Sommet sur le financement de l’énergie verte : Les africains sous contrainte de nouveaux accords pour l’aide publique

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Deux ans après, les accords de Paris à la COP 21, la France vient d’organiser le 12 décembre 2017 le « ONE PLANET SUMMIT » à Boulogne-Billancourt avec le concours de l’ONU et de la banque mondiale. Impliquant plus de 4000 participants dont des chefs d’états, des ONG et surtout des hommes d’affaire œuvrant dans la finance, le but était de proposer une sortie de l’énergie fossile pour aller vers la photovoltaïque. Les pays africains qui sont la principale cible, ont été mis face au dilemme « soit tu acceptes, soit tu n’as rien. »

La rencontre de Boulogne-Billancourt autour du financement de l’énergie verte est intervenue pour donner un coup d’accélérateur aux engagements pris à Paris en 2015 concernant la réduction de l’émission du carbone dans l’atmosphère. En effet aucun effort n’a été fourni pour aller dans ce sens parce que les pays industrialisés dont la France et l’Allemagne, ont prouvé qu’ils ne peuvent pas se passer de l’énergie nucléaire et d’autres sources fossiles comme le pétrole et le charbon.

Sans tergiversation, les Etats Unis, classés dans le duo des plus grands pollueurs de la planète se sont retirés de l’accord pour éviter d’être parmi les acteurs de ce jeu de démagogie occasionnant des promesses non tenues et des vas et viens couteux. D’ailleurs lors de la COP 23 tenue en Allemagne le mois dernier, certains participants ont affirmé que l’organisation du sommet à occasionné des dépenses plus lourdes que le fonds vert qui a été proposé aux pays pauvres.

Ces derniers sont justement la cible de « ONE PLANET SUMMIT ». A l’ouverture, le président français Emmanuel Macron est allé dans le vif du sujet en faisant savoir aux participants surtout aux chefs d’états africains qu’ils ne sont pas réunis en France pour bavarder entre amis et admirer le paysage du pays.

« Lorsqu’on se retrouve ici il ya beaucoup de gens qui s’apprécient ou qui se découvrent et ça peut paraitre un très bon moment. Mais on est entrain de perdre la bataille » soulignait le Président français. Après la leçon, il a abordé les exigences : « Ce que nous entamons aujourd’hui, c’est le temps de l’action car l’urgence est devenue permanente. » a-t-il dit.

De son côté, le secrétaire général de l’ONU   Antonio Guterres s’est montré encore plus pressé que Macron. « Le train du climat n’attend pas, embarcation immédiate » a martelé le premier responsable onusien. Il a aussi brossé une très longue page publicitaire sur l’énergie verte tout au long de son discours.

Tout comme Macron, Antonio Guterres a dit avec insistance qu’on doit lutter contre le changement climatique et protéger les plus populations vulnérables. Pour parvenir à l’objectif, ils ont mis les investisseurs privés et hommes d’affaires véreux sur le coup. Finalement le sommet est devenu un lieu de distribution de marché aux entreprises européennes. Comme au sommet de Baule en 1990, les chefs d’états africains se sont retrouvés entre deux choix ; à savoir accepter l’accord sur l’énergie verte ou être privé d’aide.

Autrement dit les appuis au développement industriel sont désormais conditionnés à cet engagement. Pourtant, on a entendu dans le fameux discours de Ouagadougou, il ya seulement un peu plus d’une semaine que les anciennes pratiques France-Afriques étaient révolues.

Quoi qu’il en soit à propos de ce nouveau forcing pour enrichir l’Europe à travers sa technologie verte, les spécialistes du domaine disent que l’électricité des panneaux solaires ne peut pas faire fonctionner de grandes usines. Pour compter sur des avancées dans la dessus, ils parlent de dix à vingt ans.

Pendant ce temps, ce sont les détenteurs de brevet pour cette nouvelle technologie, les banquiers, les hommes d’affaire intermédiaires et les ONG du secteur qui se frottent les mains.  Déjà le directeur Général de BNP Paris Bas Jean Laurent Bonnafa a annoncé que sa banque pourrait participer avec une enveloppe de 15 millions d’euro pour le financement de projets sur l’énergie renouvelable.

L’administrateur de banque a même ajouté qu’il peut aller jusqu’à 20 millions dans 20 ans.  Le milieu des affaires se précipite pour satisfaire la demande des 100 millions proposés pour le fonds vert. Mais les prétendants à cette manne savent qu’on peut mettre des années de tractation pour pouvoir  mobiliser les sous.

Certains n’en verront même pas les couleurs dans la mesure où d’autres conditions seront créées par rapport à la gouvernance, l’application obligatoire de certaines conventions internationales et tant d’autres. Ce qui est certain, les multinationales qui sont déjà plus puissantes que les états qu’elles exploitent, vont renforcer leur emprise sur le continent noir à cette faveur.

La vision des organisateurs est que l’Afrique doit être en même temps un réservoir et le poumon du monde tandis que les autres se développent. La preuve est que le 12 décembre dernier, leurs grands discours se tenaient sur la baisse des émissions de gaz au moment où des entreprises françaises jugulaient avec des marchés juteux chez les chinois dans un vaste projet d’énergie basée sur le charbon.

Non loin de là, Emmanuelle Macron venait de décrocher, il ya moins d’une semaine, un contrat de plus de 12 millions de dollar au Qatar pour la fourniture d’avions de guerre et véhicules blindés polluants qui seront fabriqués par l’énergie fossile. Aussi, les grandes firmes comme Total et AREVA continuent de multiplier leurs extractions de pétrole, de gaz et d’uranium avec les infections et appauvrissements des populations des pays dépouillés. C’est à cause de cette démagogie que Donald Trump a dit qu’il n’ya rien de sérieux dans l’accord de Paris sur le changement climatique.

Issa Santara

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