Élections avant la libération des régions du nord : Les Maliens divisés

29 Nov 2012 - 07:50
29 Nov 2012 - 07:50
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Ceux qui espéraient voir une intervention armée des forces internationales, africaines notamment, dans le Nord du Mali doivent encore s’armer de patience. Pendant ce temps, on projette d’organiser des élections au premier trimestre de 2013. Qu’en disent les Maliens ? Pour l’intervention de la force internationale afin de libérer le nord du pays, ce ne sera pas avant septembre 2013, si l’on s’en tient  aux propos de l’envoyé spécial de l’Onu au Sahel, le mardi 20 novembre dernier, au cours d’une conférence de presse à Rabat (Maroc). En faisant cette déclaration, Romano Prodi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, laisse plus d’un Malien septique sur la volonté réelle de la communauté internationale à aider notre pays à reconquérir ses régions occupées par les terroristes et autres narcotrafiquants. Aux yeux de plusieurs observateurs avisés, il s’agit là  d’une manière à peine voilée des grandes puissances de pousser le Mali vers l’installation d’un pouvoir démocratiquement élu à Bamako avant toute action militaire au Nord. Les Usa, on le sait, en font leur cheval de bataille depuis longtemps. De ce fait, depuis la sortie de M. Prodi, il y a quelques jours, l’éventualité de la tenue des élections avant la délivrance des régions du Nord refait surface et devient l’objet de causerie dans plusieurs bureaux et autres salons feutrés de Bamako. Interrogés sur l’opportunité d’une telle option, les Maliens donnent des avis contraires. Lisez dans les lignes qui suivent les impressions des Bamakois que nous avons rencontrés. Salif Coulibaly, Consultant «A mon humble avis, les élections doivent se tenir avant la libération des régions Nord. Ceux qui croyaient au départ que cette hypothèse était matériellement impossible commencent à changer d’avis car beaucoup de nos partenaires parlent de la pertinence de cette option. Vous savez, ce qui divise la classe politique aujourd’hui, c’est le problème de légitimité du pouvoir. Les concertations nationales qui se profilent devraient, au bout du compte, légitimer le pouvoir en place. Or, les élections visent la mise en place d’institutions démocratiquement élues, donc légitimes. Les élections, fussent-elles partielles, valent mieux que rien. Mais, tant que nous allons rester dans cette cacophonie, il nous sera difficile de bouter ces gens (entendez les bandits) hors de notre pays». Sékou M. Traoré, Juriste «Personnellement, je ne pense pas que l’idée de tenir les élections dans cette situation de partition du pays soit sage. C’est comme si nous donnions raison au Mnla qui a pris les armes pour réclamer l’indépendance. D’ailleurs, est-ce qu’il est techniquement possible que les élections soient tenues avec ces déplacés et ces réfugiés ? Comment pourront-ils être recensés ? Cela risque d’impliquer une prorogation de la période transitoire. En tout cas, si on le faisait, ce serait une manière d’ouvrir la voie à toute sorte d’aventure. Je crois que la communauté internationale doit plutôt aider le Gouvernement à reconquérir la portion de territoire occupée, maintenir la sécurité le long des frontières et, concomitamment, préparer les élections». Mme Keïta Assanatou Diallo, vendeuse de légumes «Tout ceci est une affaire des intellectuels car, ce sont eux qui manigancent tout. Nous autres ne comprenons peu de chose. Je crois que si les blancs (entendez la communauté internationale) exigent qu’on tienne les élections avant la libération du Nord, il faut le faire sinon ils ne nous aideront pas. Or, tout le monde sait que les Maliens souffrent de nos jours». Alou Dramé, Ouvrier  «Ce n’est pas du tout bon. On doit envisager les élections à condition de les tenir sur toute l’étendue du territoire national. Si ce n’est pas le cas, nous aurions accepté de nous passer de nos compatriotes des régions Nord. Je suis sûr qu’ils le feront, mais c’est un peu gauche quand même». Cheickna Dravé, Enseignant à la retraite «Cela n’est pas possible. Les régions de Tombouctou, Gao et Kidal font partie intégrante du Mali. On ne devrait donc pas pouvoir tenir les élections sans elles. D’ailleurs, sur la question, je crois que le Ministre malien des Affaires étrangères a été claire avec les occidentaux». Mme Koné Marie Samaké, bibliothécaire «Ce n’est pas possible. Pensez-vous qu’il est possible de tenir des élections dans un contexte où les gens s’entredéchirent chaque jour ? Je pense qu’il est mieux qu’on attende que la tension sociale baisse avant de tenir les élections.» Hassane Touré, Etudiant «Vu la situation actuelle, il est inimaginable qu’on tienne des élections. On ne doit même pas parler d’élections sans la reconquête du Nord». B.S.

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