Dr Abdou Mallé, secrétaire général du SYNESUP, à l’Aube : « Ça suffit ! Nous avons décidé une grève illimitée »

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Les enseignants de l’Enseignement supérieur regroupés au sein du Syndicat de l’enseignement supérieur (Synesup),  après avoir observés une grève de 72 heures la semaine dernière, menacent d’aller en grève illimitée à partir du 4 avril prochain. Les négociations avec le gouvernement ayant buté sur un désaccord total sur les différents points de revendication. Celles-ci (revendications) concernent l’alignement des salaires des enseignants de l’Enseignement supérieur et des chercheurs de l’éducation sur ceux de leurs homologues de la sous-région, la mise en place d’une nouvelle hiérarchisation du personnel de l’enseignement supérieur et l’augmentation du taux des heures supplémentaires. L’Aube s’est entretenu avec le secrétaire général du Synesup, le Dr Abdou Mallé. Interview

L’Aube : Vous avez observé  une grève  de 72 heures la semaine dernière  et vous venez de déposer un préavis de grève illimitée. Pourquoi  cette décision extrême ?

Dr Abdou Mallé: Nous  avons consulté la base après  les 72  heures  de grève observée la semaine dernière. Les négociations ont échoués, en grande partie à cause de la partie gouvernementale. Sur les 7 points de revendications, il y’a eu des désaccords,  surtout au niveau du premier et  troisième point. Le premier point concerne  la réforme de la grille, le  troisième est lié à l’adoption  du nouveau statut de l’enseignant chercheur. Ces deux points sont les fondamentaux de notre lutte depuis une décennie. Voilà pourquoi nous avons été obligés,  suite à l’échec des négociations, le 6 mars dernier, d’organiser une assemblée générale en conformité avec la procédure d’exception du mouvement pour rendre compte  à la base. Après le compte rendu, la base a réagi en demandant d’aller en grève illimitée.  Le préavis a été  déposé le 20 mars  auprès de Mme le ministre du travail et de la fonction publique.  Celle-ci, à travers une lettre, nous a demandé de fournir un mémoire en défense afin qu’on puisse ouvrir des négociations. Ce que nous avons fait le mercredi 22 mars dernier. Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement. Nous attendons l’ouverture  des négociations.

Quelles sont vos principales revendications ?

Nos revendications sont les mêmes que lors de la grève précédente. Elles sont au nombre de 7. Le premier pont est relatif  à l’augmentation  des salaires et l’alignement des salaires sur nos homologues de la sous-région. Le deuxième point porte sur l’intégration des travailleurs  contractuels de l’enseignement  supérieur  et de la recherche scientifique. Le troisième point  a trait à l’adoption du nouveau statut  de l’enseignant chercheur. Le quatrième point est la nomination des agents fonctionnaires dans le corps des assistants et attachés de recherche  et la capitalisation des publications. Le cinquième est relatif au rétablissement du fond  d’étude et de recherche  pour les grandes écoles. Le sixième point concerne le payement des arriérés des heures supplémentaire pour les  enseignants  de l’Institut universitaire de gestion (IUG),  datant de 2013 à 2015. Le septième point a trait à l’éradication totale  de la violence dans l’espace universitaire.

Quelles sont les désaccords entre vous et le gouvernement ?

Deux points font l’objet  de désaccords. Le premier point est un désaccord total, et le deuxième point est un désaccord simple. Le premier concerne la grille plafond 3000  (augmentions et alignement des salaires) fait l’objet de blocage. Nous avons buté sur ce point pendant les quatre jours de négociations précédentes avec le gouvernement. Et nous estimons que cela est due à la mauvaise foi des négociateurs du gouvernement, notamment les conseillers techniques. Ceux-ci étaient chargés de rédiger un rapport préparatoire. Ils n’ont pas pu le faire par incompétence. La preuve. Nous nous avons pu produire ledit rapport en moins d’un mois, contre une année pour les conseillers techniques. Malgré l’approbation  du rapport élaboré par le Synesup par le Comité des sages de la Commission de conciliation, l’appréciation du rapport lors d’une audience le 10 janvier 2017 par le ministre de l’Enseignement supérieure  et de la Recherche scientifique, un accord n’a pas pu être finalisé. On se demande qui représente l’autorité dans ce pays ? Est-ce les conseillers techniques ?  C’est pourquoi nous avons  quitté la salle de négociations pour que le gouvernement puisse accorder ses propres violons. Le deuxième point de discorde, c’est la question  du nouveau statut, c’est-à-dire la réunification en un statut unique des enseignants et des chercheurs, ce qui est le cas depuis 2011. Ce statut n’a jusqu’à présent pas été pris en compte  et envoyer dans les circuits d’adoption par les autorités. Nous sommes vraiment déçus.

