La Cour suprême des États-Unis pourrait-elle intervenir dans l'élection?

Pour limiter le risque de propagation du Covid-19, la plupart des États ont élargi la possibilité de voter de manière anticipée ou par courrier. Plus de 100 millions d’Américains en ont fait usage, un record. Dès cet été, Donald Trump a condamné le vote par correspondance, assurant qu’il facilitait la fraude. “Ce n’est pas le cas”, commente pour l’AFP Ed Foley, expert en droit électoral à l’Université de l’Ohio. Pour lui, ces votes ont juste ralenti le dépouillement et expliquent pourquoi l’issue du scrutin reste inconnue, mais ils ne posent “aucun problème sur le plan légal”.La pandémie, terreau des griefs
La modification des règles pour s’adapter à la pandémie a pourtant fait l’objet de nombreuses contestations en justice au cours des derniers mois, notamment de la part des républicains dont les électeurs sont moins adeptes de la procédure.Grandes manœuvres pré-électorales
Écart très étroit
Des batailles judiciaires pourraient retarder de “plusieurs semaines” l’annonce des résultats, mais “il ne suffit pas d’aller en justice, il faut avoir de quoi le faire et que cela affecte suffisamment de vote”, souligne Ed Foley.
Comme les règles électorales varient d’un État à un autre, voire d’un comté à un autre, les plaintes ne portent en effet que sur un nombre limité de suffrages (arrivés après le scrutin, non affranchis, mal signés...) dans une circonscription donnée.
Pour que cela puisse affecter l’issue du scrutin, il faut que l’écart entre les deux candidats soit “extrêmement serré” dans l’État, bien en deçà de “2%”, ajoute Derek Muller, professeur de Droit à l’Université de l’Iowa.
En 2000, le démocrate Al Gore avait réclamé un nouveau comptage des voix dans quatre comtés de Floride, où des irrégularités avaient été relevées, parce qu’il n’avait que 537 voix de retard sur George W. Bush dans tout l’État. La Cour suprême avait bloqué ce nouveau comptage, donnant la victoire au républicain.
Sans attendre de connaître les résultats définitifs, Donald Trump a demandé dès mercredi un recomptage des votes dans le Wisconsin, assurant être “dans la marge” qui l’autorise à le faire.
Cour politisée?
La Cour suprême est la juridiction de dernier recours aux États-Unis, mais elle n’est pas obligée de se saisir des dossiers qui lui sont transmis. Si elle refuse d’intervenir, la dernière décision, souvent celle d’une cour d’appel fédérale ou d’une Cour suprême d’un État, reste en place.
En 2000, certains de ses neuf sages avaient regretté qu’elle se mêle de politique, rappelle Derek Muller. “Ses motivations actuelles sont une question ouverte”, ajoute-t-il.
Donald Trump a nommé une semaine avant le scrutin la juge conservatrice Amy Coney Barrett, en disant explicitement qu’il voulait qu’elle soit en place pour juger d’éventuels litiges électoraux. Lors de son processus de confirmation, elle a refusé de dévoiler ses positions.
La Cour suprême des États-Unis, qui est accusée d’être de plus en plus politisée, pourrait être tentée de protéger sa légitimité en restant à l’écart de la mêlée.
SOURCE: https://www.huffingtonpost.fr/
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