Le syndicat national des commissaires de police (Synacompol) s’insurge contre les promotions en grade opérées au sein de la police nationale. Pour les commissaires, cette mesure sent une forte odeur de clanisme. La position des commissaires au sujet de cette affaire a été affichée le vendredi dernier lors d’une conférence de presse.
La décision, selon plusieurs policiers, est outrageante et dépasse l’entendement. «Au mépris des textes régissant la corporation, on a bombardé même des sergents au grade de commissaire
sans qu’ils passent par les grades intermédiaires et qu’ils participent à
aucune formation. Et, parce qu’ils ont simplement participé au coup d’Etat», s’emporte un officier de la police, devenu commissaire, pratiquement à l’approche de la fin de carrière. La colère au sein de la police est aujourd’hui perceptible, suite aux dernières promotions. Parmi ceux qui protestent énergiquement contre la mesure prise, figure le corps des commissaires de police dont le syndicat a organisé, le vendredi, une conférence à la maison de la presse. Une conférence à laquelle les commissaires de police ont massivement assisté.
Le syndicat a exposé le processus administratif prévu à la police pour les avancements en grade et échelon. Selon le secrétaire général, le commissaire Ousmane Diallo, la police ne connaît que deux procédures où des promotions spéciales peuvent être accordées. Il s’agit, selon lui, des procédures prévues aux deux articles 120 et 121 du statut de la
police. Pour lui, les promotions accordées à la faveur du 22 septembre n’étant pas pris en compte par ces deux articles, elles sont donc nulles et de nulles effets.
Kati dans les affaires de la police ?
«La police est un corps civil ; elle est organisée selon un statut qui indique comment se font les promotions et les avancements. L’armée et encore moins les membres du CNRDRE n’ont rien à y voir», ont martelé les responsables syndicaux. Ceux-ci mettent en cause le syndicat du Gms qui est accusé de vouloir profiter de ses liens avec l’ex junte, pour «s’accorder des avancements qui tranchent d’avec la légalité ». Selon le commissaire Diallo, à la police les choses sont pourtant assez claires : c’est au ministre de la sécurité intérieur et de la protection civile, leur autorité de tutelle, qu’émane toutes les propositions de promotion. C’est lui qui juge l’opportunité et dresse la liste des concernés. Après, il transmet la liste à ses supérieurs hiérarchiques pour approbation.Pour le synacompol, dans cette affaire, certains ont tout fait pour contourner cette procédure (normale).
«Quand nous avons appris que cette promotion exceptionnelle était envisagée, nous avons saisi le ministre qui nous a dit qu’il n’en était pas informée. Mais qu’il avait reçu la visite de deux éléments du syndicat du Gms qui voulaient savoir si Kati lui avait transmis une liste concernant la police». C’est, dira le commissaire Diallo, après que le ministre, (Tiéfing Konaté), est allé à Kati. «C’est là que la liste des éléments concernés lui avait été remise », a déclaré le commissaire Diallo. Celui-ci n’a pas caché son étonnement lorsque, en possession de cette liste montée sur «des bases obscures » le ministre, malgré les réserves formulées par certains de ses collaborateurs, n’a manifesté aucune intention de faire annuler les deux actes pris en «flagrante contradiction avec le statut des fonctionnaires de police ». C’est face à ce qu’ils qualifient d’attitude jugée ambiguë du ministre, que les commissaires de police ont décidé de se faire entendre. Pour le syndicat des commissaires la suite de ses actions
est déjà connue : Il s’agit, à partir de cet instant, de rester légaliste
en privilégiant tous les moyens légaux. L’objectif des commissaires est de
montrer à l’opinion toute l’injustice qui a entourée ces promotions en grade, ensuite d’obtenir leur annulation pure et simple.
Oumar Diamoye