“Les conséquences sont imprévisibles”: Netanyahu peut-il vraiment empêcher les projets nucléaires de l’Iran?

Israël considère le programme d’armement nucléaire de l’Iran comme une menace directe pour sa survie. Lorsque le Premier ministre Netanyahu a annoncé vendredi matin que ses hommes avaient frappé “la plus importante installation d’enrichissement de l’Iran”, les experts ont tout de suite compris: le complexe nucléaire de Natanz avait été touché.

À Natanz, dans le centre montagneux du pays, l’uranium est enrichi, c’est-à-dire qu’il est modifié pour le rendre plus utile à certaines applications, telles que l’énergie nucléaire ou les armes nucléaires. Une partie du complexe se trouve sous des montagnes ou une épaisse couche de béton, ce qui rend les bombardements plus difficiles.

Paul van Hooft, expert en armes nucléaires, ne pense pas que toutes les installations de Natanz aient été détruites. “L’Iran sait qu’Israël n’hésite pas à attaquer et les installations ont été creusées de plus en plus profondément pour se protéger des frappes aériennes. En outre, l’Iran possède également un complexe à Fordo où l’uranium est enrichi. Cette installation est construite dans une montagne et est donc également difficile à atteindre. Néanmoins, je m’attends à ce qu’Israël s’attaque aussi à Fordo.”

Van Hooft affirme que l’Iran était en bonne voie pour mettre au point une arme nucléaire. “Pour les centrales nucléaires, 3 à 5% d’uranium enrichi suffisent. Pour une arme nucléaire, il faut près de 90%. L’Iran en est aujourd’hui à environ 60%. Mais j’estime qu’il faudra des mois plutôt que des années avant qu’ils ne disposent d’une arme nucléaire opérationnelle. Cela explique immédiatement pourquoi Israël a lancé cette attaque maintenant: ce pays ne veut pas que son plus grand ennemi dans la région soit également en mesure de déployer des armes nucléaires.”

Selon le Premier ministre Netanyahu, l’Iran a enrichi suffisamment d’uranium pour fabriquer environ neuf armes nucléaires. Ce chiffre est conforme à un rapport récemment publié par l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui indique notamment que l’Iran enrichit de l’uranium à un rythme croissant et qu’il existe des signes de production d’armes. Avec ces missiles, l’Iran pourrait frapper tout le territoire d’Israël.

Paul van Hooft estime que les frappes israéliennes sur l’Iran vont permettre de ralentir la production d’armes nucléaires de Téhéran. “Mais il est difficile de dire combien de temps va gagner Israël. Ce qui est sûr, c’est que ces attaques ont eu un impact considérable. Non seulement des installations ont été touchées, mais six scientifiques nucléaires ont été éliminés. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Ces dernières années, plusieurs scientifiques travaillant sur le programme d’armement nucléaire ont été tués.”

Van Hooft estime que “les conséquences sont imprévisibles”. Les attaques précédentes contre le programme nucléaire iranien ont d’abord entraîné un retard dans la production, mais après la reprise, celle-ci s’est en fait accélérée. “Les États-Unis veulent un accord avec le régime iranien sur son programme d’armement pour une bonne raison. Trump n’a pas du tout envie d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Mais Israël semble inarrêtable, Netanyahu ne croit pas à une solution diplomatique avec l’Iran. Et les Américains sont les plus grands alliés des Israéliens, donc Washington est dans une mauvaise position.”

Selon les experts, le moment choisi pour ces frappes aériennes de grande envergure est très stratégique. Les défenses aériennes de l’Iran ne se sont pas encore totalement rétablies après les attaques d’octobre dernier. Les alliés de l’Iran, le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, ont également été gravement affaiblis et peuvent faire moins de dégâts à Israël. “Je pense qu’Israël va continuer pendant un certain temps”, affirme l’expert.

Source: https://www.7sur7.be/