Exploitation minière: les autorités modifient les règles du jeu
Notre pays a entamé une nouvelle dynamique, depuis plus d’une année, où chaque gramme de minerai extrait devra désormais servir un objectif supérieur : la souveraineté économique et la justice sociale.

Dans cette révolution minière en cours, les autorités de la transition envisagent la création d’une véritable industrie extractive nationale, capable de porter la croissance du pays sur des bases endogènes et durables. Mais aussi de veiller à la déperdition des richesses naturelles du pays qui fait le bonheur de quelques personnes au détriment de l’écrasante majorité de la population.
Ce n’est pas un gisement, c’est un tournant. En inaugurant officiellement, en 2024, la mine de lithium de Goulamina — la première du genre sur le continent africain — les autorités maliennes ont actionné un levier stratégique majeur. À l’heure où la transition énergétique mondiale propulse le lithium au rang d’« or blanc du XXIe siècle », le Mali, fort de ses 52 millions de tonnes de réserves prouvées, s’impose désormais comme un acteur incontournable de l’échiquier géo-économique mondial.
Plus qu’un projet extractif, Goulamina symbolise une nouvelle ère : celle où le sous-sol malien ne sera plus bradé, mais valorisé selon les intérêts vitaux de la nation. Le contrat signé avec le groupe chinois Ganfeng Lithium, couplé à la participation stratégique de l’État malien (20 %), reflète cette volonté de reprendre la main sur la destinée minière du pays.
À terme, Goulamina ambitionne de produire jusqu’à 831 000 tonnes de spodumène par an, générant des recettes fiscales et douanières inédites et créant plus de 1 000 emplois directs et 2 000 indirects. Plus encore, le projet prévoit la transformation locale du minerai à travers la création d’une unité de broyage et de traitement à Dioïla, posant ainsi les jalons d’une industrie nationale des batteries.
Dans un monde où les États se battent pour sécuriser leurs approvisionnements en métaux critiques, le Mali, par sa lucidité stratégique, entend monnayer son lithium non en position de faiblesse, mais en puissance assumée.
Si le lithium incarne l’avenir, l’or demeure l’épine dorsale actuelle de l’économie nationale. Première source d’exportation (environ 70 % des recettes), le métal jaune fait vivre des millions de Maliens. Mais son extraction artisanale, source de revenus pour nombre de communautés rurales, a longtemps été synonyme d’anarchie, de dégradation environnementale et d’insécurité.
Conscientes de ces défis, les autorités de Transition ont engagé une réforme en profondeur de l’orpaillage traditionnel. Loin de vouloir l’interdire, il s’agit de le formaliser, le sécuriser et l’écologiser.
Les autorités de la Transition ont mis fin à une époque : celle où le Mali exportait des matières premières brutes sans en tirer la moindre valeur ajoutée. Le nouveau Code minier, adopté fin 2023, repose sur un principe fondateur : l’exploitation des ressources doit servir le développement national, et non l’inverse.
Pour ce faire, le texte prévoit :
• Une obligation pour les sociétés minières de transformer une partie de leur production sur le territoire national ;
• La création de joint-ventures avec des partenaires maliens ;
• L’augmentation de la participation de l’État dans les projets miniers stratégiques (jusqu’à 35 %) ;
• La constitution d’un Fonds souverain minier pour financer les infrastructures locales.
L’objectif affiché est de créer un écosystème minier national, où la richesse ne se résume pas à des royalties évanescentes, mais irrigue l’ensemble des chaînes de valeur — de la prospection à la commercialisation.
Dans cette optique, le Gouvernement a lancé, avec l’appui de ses partenaires de l’AES et de la Chine, des projets pilotes dans le raffinage de l’or et la production de concentrés de lithium, manganèse et fer.
Ainsi, en réorientant la politique minière autour de la souveraineté économique, les autorités de Transition font des mines non plus un cadeau à l’étranger, mais un bien commun au service du développement endogène du Mali.
Par Tientigui
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