[caption id="attachment_223552" align="alignleft" width="300"]

Moussa Mara Premier ministre[/caption]
Quelques mois après son élection à la magistrature suprême, le président de la République, Ibrahim Boucara Keïta, lors d’une sortie médiatique, a tenu des propos dont la teneur n’avait pas été, en son temps, bien comprise des cadres de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM).
Ce jour, en effet, IBK, fraîchement élu président de la République, a lancé à la face des cadres de son parti que «s’il a été élu ce n’est pas le fait seulement du RPM »
Ces propos (cette déclaration) ne sont pas passés inaperçus au sein des milieux politiques de la capitale. Mais, on n’était loin d’imaginer IBK capable d’enfoncer le clou beaucoup plus en profondeur. C’est pourtant ce qu’il vient de faire à travers son décret du 5 avril nommant le Premier ministre Moussa Mara, pour succéder à Oumar Tatam Ly qui venait de jeter l’éponge.
Avec le départ de M Ly (qui a largement expliqué dans sa lettre de démission les raisons de sa décision), le président IBK avait du coup l’occasion de remettre les pendules à l’heure avec son parti, qui depuis quelques mois déjà, a cessé de soutenir le premier ministre démissionnaire mettant en avant le fait qu’il n’est pas issu des rangs du parti présidentiel.
On disait même que le fils du chef de l’Etat, l’honorable Karim Keïta, a été approché par certains cadres du parti pour mettre la pression sur le Premier ministre et le contraindre à démissionner.
On savait aussi qu’au sein du parti tout le combat de certains, c’était d’imposer un remaniement gouvernemental au président de la république, dans le seul dessein de lui imposer un Premier ministre issu du Rpm. Mais, de toute évidence, les cadres qui sont derrière un tel jeu, ont oublié ce que tout le Mali sait du tisserand en chef : on ne le trimbale pas et on ne lui met pas la pression.
Mara ou le niet de IBK aux cadres du RPM
En jetant son dévolu sur l’ancien ministre de l’urbanisme et de la politique de la ville, Moussa Mara, IBK, de toute évidence a voulu envoyé un message fort aux cadres de son parti, et surtout de donner une suite à toute cette polémique stérile créée des jours durant par Téréta et autres.
Après la démission surprise de Oumar Tatam Ly, IBK qui ne doute pas qu’on va encore lui rabâcher les oreilles avec la même histoire du fait majoritaire et/ou de Premier ministre issu du RPM, a donc décidé de mettre la Direction du parti, devant le fait accompli. Quand on sait la rapidité avec laquelle il a pris sa décision de remplacer OTL par Moussa Mara. Il n’a pas eu la même spontanéité quand il a fait appel au service du banquier.
Les Maliens pour leur part sont partagés entre la qualité du CV du nouveau Premier ministre et la situation de confusion que sa nomination risque de créer dans le pays. Au sein de l’opinion, en effet, beaucoup se disent inquiet des conséquences de cette décision (présidentielle) à la fois controversée et hautement dangereuse pour l’appareil de l’Etat encore fragile, après tout ce que le pays vient de traverser comme traumatisme ces deux dernières années. Mieux, il fait craindre que la même cause produise le même effet.
En effet, si la Direction du RPM a combattu OTL parce qu’il n’était pas issu de ses rangs, comment va-t-elle se comporter envers le nouveau Premier ministre, chef d’une autre formation politique, le parti Yéléma (le changement) ?
Aussi, ils sont aujourd’hui nombreux à croire que le nouveau locataire de la primature doit se préparer à recevoir dans un délai très court des flèches émanant des cadres du parti présidentiel. Qui pourraient prendre cette décision du camarade IBK comme un affront (un mépris ?) pour un certain nombre de raisons. D’abord pour avoir préféré le président d’un autre parti, sans une réelle assise politique. Le parti Yéléma dont Mara est le président est resté un parti sans une grande expression sur l’échiquier politique malien. Le scrutin présidentiel où son candidat (Mara lui-même, est arrivé au peloton de la queue) et lors des législatives où ce parti n’a obtenu qu’un seul député à l’Assemblée nationale grâce à une alliance avec l’URD, prouve à suffisance que Yéléma est resté un parti communal. Même si entre les deux tours de la présidentielle, Mara a mouillé le maillot pour que certains candidats malheureux comme lui fassent un report de leurs voix au profit du candidat du RPM, cela de l’avis de plusieurs hommes et observateurs politiques, ne fait pas de lui (à priori) la meilleure personne pour succéder à Oumar Tatam Ly.
Face à cette situation, certaines questions sont posées : Quelle va être la marge de manœuvre dont disposera le nouveau chef du gouvernement ? Sa déclaration de politique générale pourra t-elle passée à l’Assemblée dans ces condition ?
Mais une des questions qui revient le plus dans les débats est celle-ci : dans quel temps les cadres du parti majoritaire vont-ils lui ouvrir les hostilités. Surtout quand on sait la froideur avec laquelle la Direction politique du parti présidentiel a accueilli la nomination du nouveau Premier ministre. Dans les heures qui ont suivi la lecture du décret présidentiel, la Direction du RPM a convoqué une réunion extraordinaire autour de cette question. A l’issue de cette rencontre, l’instance dirigeante du RPM n’a adressé aucun message de félicitation au nouveau chef du gouvernement. Cependant elle a publié un communiqué dans laquelle elle déclare avoir pris acte de cette nomination.
Ce qui, en politique veut dire ce que ça veut dire…
Papa Sow /Maliweb.net