Sadia SOUMARE colistier non moins camarade du président de la transition de 1997-2002 à Nara : " Dioncounda a l'obligation de réussite et il doit réussir "
Mahamadou Yattara: Comment vous avez connu l'homme?
[caption id="attachment_88875" align="alignleft" width="315"] Sadia Soumaré[/caption]
Sadia Soumaré : Effectivement, j'ai connu le professeur Dioncounda Traoré peu de temps avant l'indépendance du Mali. J'étais hors du pays en Sierre Léone. Je suis rentré au Mali en 1957. A l'époque, la scène politique était aminée par des hommes comme Modibo Keïta, Mamadou Konaté, Fily Dabo Sissoko, Mamadou Fadiala et plusieurs autres syndicalistes et intellectuels. À eux tous, je leur rends un vibrant hommage. Ces leaders ont conduit le peuple du Mali à l'indépendance. A Nara, j'ai fait la connaissance d'un des principaux animateurs de la scène politique locale, Sékou kanakono, percepteur et Secrétaire général de l'US RDA. Grâce à lui, j'ai pu créer le premier mouvement de la jeunesse RDA. C'est ainsi que j'ai fait mon premier pas dans la politique.
Le 22 mars, comment vous avez accueilli la mutinerie qui a abouti à la démission d'ATT. Nous savons que vous avez battu campagne pour lui au nom de l'ADP en 2007 ?
Quand j'ai appris le coup d'Etat contre Amadou Toumani Touré, c'est avec la dernière énergie que je l'ai condamné. En son temps, j'ai dis à qui veut l'entendre qu'ATT ne mérite pas ça. Avec tout ce qu'il a passé à la tête du pays, ce qu'il a subi, m'a affecté. Quand les mères et épouses des militaires ont été reçues par le président, au cours des échanges, il a dit une chose qui m'est restée gravée dans la mémoire : " entre le Mali et la guerre, je préfère le Mali ". Une manière pour lui d'éviter la guerre par tous les moyens à son pays. J'ai aimé et apprécié cette grandeur de l'homme qui a placé son pays au dessus de toutes les intrigues politiques. Tout ce qu'on reproche à ATT n'est pas fondé parce que l'homme que j'ai connu pendant que j'étais député à l'Assemblée nationale du Mali a beaucoup de mérite et est victime des préjugés sociaux. J'ai mal vécu le coup d'Etat. Le moment était mal choisi. Le pays était si bien parti et cité en exemple pour son alternance démocratique que nous aurions dû nous passer d'un coup d'Etat. Des chantiers étaient ouverts.
Comment vous avez passé la journée du 21 mai 2012, quand votre camarade et colistier de Nara est agressé par des manifestants qui ont envahi son bureau de Koulouba?
J'ai senti un grand malaise, une grande douleur. Je n'en veux pas à ceux qui l'ont agressé. Ils étaient en mission. L'acte a été minutieusement préparé. Sinon comment comprendre que des gens puissent grimper la colline de Koulouba pour agresser un président de la République dans son bureau. C'est impensable pour le commun des mortels que nous sommes. C'est une première à mon avis sous une alternance démocratique qu'un président de la République se fasse agresser dans son bureau.
Vous qui l'avez connu enfant, qui est réellement Dioncounda Traoré?
Je l'ai connu depuis son enfance. Quand il était élève, il venait régulièrement chez moi, en plus c'est un neveu. J'ai vu l'homme progressé dans la vie suivant son propre rythme. Il est toujours au dessus de la mêlée. C'est ce qui lui a permis de se forger une personnalité. De ce jour à maintenant, j'ai accordé une attention particulière à cet homme courageux, intelligent, doté d'une grande tolérance et qui déteste avant tout le mensonge et la compromission.
Y'aurait-il quelque chose chez lui que vous n'appréciez pas ?