 Pensez-vous que l’Etat a  aujourd’hui  les moyens de satisfaire vos doléances ? 

L’Etat  a les moyens. Il a signé une directive le 4 juillet 2007 dans le sens  de basculer l’enseignement  supérieur malien dans le système LMD, en harmonie avec les autres pays de l’Uemoa. Notre revendication d’augmentation et d’harmonisation est fondée sur cette directive. L’Etat a les moyens, mais il y a une mauvaise gestion, une  mauvaise répartition des richesses du pays.

Etes-vous prêt à des concessions ? Si oui jusqu’où?

Des concessions ? On verra sur la table des négociations,  si  le gouvernement est de bonne foi.

Le dialogue est-il rompu entre vous et le département ?

Pas totalement. Nous avons reçu mercredi, une lettre du département pour une réunion prévue  le 27 mars prochain pour discuter sur le deuxième point de discorde. Nous allons répondre à l’invitation pour aider à la résolution de la crise.

Cette grève illimitée ne risque-elle pas de compromettre l’année académique ?

Compromettre l’année sera de la responsabilité du département en particulier, et de l’Etat malien en général. Le Synesup est serein. Nous avons toujours fait preuve de responsabilité. Il faut que l’Etat malien s’assume. Ça fait plus de dix ans que  nous demandons la même chose. Maintenant, ça suffit. Nous allons au charbon pour en finir.

Réalisée par Mémé Sanogo

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Révolter n est pas celui qui dire non mais celui qui dire tros c est tros nous somme dernières vous votre conditions devraient êtres améliorer car c est vous qui est la source de toute les dirigeants ont vous soutenues

  2. Demandez ce que votre état peut faire tout en gardant à l’esprit que le pays est en guerre. Soyez modeste mes chers enseignants et donnez des bons exemples. Vous êtes aussi éducateurs , pensez à l’avenir des enfants doc du MALI dont chacun porte dans son cœur. Beaucoup d’argent ne résout pas tous les maux dont souffre le système éducatif malien.

    • Les enseignants pensent précisément à l’avenir des étudiants d’où leur exigences d’améliorer les conditions de travail. Ce n’est pas dans la galère qu’on peut enseigner correctement. L’enseignement au supérieur exige un investissement de la part de l’enseignant. Il faut la documentation, des échanges avec les pairs (autres enseignants). Mais si un enseignant passe son temps à chercher de quoi nourrir sa famille, il sera difficile pour lui d’acheter des documents, de se concentrer sur son travail… L’harmonisation avec les autres systèmes éducatifs est une obligation aujourd’hui. Personne ne peut évoluer seul. D’ailleurs le caractère universel de l’université le démontre à suffisance. Donc, les enseignants ne sont pas à la quête de la richesse comme certains peuvent le penser. D’abord, être enseignants, c’est une vocation, c’est un choix. L’enseignant cherche son respect et son émancipation dans la transmission du savoir. Par exemple, un enseignant qui apparaît dans une administration publique, dans un hôpital… Il est très vite servi. Mais le commerçant aura besoin de se montrer en “grand bazin” pour être vu. Puis, de sacrifier quelques billets de banque pour être servi. Donc, les enseignants sont très conscients que le chemin qu’ils ont pris dans la vie n’est pas pour chercher l’argent liquide. Mais ce qu’ils gagnent ne permet plus de nourrir leur famille et de se consacrer pleinement à leur travail, afin d’avoir la même capacité que leurs homologues dans la création et la transmission du savoir. Donc, les étudiants que nous formons ne peuvent pas être à la hauteur. Ils seront des demi lettrés, qui ne seront jamais opérationnels. On sacrifie leur vie, donc notre vie, car ce sont nos espoirs de demain. Voilà ce que nous avons décidé : refuser de sacrifier la vie de nos enfants, surtout que c’est une directive de l’UEMOA qui demande à mettre les enseignants du supérieur dans les mêmes conditions de travail afin de faciliter l’harmonisation sans laquelle aucun pays n’avancera dans ce système sauvage de mondialisation. N’oubliez pas que le Mali est le 3ème pays de la sous région et terme de puissance économique. Pourquoi les autres peuvent et font et le Mali refuse ? À long terme, les ressortissants de ces pays dicteront aux nôtres. Ils feront notre travail à notre place si nous refusons de former correctement nos citoyens. Déjà on le voit sur le marché.
      Puis, la guerre n’a rien n’a avoir avec ces conditions. Je ne veux pas entrer dans ce débat, mais sachez que c’est pendant la guerre mondiale que les universités ont travaillé plus et ont fait plusieurs inventions.

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