Conditions des talibés mendiants au Mali: L’interminable crime 

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Les conditions des talibés mendiants au Mali sont déplorables En effet,  il s’agit des enfants qui sont en errance ou ayant vécu dans un environnement familial très pauvre. Ils sont jeunes et arpentent les routes et ruelles de Bamako. Ils sont obligés de mendier pour manger à leur faim et sont souvent sans domicile fixe. C’est un phénomène auquel l’Etat malien doit faire face, mais on constate aujourd’hui son désengagement total. Cela est incompréhensible !
 

La mendicité est un phénomène qui touche les enfants d’origines diverses, notamment les talibés ou «garibou» en langue bambara, exploités sous le couvert de la tradition et de l’éducation religieuse.

Sidy Traoré est âgé de 5 à 6 ans. Il porte une chemise et une culotte usées. Il tient une boîte de tomate vide. Il est maigre avec une grosse tête et un ventre ballonné. Bref, il a tous les symptômes de la malnutrition. On le rencontre devant les banques, les boulangeries, les restaurants, les feux de signalisation. C’est un élève coranique appelé talibé. Il vit de mendicité. Comme lui, il y en a des centaines  et des centaines à Bamako, à Kayes, à Ségou, à Mopti … Les ONG qui s’occupent de l’enfance les classent dans le registre des «enfants de la rue».

Avant l’introduction de l’école conventionnelle ou  moderne dans notre pays, tous les enfants allaient à l’école coranique et y étudiaient à des heures ponctuelles dans les localités où résident leurs parents. Les enfants de certaines ethnies  mendiaient mais, seulement aux heures de repas. C’était, dit-on, un moyen pour leur inculquer les valeurs de modestie et d’humilité. Cette condition ainsi décrite, contraste radicalement avec le sort réservé aux talibés actuellement dans les grands centres urbains, notamment à Bamako.

Les études réalisées par les ONG  renseignent sur les origines ethniques, sociales et les conditions de vie de ces enfants. Le phénomène est le résultat d’une veille tradition de la société africaine en générale et, en particulier, celle de l’Afrique de l’ouest notamment, du Sénégal, du Niger, de la Mauritanie et du Mali. L’enfant était placé par les parents chez un maître coranique qui est chargé de lui transmettre la connaissance du coran et les valeurs religieuse. Depuis certain temps, ces enfants sont chargés d’assurer d’autres activités dont essentiellement la mendicité.

Il ressort de notre enquête  que plus de 60% des  enfants sont de la quatrième et de la cinquième région et du District de Bamako.

On est ainsi loin du talibé qui, après les séances d’apprentissage du coran, regagnait paisiblement ses parents. Compte tenu de la distance et la mobilité des marabouts, il est quasiment sûr que ces talibés dont l’âge varie entre  5 à  15 ans, crasseux, affamés et munis d’une boîte  de tomate, courent les rues des agglomérations urbaines de notre pays.

Etre séparé de ses parents à cet âge est le pire des torts fait à ces enfants. Disons même que c’est un crime. C’est une rupture affective qui les marque pour le restant de leurs jours. Et quand on sait que pour la personnalité future tout se joue à cet âge, on a une idée de ce qui adviendra de ces petits talibés.
La rue n’est pas un lieu propice pour un enfant. En effet, beaucoup d’enfants vivent dans la rue, suite au mauvais traitement des maîtres coraniques. Ils optent pour la rue qu’ils considèrent comme un lieu de vie, au point d’y passer la journée tout comme la nuit. Il faut le dire, dans la rue, l’enfant ne parvient pas toujours à résister à la faim, à la pluie et la police puisque son quotidien est mêlé de tous les trafics possibles. Ils vivent entièrement livrés à eux-mêmes dans des conditions d’extrême précarité et exposés à toute sortes d’abus qui causent de nombreuses conséquences tant sur l’enfant que sur la société.

Pendant ce temps, le Gouvernement ne fait rien pour sortir ces enfants de la rue de leurs pétrins. La promotion de l’enfance au Mali tant prônées par nos plus hautes autorités, n’est en fait que de la poudre aux yeux. Il est temps que la donne change.
Nouhoum DICKO

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