L’enseignement supérieur : Il y a mieux à faire que des tablettes-PC

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Les étudiants maliens (à titre illustratif)

Dans  sa politique de dernières minutes, le président malien, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta, tente de concrétiser une de ses promesses de campagne aux étudiants. Ceux-ci  peuvent désormais espérer sur 13.000 tablettes-PC dans 45 jours. Cette annonce fut faite par le chef de l’État lors du premier Conseil des ministres du tout nouveau gouvernement.

Cette promesse, bien qu’étant faite par un homme politique, n’était pas à l’heure où nous sommes une urgence. Il y a mieux à faire au sein de l’enseignement supérieur malien que la délivrance de tablettes-PC. L’enseignement supérieur dont fait mention cette offre reste la proie à d’interminables grèves des professeurs et des problèmes d’application du système LMD.

Une éducation paralysée par des grèves intempestives

L’enseignement supérieur reste la proie à d’interminables grèves des professeurs mettant le parcours des étudiants en  retard. Au lieu de passer une année dans une seule et même classe, les étudiants sont obligés de consommer deux années afin de valider les Unités d’ Enseignement de ladite classe.

Ce phénomène engendre ipso facto chez beaucoup d’étudiants le dégoût pour les études et par ricochet son abandon. Or, l’université ne doit pas être un lieu où nous devons baisser les armes.

Alors, au lieu des tablettes-PC, que l’État se montre responsable en trouvant une solution à cette crise dont souffrent les étudiants maliens qui voient leur avenir mit en retard, qui vieillissent sur les bancs de l’université indépendamment de leur volonté.

Le LMD qui fait ses cadavres

L’application du nouveau système de Licence-Master-Doctorat ( LMD) pose un énorme problème dans le cycle universitaire au Mali. Ce problème reste lié en grande partie à une mauvaise compréhension du système par les administrations universitaires qui disent être parachutées par le système sans aucune autre préparation en amont. Du coup, les étudiants ramassent les « pots cassés » avec des années qui s’imbriquent les unes dans les autres.

Outre cela, il convient de comprendre également que le bon fonctionnement de ce système nécessite la plus grande quiétude afin de pouvoir achever les modules sans lesquels les Unités d’Enseignement restent incomplètes. Or, nous venons de signaler les grèves intempestives des professeurs dont fait l’objet ce cycle d’enseignement. Celles-ci constituent un handicap pour le bon déroulement de ce système.

En plus de tous ceux-ci, il convient de mentionner l’absence d’équipement au sein de nos universités. En effet, le système LMD recommande à ce que les étudiants accomplissent la part belle du travail. Le professeur n’étant qu’un guide dont tout le rôle consiste à donner des directives de recherches aux étudiants, ceux-ci constituent dès lors le centre de tout l’enseignement. Mais au Mali, il y a une absence de bibliothèques adaptées  aux recherches universitaires. La connexion fait également défaut dans nos espaces universitaires mêmes s’elle existe, elle n’est pas fonctionnelle. Ces phénomènes engendrent ipso facto le mélange du système classique au système LMD.

Cependant, je ne pense pas que des tablettes-PC pourront permettre une résolution amiable de ces problèmes. À cet effet, il était primordiale et pour le bonheur des étudiants maliens de procéder à la formation des administrateurs universitaires du Mali afin d’harmoniser l’application du nouveau système partout au Mali et partant de mettre les étudiants maliens dans les mêmes conditions d’étude que ceux de la sous-région.

La plupart des étudiants possèdent déjà des ordinateurs ou des téléphones, alors, ils seront plus heureux avec des connexions hauts débits à leur disposition qu’avec des tablettes-PC ; ils seront plus reconnaissants avec des bibliothèques adaptées qu’avec des outils qu’ils possèdent déjà.

La politique de dernières minutes dont joue son Excellence M. Ibrahim Boubacar Keïta vise surtout à amadouer la conscience des Maliens après tant d’années de tourments, de souffrances. Cependant, il serait plus judicieux de la part des citoyens de savoir jouer le jeu.

FousseniTogola, Philosophe et bloggeur à Doniblog.

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