Non ! Je ne lui reproche rien. Au contraire je le félicite pour son courage et sa grandeur d'esprit. Ceux qui l'accusent ne le connaissent pas. Ses proches savent qui, il est réellement. Il a des qualités exceptionnelles qui poussent ses collaborateurs à l'aimer et à lui emboiter le pas.
Avez-vous communiqué avec lui pendant sa longue convalescence en France ?
J'ai communiqué plusieurs fois avec lui et nos communications portaient sur son état de santé et son moral. A aucun moment, je n'ai senti de haine chez lui contre ses agresseurs ou contre tous ceux qui ont comploté contre lui. Sur son lit d'hôpital, il s'inquiétait pour le pays. Il souffrait dans sa chair chaque fois qu'on parlait du Mali. C'est dire donc, quelle fût vraiment la peine de l'homme pour son pays.
Le pardon de Dioncounda à ses agresseurs était-il sincère ?
C'était sincère et ça l'est encore aujourd'hui, il ne joue pas avec les mots. Ce n'est pas un homme de ruse. Dioncounda est un homme correct.
En acceptant de diriger la transition, le professeur s'est lancé dans un combat titanesque (recouvrer l'intégrité du territoire, organiser les élections et réconcilier les Maliens), pensez-vous qu'il a les moyens de sa politique?
Bien sûr, je suis optimiste, le président a les moyens. Les différentes rencontres qu'il a eues avec les partis politiques, les organisations religieuses, la société civile me poussent à dire qu'il est bien parti. Il a fait preuve d'une certaine ouverture et c'est ce dont, le pays a besoin aujourd'hui. Tous ont compris et approuvé son initiative. Dioncounda a l'obligation de réussite et il doit réussir. Cette réussite se fera avec les Maliens et les Maliennes de tout bord. Je pense du fond du cœur que le Professeur Dioncounda Traoré est le seul qui puisse nous sortir de la crise que traverse le Mali.
Pensez-vous que l'armée malienne est capable de faire recouvrer à notre pays son intégrité?
Je tiens à féliciter la jeunesse de ses trois localités pour sa résistance. Ses jeunes ont fait preuve de courage en défiant les mains nues des envahisseurs lourdement armés. Je suis sûr que tôt ou tard cette situation finira. Ces islamistes ne sont pas des bons musulmans. Je peux même dire qu'ils ne sont pas musulmans. Ce sont des bandits qui veulent s'enrichir en volant, en pillant et en faisant des prises d'otages comme moyen d'échanges. L'armée peut reconquérir le nord à la condition qu'elle s'organise et qu'elle applique la discipline militaire dans l'union et la cohésion. Avec sincérité elle peut recouvrer l'intégrité du territoire. Cette armée est une armée brave. Les aînés et pères des hommes qui la constituent ont fait leur preuve dans les rangs des tirailleurs sénégalais et tout récemment sur plusieurs théâtres d'opération en Afrique et ailleurs. Que nos militaires s'inspirent d'eux.
Vous êtes du parti Adema, parti de Dioncounda Traoré. Qu'entendez-vous par gouvernement d'union nationale et quel sort réserverez-vous au Dr Cheick Modibo Diarra?
Un gouvernement d'union nationale est un gouvernement composé des forces vives de la nation, de la société civile et des partis politiques. Mais quel que soit son caractère général, le dernier mot revient au président de la République.
Le président a annoncé un schéma de sortie de crise avec un président, deux vice-présidents et un premier ministre. Croyez-vous à l'efficacité de ce schéma ? N'est- ce pas une façon d'isoler le premier ministre?
Ce schéma est efficace même si la constitution ne prévoit pas de vice- présidents mais à situation exceptionnelle il faut des mesures exceptionnelles. Ce schéma est loin d'être un plan visant à isoler Cheick Modibo Diarra. S'il veut l'isoler il peut le faire sans ce schéma.
Propos recueillis
par Mahamadou YATTARA ( étudiant en communication)
Quelle est votre réaction ?






