L’industrialisation, clé de l’émergence économique africaine….

Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale de l’Industrie et
des Mines de Rabat.
Directeur d’Usine à IMAFER SA – Bamako, Mali[/caption] L’Afrique est la région du monde ayant enregistré la plus forte croissance durant les deux dernières décennies et selon les institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale,...) cette dynamique devrait être confirmée en 2015 avec un taux de croissance moyen attendu entre 4% et 5% soit au dessus de la moyenne mondiale qui se situerait autour de 3,2%. Cela, malgré les turbulences d’ordre financier, sanitaire et sécuritaire que subit le continent. Avec une population qui va doubler en 2050 donc une augmentation de la demande et de la consommation, d’excellentes perspectives de développement s’offrent à l’Afrique à condition que ses dirigeants s’engagent à mettre en œuvre des stratégies et politiques appropriées pour l’accélérer. En effet, on remarque que l’Afrique, malgré toutes ses richesses en ressources naturelles minérales et agricoles, reste encore le continent le moins industrialisé (environ 1% de la production mondiale) et le plus pauvre : 34 des 48 pays les moins avancés du monde s y trouvent plus précisément dans la partie sub-saharienne. A l’opposé, la majorité des pays occupant les 30 premières places du classement PNUD ne sont autres que les pays dit «industrialisés » ou communément appelés « développés » tels les Etats unis d’Amérique, l’Allemagne, le Royaume uni, la France, le Canada, le Japon entre autres. Il en découle une relation proportionnelle entre développement et industrialisation. Plus d’un demi-siècle après son indépendance, le continent africain dépend toujours de l’exportation de ses matières premières minérales et agricoles (pétrole, minéraux, café, cacao, coton……) vers les pays industrialisés qui les transforment pour revendre ensuite à l’Afrique des produits manufacturés beaucoup plus chers. De plus les prix de vente de ces matières premières ne sont guère maîtrisés puisqu’ils dépendent des cours internationaux du baril de pétrole ou du dollar US…. Il apparaît que ces échanges soient tellement juteux pour les pays industrialisés que l’on s’interroge sur l’intérêt qu’ils auraient à ce que l’Afrique s’industrialise, se développe, …prenne enfin son destin en main ! D’ailleurs l’avènement des programmes d’ajustement structurel (PAS) des années 1980/1990 imposés aux pays africains par le FMI et la banque mondiale a été une des causes majeures dans la « désindustrialisation» de bon nombre de pays africains à travers la privatisation mal pensée d’entreprises industrielles publiques. Ces Etats, qui à peine accédés à l’indépendance ont mis en œuvre des stratégies nationales de substitution des importations basées sur le développement industriel. La situation ne fut guère améliorée par les mesures de libéralisation du commerce instaurées dans un contexte de mondialisation précoce. En fait, ces pays n’étaient pas préparés à ces changements structurels précipités qu’exigeaient les bailleurs de fonds au nom de la bonne « gouvernance ». Il aura fallu d’abord asseoir une base industrielle solide et compétitive capable de résister à la concurrence des produits importés et de créer de la valeur ajoutée localement notamment par l’emploi, le transfert de technologie, l’innovation…. Face à ces constats et compte tenu des défis de plus en plus complexes auxquels les pays d’Afrique sont confrontés (crises financière, économique, sociale, sécuritaire et sanitaire….) la mise en œuvre d’une politique de re industrialisation accélérée devient un impératif de survie. Comment faire pour que l’Afrique passe d’un acteur marginal à un acteur majeur de la production industrielle et des échanges commerciaux à l’échelle mondiale ? Les spécialistes de l’Organisation mondiale des nations unis pour le développement industriel (ONUDI) s’accordent à dire que pour espérer un développement durable dans un pays, il faudra que le poids de l’industrie dans son PIB (Produit intérieur brut) soit au moins égale à 16%. Si cet indicateur dépasse les 20% pour les pays industrialisés, il reste largement en dessous des 10% pour la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne. Par ailleurs les produits manufacturiers ne représentent que 30% des exportations africaines alors qu’ils y sont pour 80% des exportations mondiales. De part son effet d’entrainement, l’industrie représente le secteur à même d’accélérer le développement économique de l’Afrique notamment par la création d’emplois, la croissance des secteurs associés comme l’agriculture, les transports, les banques, la formation, la sous traitance et même l’innovation technologique. Elle représente une opportunité inégalée pour éradiquer la pauvreté en permettant aux populations d’accéder à l’emploi, d’augmenter leurs revenus donc en les aidant à s’aider eux-mêmes. Plusieurs difficultés entravent le développement industriel de l’Afrique :
- La faible volonté politique des dirigeants africains ;
- La mauvaise gouvernance (Mauvaise gestion des secteurs public et privé,) ;
- Le manque d’infrastructures de base (Transport, Routes, Energie, ….) ;
- La faiblesse des institutions (climat des affaires, règlementations…)
- Le manque de ressources humaines qualifiées ;
- La concurrence de produits importés des pays asiatiques (Chine, Inde,…).
- La création de zones franches régionales et de technopoles,
- La création d’écoles supérieures du textile à l’échelle régionale qui formera des Ingénieurs et Techniciens hautement qualifiés dans l’industrie textile ;
- Le développement des infrastructures de base ;
- La conception d’un package incitatif englobant des mesures d’encouragement des investissements sur les plans institutionnel, financier, fiscal, juridique et social ;
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