Mali : La Cour suprême ouvre un audit sur le financement public des partis politiques
Après l’officialisation de la dissolution des partis politiques et des associations à caractère politiques, la Section des comptes de la Cour Suprême décide d’auditer les fonds octroyés à ces partis. L’audit devrait s’étendre sur la période de 2000 à 2025.

Bien que dissous par décret présidentiel, les dirigeants des partis politiques au Mali devront justifier devant la justice chaque centime de l’Etat utilisé pendant les 25 dernières années. Hier soir, à la télévision nationale, la Section des Comptes de la Cour Suprême a annoncé l’ouverture d’un audit sur le financement public des partis politiques. Les dirigeants des partis dissous sont appelés à déposer, au plus tard le 30 juin 2025, l’ensemble des documents comptables couvrant la période de juillet 2000 à mai 2025 : états financiers, pièces justificatives des dépenses, journaux de banque et de caisse, relevés et rapprochements bancaires ainsi que le document relatif à la situation des ressources. Cette initiative s’inscrive-t-elle dans une cadre d’assainissement de la gestion des fonds publics attribués aux partis durant près de 25 ans, dans un contexte de refondation institutionnelle ?
Les dernières concertations des forces vives avaient vivement recommandé la dissolution des partis politiques et l’audit de tous les fonds publics octroyés à ces formations politiques depuis l’entrée en vigueur de la loi autorisant l’aide publique aux partis. Avant la dissolution de l’activité politique au Mali, une loi prévoyait une aide financière de l'État, représentant 0,25% des recettes fiscales, allouée aux partis politiques. Cette aide publique aux partis politiques était encadrée par la Charte des partis politiques consacrée dans la loi n°05-047 du 18 août 2005 et des décrets spécifiques. Elle était destinée à soutenir le fonctionnement des partis et leur participation à la vie politique, notamment lors des élections. La Charte des partis politiques du 18 août 2005, devenu caduc, définissait les règles relatives à la création, au fonctionnement et au financement des partis politiques. En termes de modalités d'attribution, l'aide était attribuée sur la base de critères spécifiques, tels que le nombre de conseillers communaux, le nombre de femmes élues, et la participation aux élections.
2,6 milliards FCFA d’aide publique en 2018
Pour y accéder, chaque parti devait justifier la régularité de leur fonctionnement et de la moralité de leurs comptes. Mais, depuis 2018, cette aide n’est plus versée aux partis politiques éligibles aux yeux de la loi qui consacrait son attribution. Deux milliards 675 millions de francs CFA, c’est le dernier montant qu’a été partagé en 2018 au titre de l’aide publique aux formations politiques. Sur les 200 partis politiques que compte le Mali cette année-là, 75 avaient postulé pour cette aide mais 64 ont été déclarés éligibles. Depuis l’octroi du montant colossal, la grogne a commencé au sein de l’opinion publique malienne, qui s’interroge sur la pertinence de cette aide. Dès lors, un ton exigeant le durcissement des conditions d’attribution de cette aide et de création a pris de l’ampleur.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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