Us et coutumes : Le Kôté pour forger une jeunesse résistante

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Pour une jeunesse éduquée, consciente et persévérante ; l’Association pour le développement de Somasso (ADS) a décidé de redynamiser le Kôté, une société secrète en voie de disparition dont les enseignements peuvent permettre au Mali de retrouver son lustre d’antan.

 

Comme promis au cours de la 7e édition du festival Bèlènitugu, l’ADS a encore organisé une cérémonie de démonstration en l’honneur des initiés aux Kôté, une pratique millénaire ayant pour objectif principal de former un homme digne et honnête. Plus qu’une simple danse ou une chorégraphie, les rites du Kôtè permettent à l’assistance de mesurer le degré d’endurance des initiés.

A l’occasion de la 8e édition du festival Bèlènitugu couplée avec la 1ère édition de la Semaine culturelle Mamala, les derniers initiés de la confrérie Kôtè ont égayé le public à travers des pas de danse des « Bamba » (crocodiles en bambara). A travers des chants d’encouragement et des cris de réconfort de la population ; ces initiés ont tenu en haleine l’assistance dans un silence de mort. Cette danse mystique, interdite au nom initié, est accompagnée par des coups de fouet. Les initiés se donnent ces coups et cela dans le silence. Ils prouvent ainsi leur capacité à vivre la douleur dans le silence, un geste significatif.

Heureux de cette initiative, Kloussama Goïta, président du Mouvement Ensemble pour le Mamala (MepM), a salué les Somassois pour ce courage. « Nous sommes contents de revoir cet engagement de nos frères. Nous pleurons de joie aujourd’hui car le Kôtè, en plus de son caractère sacré, est pleine de signification pour nous », a-t-il ajouté.

Markatié Daou, président de l’ADS, a expliqué le Kôtè et son but. Il a expliqué que cette confrérie était jadis ouverte à tous les garçons ayant atteint l’âge de 15 ans ou même plus. Selon lui, la confrérie est intégrée après deux étapes. La première, affirme M. Daou, est organisée la nuit de l’initiation des jeunes. Elle est l’occasion pour le père de l’enfant de mesurer le degré de résistance de son garçon et sa capacité de revoir des coups sans se plaindre. « Pour cette cérémonie, organisée la nuit à l’abri des regards des femmes et des non-initiés, on faisait vivre aux jeunes garçons d’énormes difficultés. Les enfants étaient confrontés à l’épreuve du feu, du fouet et de la faim. C’est le père de l’enfant lui-même qui le faisait souffrir et devant tout le monde », précise-t-il.

Il ajoute : « l’autre cérémonie est organisée dans la journée devant tout le monde. Les initiés sont prêts. Ils esquissent des pas de danse et se donnent des coups de fouet devant tout le monde. Ils peuvent saigner, mais ne crient jamais de douleurs. Ils ne gesticulent pas aussi de douleurs. Ils encaissent dans le silence et donnent à leur tour des coups de fouet ».

Le but de cette initiation, qui concernait tous les jeunes garçons du village, est de renforcer la résilience des hommes. Ils doivent pouvoir se protéger et sauver le village dans toutes les circonstances. « Avant, il y avait les guerres et les razzias. Les voleurs, les brigands et certains villages venaient conquérir d’autres villages. Il fallait donc préparer nos enfants, surtout les jeunes garçons à faire face aux défis, à avoir les capacités d’accepter de mourir dans la dignité que de dévoiler les secrets du village ».

Markatié Daou, qui est aussi dans le lot des derniers initiés de la société à Somasso, a rappelé qu’une fois maintenu, cette société sera le créneau idéal pour renforcer la cohésion sociale et mieux éduquer la nouvelle génération. « Cette société est comme l’Armée, la Grande muette. On apprend à encaisser les coups dans la dignité et à protéger les secrets. On apprend aussi à défendre l’intérêt général et à être responsable », a-t-il ajouté.

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