie était censée habituée aux trafics illégaux de l'or malien vers d'autres cieux. Informé de cette pratique frauduleuse, Soumana Sacko a voulu prendre la compagnie, la main dans le sac. Pour cela, il a ordonné que l'avion reste cloué au sol pour des vérifications utiles.
Mal lui a pris, car les trafiquants, une fois informés de l'intention du ministre de l'Economie et des Finances, avaient opté de ne pas effectuer de sortie d'or le jour du contrôle. Résultat : l'avion en question ne contenait pas une once d'or et ce fut une honte pour Soumana Sacko que beaucoup considérait comme "le Monsieur aux mains propres" du gouvernement du général Moussa Traoré. Malgré le fiasco de l'opération, Zou, comme on l'appelle familièrement , a continué à avoir l'estime et la considération des Maliens qui voyaient toujours en lui comme un honnête cadre, compétent et rigoureux qui a été trompé dans cette affaire. Après ce temps de gloire, Soumana Sacko est tombé dans l'oubliette. On n'a jamais entendu parler de lui jusqu'à un moment récent où il s'est lancé dans la politique, à travers des mouvements avant de créer un parti politique, la Convention Nationale Pour une Afrique Solidaire (CNAS-Faso Hèrè)
Pour ce qui est de Cheick Modibo Diarra, sa seule réputation repose sur le fait qu'il a travaillé pour le compte de la prestigieuse Institution américaine scientifique : la NASA qui est, par ailleurs, peu connue des électeurs maliens. Quant à Me Mamadou Gakou de la COPP, il se distingue nettement de ces responsables de ces «petits» partis politiques. Il a une réputation pour avoir déjà eu une certaine expérience en matière d'élection. En effet, Me Gakou a été candidat à la présidentielle de 2002 et son parti a siégé à l'Assemblée nationale, lui-même ayant occupé le poste de 4ème vice-président de cette institution. En plus de son expérience politique, Me Gakou est et demeure un célèbre avocat. Surnommé "le Vergès malien" du nom de cet autre avocat français de notoriété mondiale, Me Gakou est un des ténors du barreau malien considéré comme le meilleur en matière de procédure pénale. Il conjugue actuellement son expérience politique et sa notoriété dans le domaine de la justice afin de se faire une place dans le firmament des partis politiques qui comptent au Mali.
A côté de ces trois responsables de petits partis politiques qui occupent actuellement le devant de la scène, nous avons deux autres responsables sortis de nulle part qui font irruption dans la vie publique. Il s'agit de Cheick Boukadari Traoré de la CARE (Convergence Africaine pour le Renouveau) et de Madani Tall de l'ADM (Avenir pour le Développement du Mali). La venue du premier sur la scène politique apparait comme une revanche sur l'histoire. Fils de l'ancien président de la République, le général Moussa Traoré, Cheick Boukadari, malgré le pouvoir de son père n'a jamais goûté aux vrais délices du pouvoir contrairement aux autres fils des dirigeants africains.
A cause des raisons familiales, il est resté à la touche, marginalisé et loin des affaires qui se trouvaient concentrées, en son temps, entre les mains de sa marâtre, l'ex-impératrice dame de fer, Mariam Traoré. Vingt ans après la chute du régime dictatorial de son père, Cheick Boucadry Traoré sort de l'ornière et se lance dans la politique, contre, dit-on, la volonté de son son pater d’ex président qui aurait pris faits et causes pour son beau-fils, Cheick Modibo Diarra.
S'agissant de Madani Tall, il sort d’on ne sait où pour revendiquer l'héritage de la grande famille Tall qui a une certaine notoriété dans le domaine de l'islam au Mali et ailleurs. Chacun des responsables de ces petites formations politiques sont actuellement en campagne pour des strapontins. Telle est l'ambition inavouée qu'ils espèrent pour eux-mêmes, non pas pour le parti, encore moins pour servir l'Etat à l'exception de Me Gakou qui a l'habitude de décliner des offres concernant des postes juteux au profit de ses militants.
Pour la petite histoire, c'est ainsi que l'actuel député, Mme Ascofaré Oulématou Tamboura, a été ministre de Communication en 1997 dans le gouvernement d'Ibrahim Boubacar Kéïta sous Alpha Oumar Konaré. Sinon, comment comprendre qu'ils attendent la période électorale pour soudainement manifester un intérêt particulier à la chose politique.
Ce n'est pas ainsi qu'a procédé l'actuel président de la République, Amadou Toumani Touré, pour conquérir le pouvoir. Il s'est levé tôt, très tôt d'ailleurs pour aller pratiquer son peuple et souvent sans tambour ni trompette. Ce qui n'est pas le cas de nos désormais responsables politiques cités dans cet article.
Alassane DIARRA
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