Procès de l’avion présidentiel : Cette doléance de Bouaré Fily Sissoko acceptée par la Cour suprême

La Cour suprême a tranché : deux ex-membres du gouvernement devront comparaître le 19 juin prochain dans le cadre du procès sur l’achat controversé de l’avion présidentiel et d’équipements militaires.

16 Juin 2025 - 11:42
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Procès de l’avion présidentiel : Cette doléance de Bouaré Fily Sissoko acceptée par la Cour suprême

A la barre, ils devront éclairer des zones d’ombre que l’accusée, Bouaré Fily Sissoko, refuse d’assumer seule. Une étape cruciale qui pourrait redistribuer les responsabilités.

L’affaire continue de faire couler beaucoup d’encre. Devant la Cour suprême, Bouaré Fily Sissoko, mise en cause dans le dossier sensible de l’acquisition de l’avion présidentiel et de matériels militaires sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, a fait une demande.  L’ancienne ministre a demandé, une fois encore, l’audition de deux anciens membres du gouvernement qu’elle juge indispensables à la manifestation de la vérité. Il s’agit d’Oumar Tatam Ly, Premier ministre au moment des faits, et de Madani Touré, alors ministre délégué chargé du Budget. Ces deux anciens hauts responsables, aujourd’hui résidant respectivement au Canada et aux Îles Comores, avaient été convoqués et écoutés en mars dernier par la Chambre d’instruction de la cour suprême. En plus d’eux, l’ancien PM, Moussa Mara a également été entendu en qualité de témoin.

 

Une comparution cruciale

L’audience a permis à la défense de Mme Sissoko de réinsister sur la nécessité de faire la lumière sur les responsabilités partagées au sein du gouvernement. Selon elle, ces deux anciens responsables pourraient apporter des éléments décisifs, notamment sur la chaîne de décision ayant conduit à ces achats qui ont aujourd’hui des relents de scandale financier.

Depuis l’ouverture du procès, Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Économie et des Finances au moment des faits, soutient qu’elle n’a agi qu’en coordination avec les autres membres du gouvernement de l’époque. Sa défense repose sur un argument central : les décisions contestées, notamment celles portant sur l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, n’étaient ni personnelles ni isolées.

C’est dans ce cadre qu’elle a sollicité, à plusieurs reprises, la comparution de deux anciens ministres, dont les noms n’ont pas encore été rendus publics. L’objectif est clair : faire apparaître, devant la Cour, la chaîne des responsabilités et démontrer que les actes en cause relevaient d’une démarche collégiale, validée à plusieurs niveaux hiérarchiques.

Après délibération, la Cour suprême a accédé à cette demande. Elle a fixé la comparution des deux anciens ministres au jeudi 19 juin 2025. Une décision saluée par les avocats de la défense, qui y voient une opportunité de rééquilibrer le procès, en élargissant les angles de responsabilité.

Une décision rare de la Cour suprême

En acceptant cette demande, la chambre judiciaire de la Cour suprême envoie un signal fort : elle prend en compte l’argument de la défense et semble ouverte à l’idée d’élargir le champ des investigations. Il est rare, dans des affaires impliquant des hauts responsables de l’etat, que des membres d’un même exécutif soient appelés à témoigner l’un contre l’autre.

Les deux anciens ministres, dont la comparution est fixée au 19 juin, seront entendus en qualité de témoins. Mais selon les éléments qu’ils révéleront ou omettront la ligne de fracture entre témoins et co-responsables pourrait se redessiner.

Un avocat de Bouaré Fily Sissoko, s’est félicité de la décision de la Cour : « Nous saluons cette avancée. Ma cliente n’a jamais cherché à fuir ses responsabilités, mais elle refuse d’être le bouc émissaire d’un processus dont elle n’était qu’un maillon. Il est essentiel que la vérité judiciaire repose sur des faits complets, pas sur des raccourcis politiques ».

Selon lui, la comparution des anciens ministres permettra d’établir que les décisions financières contestées ont été prises dans le respect des procédures et avec l’aval des autorités compétentes.

« Le droit doit prévaloir sur l’émotion », a-t-il ajouté, rappelant que sa cliente demeure présumée innocente.

Un procès aux multiples enjeux

Au-delà de la question de culpabilité individuelle, ce procès soulève des enjeux institutionnels majeurs : jusqu’où s’étend la responsabilité ministérielle dans un régime présidentiel ? Quelles limites à la solidarité gouvernementale lorsque des soupçons de mauvaise gestion ou de favoritisme émergent ? Autant de questions auxquelles les magistrats devront répondre dans un contexte où l’opinion publique, toujours marquée par les scandales de gouvernance, reste particulièrement attentive.

Au cœur du dossier : un avion acheté à plus de 20 milliards de F CFA et des équipements militaires acquis à grands frais, sans que les procédures budgétaires aient été, selon l’accusation.

Alors que le procès suit son cours, la prochaine audience s’annonce donc déterminante. Le témoignage des deux anciens ministres pourrait rebattre les cartes dans ce dossier à fort retentissement, où justice, politique et mémoire collective s’entremêlent.

Djibril Diallo

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