République de Guinée : A quand la vérité ?

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Il convient de rappeler qu’à la mort de Lansana Conté, le ciel guinéen a été noirci par les vautours en nombre infini, chacun pour avoir sa part de la viande superbement pourrie : le pouvoir. C’est dans cette atmosphère de « sauve qui peut » que des militaires patriotes, dirigés par le capitaine Moussa Dadis Camara, se sont emparés du trône. Mais vite, contrairement à bien d’autres juntes que l’Afrique a connues, celle de la Guinée a forcé l’admiration des masses travailleuses. Avec le président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), Moussa Dadis Camara, les Guinéens se sont réveillés de leur sommeil hivernal pour regarder l’œuvre patriotique déjà abattue par les militaires et cela en moins de huit (8) mois.

Que de raisons donc d’inviter les politiciens véreux qui voulaient se présenter au peuple de Guinée comme  sauveurs venus du ciel. Ces politiciens ont été vus à la tâche en République de Guinée. Avec Moussa Dadis Camara, un vent nouveau venait de souffler sur la Guinée de Sékou Touré. Un espoir incontestable est né en ces hommes et ces femmes qui ont enduré dans leur chair et dans leur conscience les affres du régime de feu Lansana Conté. Cet espoir était perçu par les politiciens guinéens (et cela dans leur écrasante majorité) comme un désaveu à leur encontre. Que faut- il faire entre un pouvoir qui veut servir les intérêts supérieurs du peuple et une classe  de politiciens arrivistes qui ne veut servir que des intérêts sordides ? Ces derniers ont dû choisir d’ouvrir les hostilités contre le CNDD. Sinon comment comprendre que des Guinéens se donnent le droit d’insulter la mémoire des pères de l’indépendance de la Guinée en choisissant de manifester le jour de cette indépendance ? Dans aucun pays, il ne peut être admissible par un pouvoir de permettre à des politiciens de saboter le jour commémoratif de l’indépendance du pays.

Nous ne sommes pas en train d’approuver ici les massacres du 28 septembre 2009 contre des enfants, des femmes et des hommes qui ont été trompés par ceux- là qui avaient des calculs machiavéliques pour leur compte. Mais il faut le dire (et les Guinéens le sauront un jour !), les organisateurs du meeting sont les premiers responsables de cette catastrophe humaine dont le peuple de Guinée n’a que faire. Cette vérité  éclatera un jour à la lumière du soleil qui illumine la Guinée. Mais, le scénario était monté de toutes pièces pour pousser le CNDD à salir les mains : parce que Moussa Dadis Camara a voulu imposer un nouvel ordre politique aux bourreaux du peuple de Guinée ; parce que pour le président du CNDD, il n’est plus acceptable de laisser le pays végéter dans le labyrinthe de la drogue, de la surfacturation, de l’escroquerie, de la gabegie, du clientélisme, de l’affairisme, bref de tout ce qui empêche les masses travailleuses de Guinée d’espérer, de compter sur l’avenir radieux ; parce que la Guinée, en sa qualité de pays indépendant est libre d’octroyer ses marchés d’exploitation minière au pays qu’elle veut et avec lequel elle peut entretenir des relations de coopération mutuellement avantageuse ; parce que la Guinée est libre et doit dire non au diktat français. Les politiciens guinéens qui ne le disent pas sont des valets de l’impérialisme français. Que personne ne s’y trompe !

