Politique : La migration, une opportunité à saisir

Les jeunes Africains sont à la fois les moteurs et les bénéficiaires de la migration, qu’ils soient à la recherche d’opportunités, fuyant les conflits ou construisant des réseaux transfrontaliers

6 Juin 2025 - 09:45
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Politique : La migration, une opportunité à saisir

« La migration n’est pas un problème à résoudre, mais une opportunité à saisir », déclare Walter Kasempa, ambassadeur de l’UA/OIM (Union africaine/Organisation internationale pour les migrations). L’ambassadeur s’exprimait lors d’un atelier régional de la CEA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique) organisé à Harare, au Zimbabwe.

 

Par ailleurs, quelque 25 000 personnes ont quitté la Mauritanie à destination de l’Espagne en 2024, soit un chiffre proche du total de l’Algérie et du Maroc.

 

En tant que groupe démographique le plus mobile et à la croissance la plus rapide du continent, les jeunes sont à la fois les moteurs et les bénéficiaires de la migration, considère l’UA. Qu’ils soient à la recherche d’opportunités, fuyant les conflits ou construisant des réseaux transfrontaliers, les jeunes façonnent le présent et l’avenir de la migration africaine.

 

Ils sont également à la pointe de l’innovation, tirant parti de la technologie, du plaidoyer et de l’entrepreneuriat pour créer de nouvelles voies d’inclusion sociale et économique. « Vu sous cet angle, la migration n’est pas une crise à gérer, mais un levier de croissance et de renouveau », insiste la CEA.

 

Pourtant, beaucoup restent sans papiers, ce qui limite leur accès aux systèmes officiels et les empêche de participer pleinement à la société. Sans identité légale, ils restent invisibles pour les institutions et vulnérables à l’exclusion.

Walter Kasempa

 

« Veiller à ce que les jeunes Africains soient recensés, protégés par des politiques efficaces et équipés pour participer à la gouvernance des migrations n’est pas seulement une question d’inclusion. Il s’agit d’un investissement stratégique dans l’avenir du continent », considère la CEA.

 

Walter Kasempa appelle les jeunes Africains à jouer un rôle actif dans l’élaboration des systèmes qui affectent leur mobilité et leur inclusion. En effet, la gouvernance des migrations doit être ancrée dans l’inclusion, et l’identité juridique est fondamentale pour atteindre cet objectif.

 

Le rôle de la ZLECAf

 

De son côté, Christian Oldiges, chef de la section des politiques sociales à la CEA, souligne le rôle des jeunes dans l’élaboration des politiques migratoires : « Lorsque les jeunes se considèrent comme partie intégrante de la solution, la gouvernance des migrations devient non seulement inclusive, mais aussi transformatrice. L’identité juridique doit être reconnue comme un outil de gouvernance pour la réduction de la pauvreté ainsi que comme un bien public, essentiel pour accéder aux droits, aux services et aux protections auxquels chaque personne a droit, quel que soit son statut migratoire. »

 

Dans ce cadre, la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), qui représente un marché de plus de 1,3 milliard de personnes, offre une opportunité majeure pour stimuler la mobilité intra-africaine et la croissance économique. Si elle est pleinement mise en œuvre, elle pourrait contribuer à réduire le besoin de migrer hors du continent en permettant aux jeunes de se déplacer, de travailler et d’innover plus librement en Afrique.

 

La ZLECAf fournit également un cadre pour retenir les talents africains. Grâce à un meilleur accès à l’identité légale et aux systèmes de mobilité, les jeunes Africains peuvent s’épanouir en tant qu’entrepreneurs, innovateurs numériques, professionnels qualifiés et chefs d’entreprise sur le continent. Mais la réalisation de ce potentiel dépend de la résolution des lacunes en matière d’identité et de gouvernance qui limitent encore la circulation et l’accès. « Il est essentiel de régler ces problèmes aujourd’hui pour ouvrir l’avenir du continent », conclut la CEA.

 

 LA, d’après un compte rendu de la CEA.

 

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En bref

La Mauritanie, carrefour de la migration vers l’Espagne

 

Selon un rapport de la Sécurité nationale espagnole, la Mauritanie est le principal pays de départ de migrants vers l’Espagne, devant le Maroc. Ces dernières années, d’ailleurs, le nombre de migrants au départ du Maroc a fortement diminué, tandis que les Marocains sont peu nombreux à se rendre en Espagne. En 2024, ils ont été moins de 7 000 à traverser la Méditerranée, contre environ 9 500 Algériens, 12 000 Sénégalais et 15 200 Maliens.

 

Quelque 25 000 personnes ont quitté la Mauritanie à destination de l’Espagne, soit un chiffre proche du total de l’Algérie et du Maroc. Quelque 9 000 migrants ont quitté les rives du Sénégal vers les îles Canaries. L’Espagne ayant accueilli 2 000 personnes venues de Gambie. Depuis 2023, la plupart des migrants (72 % en 2024 contre 62 % un an plus tôt) viennent des pays du Sahel et non plus de l’Afrique du Nord.

 

Des migrants arrivés aux Canaries sont transférés et regroupés à Tenerife, en 2023 (photo : AFP).

 

Le rapport espagnol alerte la situation d’instabilité des migrants sahéliens. Cette tendance touche en particulier la Mauritanie à cause de sa frontière avec le Maroc, et l’Algérie qui redevient « une plaque tournante migratoire » compte tenu de sa frontière avec le Niger.

 

Par Laurent Allais

 

@NA

 

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