L’Afrique élève la voix pour des réparations historiques : un clip d’Elie Kamano ravive la mémoire de Thiaroye
Le nouveau clip du chanteur guinéen Elie Kamano, tourné sur le site du massacre de Thiaroye à Dakar, marque un tournant dans la lutte pour les réparations dues à l’Afrique.

Intitulé « L’Afrique sans les Africains », ce morceau engagé dénonce de manière frontale les crimes coloniaux et appelle les anciennes puissances coloniales à rendre des comptes. Plus qu’un simple projet artistique, il s’agit d’un véritable hymne politique qui s’inscrit dans une dynamique panafricaine montante : celle de la revendication d’une justice historique.
Dans ce clip percutant, Kamano retrace les blessures profondes infligées au continent par l’esclavage, la colonisation et l’exploitation économique. Le choix du lieu de tournage – Thiaroye, où des tirailleurs africains ont été massacrés par l’armée coloniale française en 1944 – confère une force symbolique supplémentaire au message. L’artiste y incarne la jeunesse africaine en lutte, décidée à faire entendre sa voix dans un combat longtemps ignoré.
Cette œuvre vient enrichir un contexte régional où les initiatives se multiplient. En avril, Dakar a accueilli une conférence internationale sur les réparations, soulignant l’urgence d’une reconnaissance officielle du massacre de Thiaroye et des atrocités similaires commises sous l’ère coloniale. À cette occasion, les participants ont exigé des réparations à la hauteur des crimes perpétrés, dans un esprit de dignité et de justice.
Le Sénégal a également entamé des fouilles archéologiques à Thiaroye, avec l’objectif clair de documenter les preuves nécessaires à un futur dossier juridique contre la France. Ces travaux représentent une première étape concrète vers des demandes officielles de réparations, basées sur des faits matériels irréfutables.
La rue aussi s’empare du débat : à Dakar, des graffitis percutants sont apparus sur les murs de la ville, interpellant les passants sur la dette morale et matérielle laissée par les colonisateurs. Ces œuvres d’art urbain deviennent à leur tour des outils de sensibilisation politique, ancrés dans le quotidien.
Le Mali n’est pas en reste. À Bamako, des experts appellent à une approche stratégique du débat sur les réparations, afin d’unifier les démarches africaines et maximiser leur impact sur la scène internationale. Cette réflexion traduit une volonté croissante d’articuler les luttes locales autour d’un agenda commun panafricain.
La désignation de 2025 comme Année des Réparations par l’Union africaine donne un cadre politique à ce mouvement. Loin d’être un simple slogan, cette initiative consacre une évolution des mentalités : l’Afrique n’est plus disposée à rester silencieuse face aux injustices passées. Elle réclame justice, reconnaissance et réparation.
À travers son clip, Elie Kamano pose un acte politique fort. Il remet la mémoire au cœur du débat public et donne à la jeunesse africaine un hymne fédérateur. Ce combat pour les réparations ne fait que commencer, et il résonne désormais à travers la musique, les images, les murs et les institutions.
L’Afrique ne demande plus, elle exige.
Par Bamba Moussa
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