Les événements de décembre dernier ont prouvé à suffisance qu’un coup d’Etat était préparé contre la personne de Moussa Dadis Camara. Ce coup, qui a été savamment monté, visait l’assassinat du président du CNDD. L’autre coup contre lui et qui a troublé bien d’esprits, c’est son séjour forcé de convalescence au Burkina Faso. Les marchands d’illusions ont vite fait de croire que la Guinée est désormais entrée dans la « démocratie » mais sans oser noter que cette démocratie ne peut qu’humilier les travailleurs de la Guinée. Ils doivent se rendre à l’évidence que la roue de l’histoire de la Guinée continue à tourner et pour cause : après la tentative d’assassinat du président du CNDD, les politiciens, en mal de crédibilité, ont appelé de tous leurs vœux la tenue sans délai de l’élection présidentielle ; après le premier tour vraiment colmaté, le pays est retombé dans l’impasse politico- militaire et le général Sékou Konaté doit faire une lecture intelligente. Cela est d’autant indispensable que la confusion ne fait que gagner en profondeur et en complicité; les coups de cœur (si ce n’est pas pour jeter la poudre aux yeux de ceux qui veulent croire) du général sont la preuve que là- bas, en Guinée, rien n’est désormais sûr et que tout peut arriver ; la seule certitude, c’est que la Guinée est lancée sur la mauvaise route en écartant Moussa Dadis Camara au fallacieux motif qu’il veut rester au pouvoir.

Là, on ne se demandera pas si le militaire est un fils du peuple ou non. Aussi, l’on n’ose- t- il pas dire que dans des pays dont la « démocratie » est notée excellente, ce sont des militaires aux affaires. Qu’on arrête de tromper les démunis de l’Afrique et les intellectuels aboulies!

Après le premier tour colmaté, les Guinéens ne savent toujours pas quand  ils doivent se rendre  dans les isoloirs pour « choisir » qui de Cellou Dallein Diallo et de Alpha Condé aura la charge de gérer les affaires de la Guinée. L’argument avancé, c’est que la CENI n’est pas prête pour organiser le second tour de la présidentielle. Ce qui est déjà certain, c’est que chaque jour qui nous sépare de ce second tour, approfondit la cassure entre les acteurs politiques guinéens. Lorsque le général menace de nommer un civil à la tête du pays, cela est perçu par bien de gens comme un simple mot de passe. Tout au plus, le général a remué la bouche pour dire que quelqu’un commande en Guinée. Mais même pour parler, il était utile pour lui de se poser la question de savoir si ce genre de projet est autorisé par une loi et surtout avec quel Guinéen il compte réaliser un tel projet à si haut risque.

Tout compte fait, le général d’armée a déjà compris que la vérité ne peut pas ne pas triompher. Ce n’est là qu’une question de temps. Ce qui reste évident c’est que les gouvernants français ne serviront jamais les intérêts supérieurs du peuple laborieux de la Guinée. Aussi, il apparaît- il clair pour tous que Moussa Dadis Camara dérangerait les ennemis des masses travailleuses de Guinée. Les ennemis de la Guinée ont déjà compris  qu’avec Moussa Dadis Camara la gestion mafieuse des affaires ne pouvait pas continuer. Ceux qui disaient que la Guinée, sous le CNDD, n’était pas fréquentable, étaient convaincus du sens élevé du patriotisme de Moussa Dadis. Ils n’avaient donc qu’une seule alternative : écarter Moussa Dadis du pouvoir même s’il fallait le mettre à mort. Ainsi, on peut dire sans risque de se tromper que « quand le chat est absent, les souris dansent majestueusement. »

Mais les Guinées (et à travers eux les Africains) doivent se rendre à l’évidence que ce tripatouillage politique ne servira pas la cause des masses laborieuses de Guinée. Aussi doivent- ils faire sienne ce savoir penser de chez nous qui dit : « rira bien celui qui rira le dernier. »

Dans cette impasse née des calculs machiavéliques de certains guinéens et de leurs consciences françaises, tous les coups sont permis mais aussi l’on ne doit pas oublier que la roue de l’histoire continue à tourner. Laissons le temps au temps pour permettre aux masses laborieuses guinéennes qui s’agitent à leur nom. Comme le dirait ce philosophe allemand Friedrich Nietzsche : « le temps est galant ». L’on ne saurait « charlanter «  sur le moment proche ou lointain, mais la vérité se manifestera nécessairement aux Guinéens et aux autres peuples d’Afrique.

Wait end see !

Fodé KEITA

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