Le cinquantenaire du Mali : Sous le signe de scandales politico-financiers

0

Non content d’investir une cinquantaine de milliards F CFA dans l’organisation des festivités du cinquantenaire malgré l’existence des mille et une revendications catégorielles, l’Etat malien, à travers la commission d’organisation de l’événement s’est engagé en faveur de la conception d’un livre d’or et d’un agenda à hauteur de plusieurs centaines de F CFA. L’opération a été confiée, tenez vous bien, à un ressortissant de l’ex métropole. Paradoxe ! Et le pire est à venir.

Il s’appelle José Ichay, Consultant. Par une lettre signée du président de la Commission M. Oumar H. Dicko, les structures d’Etat sont invitées à " contribuer à la réussite du projet en réservant le meilleur accueil à Monsieur José Ichay… " En guise de projets, il s’agit de la réalisation " d’ouvrages exceptionnels ", à savoir, le " Livre d’Or " et d’un agenda. Le premier est confié à notre "compatriote " gaulois, M. Ichay.

Les tarifs publicitaires ont de quoi donner le tournis et susciter une jalousie légitime de la part des confrères de la place. Lisez :

– 1 publi-reportage (4 pages) : 12.500 000 F CFA

– 1  publi-reportage (2 pages) : 7 500 000 F CFA

-1 page préférentielle ; 4 500 000 F CFA

Face sommaire et édito

– 1 page quadri : 3 850 000 F CFA

  ½ page quadri : 2 200 000 F CFA

  ¼ page quadri : 1 400 000 F CFA

  1 livre d’or (minimum 20 exemplaires : 19 500 F CFA

Le règlement par chèque bancaire est naturellement à effectuer au nom de Monsieur José Ichay.

D’ores et déjà, munie de la caution officielle de la Commission d’organisation du fameux cinquantenaire, M. Ichay a entamé des démarches auprès des départements Ministériels et de leurs services centraux. Naturellement, tout baigne ! Les  responsables administratifs par crainte d’être assimilés à des empêcheurs de tourner en rond, font admirablement le jeu. Et l’on imagine aisément les petits arrangements empreints de ristournes et de pourcentage à reverser à qui de droit.

L’insulte

Les responsables en charge de l’organisation de l’événement viennent, par ce geste d’adresser une grave insulte à l’esprit du cinquantenaire même. Le besoin de célébrer l’événement avec faste représente tout un symbole. D’abord, celui de l’indépendance tout court et vis-à-vis de l’ancienne métropole. Ajouter à cela, le souci de redonner à l’homme malien toute sa dignité, lui permettre de retrouver ses valeurs,  de le réconcilier avec lui-même, de réinstaurer en lui la confiance perdue par des siècles d’esclavage et de colonisation. Même les détracteurs du cinquantenaire conviendront de la légitimité de ces prétentions.

Mais voilà que c’est un descendant du colonisateur qui vient écrire un livre dit d’or pour y évoquer notre souveraineté et notre parcours.

C’est l’esprit même de l’indépendance qui vient là de prendre un sacré coup. Personne n’aurait trouvé à redire si l’entreprise avait été confiée à une personne physique ou morale d’essence malienne. Qu’on ne nous dise surtout pas que les compétences manquent ici dans le domaine. L’AMAP est là pour soutenir le contraire. Elle conçoit annuellement des agendas et autres publications du genre. Là au moins, il n’y avait pas lieu de craindre une sortie massive de  nos devises.                            

                                        B.S. Diarra

 

Commentaires via Facebook :