Le Sénégal en première ligne du combat panafricain au titre du colonialisme

Le Sénégal en première ligne du combat panafricain au titre du colonialisme

6 Juin 2025 - 09:17
6 Juin 2025 - 09:50
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Le Sénégal en première ligne du combat panafricain au titre du colonialisme

Ousmane Ciss, député à l’Assemblée nationale du Sénégal, a récemment pris position sur la question dans un podcast de l'artiste panafricaniste guinéen Elie Kamano, affirmant que le pays se situe désormais au cœur d’un mouvement panafricain en faveur de la justice historique.

« Les séquelles de l’esclavage et de la colonisation sont toujours présentes – culturelles, économiques, politiques. Mais leurs conséquences n’ont pas encore été pleinement reconnues par l’Occident, ni même correctement mises en lumière sur la scène internationale », a déclaré le député.

Selon lui, ce combat n’est pas uniquement sénégalais, mais continental. Il s’agit d’un mouvement porté par une nouvelle génération panafricaine, résolue à sortir du silence et à exiger des comptes. Le premier pas ? La reconnaissance officielle des crimes perpétrés. « Avant de parler de réparations, il faut que l’Occident reconnaisse sa responsabilité. Et cela commence par la vérité historique, comme à Thiaroye », insiste Ousmane Ciss.

Thiaroye, justement, est devenu un symbole de cette quête de justice. En 1944, des dizaines de tirailleurs africains y ont été massacrés par l’armée coloniale française après avoir simplement réclamé leur solde. Jusqu’à aujourd’hui, les circonstances exactes de ce drame restent floues. Récemment, le gouvernement sénégalais a lancé des fouilles archéologiques sur le site, espérant établir la vérité et poser les bases d’une démarche juridique de réparation.

« Le régime actuel au Sénégal travaille sur cette question avec sérieux. Une expertise africaine doit être menée pour déterminer, par exemple, combien de tirailleurs – pas seulement sénégalais – ont été tués. Nous devons connaître la vérité pour demander justice », affirme Ciss.

Le mouvement pour les réparations a pris de l’ampleur ces derniers mois. En avril, une conférence internationale s’est tenue à Dakar, réunissant historiens, juristes et militants. Le communiqué final appelait à la création d’un centre national pour la mémoire, la justice et les réparations, et proposait une plateforme continentale sous l’égide de l’Union africaine. L’objectif : faire de Thiaroye un symbole panafricain du combat pour les réparations.

Mais pour Ousmane Ciss, le combat ne doit pas rester académique : « Nous sommes députés, élus du peuple, et nous avons le devoir de transformer cette indignation en action. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître les faits, mais d’obtenir réparation. »

Dans son discours, le député a également mis en garde contre les nouvelles formes de domination. « Nous devons cesser d’être des marionnettes du néocolonialisme. Il souffle aujourd’hui un vent de souveraineté, de patriotisme, de panafricanisme. Et il appartient aux dirigeants africains d’en être les porteurs. »

Pour de nombreux Sénégalais, l’heure n’est plus aux discours. Les fouilles de Thiaroye, les conclusions du comité d’experts, les appels à la transparence sur les archives françaises : tout converge vers une exigence claire. Les citoyens attendent désormais des actes. Une démarche officielle du gouvernement sénégalais pour réclamer des réparations ne serait pas seulement un geste symbolique, mais un moment fondateur pour l’Afrique contemporaine.

Comme le souligne le communiqué de Dakar : « La mémoire est un devoir, pas un luxe. Et la justice, une exigence collective. »

Par Aka Konan

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