Décentralisation poussée : Le projet de découpage territorial attise la colère des populations du Nord.

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Mohamed Ag ERLAF
Mohamed Ag ERLAF, ministre de l'Administration territoriale

Depuis le lundi 8 octobre dernier, le projet d’un nouveau découpage administratif circule sur les réseaux sociaux. Il prévoit la création de 20 nouvelles régions administratives composées de nouveaux cercles et de nouvelles communes dont une dizaine de communes pour le district de Bamako. Les réactions ne se sont pas fait attendre puisque des contempteurs ont aussitôt donné de la voix pour afficher leur opposition audit projet. Certains estiment qu’il favorise les populations nomades au détriment des sédentaires, tandis que d’autres jugent arbitraires d’autant que les populations à la base n’ont jamais été consultées sur la décision gouvernementale.

C’est surtout dans le Nord du pays que le sujet a eu plus de résonance car des voix discordantes ont ouvertement agité la menacer contre l’application du projet. Les Goundamiens ont par exemple tenu une Assemblée Générale, le samedi 13 octobre, pour réclamer la création de la région de Goundam. Dans leur communiqué, les ressortissants de ladite localité dénoncent le fait qu’«avec son histoire et sa géographique, Goundam n’est pas érigée en région alors que des zones considérées comme des postes de police bénéficient de ce statut».

L’association Irganda, sous la houlette de l’ex Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, dit avoir pris connaissance du projet de loi qui porte sur la création des collectivités territoriales en République du Mali et relève “des insuffisances notoires»  dont Irganda dit se désolidariser en l’état. Même lever de boucliers du côté de la CJA pour qui le découpage administratif est une composante essentielle de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et impose à ce titre des consultations préalables avec les populations et tous les mouvements politico-militaires”. Idem pour FPA qui a fait part de sa surprise de constater que le projet ne repose sur aucune logique. Pour la tribu Imididaghane de Tombouctou, “la réforme doit être participative, inclusive, juste et objective”.

Réagissant à la polémique, un chef de tribu Kel Antsar, Mohamed Ag Mohamed El Moctar, estime que “le projet de découpage ne vise qu’à multiplier les conflits même si peut-être il a un  côté positif”.

Très engagé dans ce combat, le Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP) y déplore des insuffisances et juge insuffisante la proposition faite par l’équipe technique du ministère de l’Administration territoriale et de la Primature. Le Collectif invite par conséquent le gouvernement à revoir sa copie avant de la soumettre à l’Assemblée nationale pour adoption.

Approché par les communautés mécontentes, le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, a presque nié l’authenticité dudit projet. Selon lui, il s’agit d’un vieux projet de l’ère ATT qu’un agent de son département a sciemment fait fuité. En tout cas, le document en question qui circulé sur les réseaux sociaux n’est pas signé.

Quoi qu’il en soit, la vague de désapprobations suscitées préfigure le degré d’adhésion de la population malienne à un Accord dont elle ne perçoit les contours et ne mesure la teneur qu’à l’aune de son application.

Amidou Keita

 

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