Sommet Afrique-France de Bamako : «De tous les chefs d’Etat français, Hollande aura été le plus sincère avec l’Afrique» IBK

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Tenu les 13 et 14 janvier 2017 au Centre international de conférence de Bamako, trois interventions ont marqué la cérémonie d’ouverture qui a regroupé plus de 35 chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que 60 délégations. Il s’agit de celles des Présidents de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, de la France, François Hollande et d’Idriss Déby, président de l’UA.

L’organisation du  sommet de Bamako pour le partenariat, la paix et l’émergence  était un grand défi pour le Mali. Non seulement, il permettait de prouver aux yeux du monde que le Mali martyrisé en 2012 par les forces obscures s’est remis sur les pieds,  mais aussi qu’il était redevenu une meilleure destination des investisseurs.

Faut-il le rappeler, les attentes de ce sommet sont aussi grandes que variées. Il s’agit entre autres de : la responsabilité plus partagée dans la mise en commun de moyens et de forces dans la lutte globale contre le terrorisme;  la mobilisation autour de l’agenda 2063 de l’Union africaine;  la mobilisation autour de l’accord de Paris sur le changement climatique par la consolidation du partenariat Afrique-France face aux risques que représentent la désertification qui progresse, la déforestation, le manque d’eau, les risques pour la biodiversité. A cela s’ajoute l’accélération des rythmes de croissance économique inclusive, avec des politiques plus efficaces aux plans de l’épargne et de l’investissement, en développant nos infrastructures et notre capacité commune dans les domaines scientifiques et techniques;  la concrétisation du projet de ‘’Fondation franco-africaine pour la      croissance’’ visant l’augmentation du niveau des échanges commerciaux entre la France et le continent africain; l’opérationnalisation de l’Initiative africaine sur les énergies renouvelables et  l’élargissement du partenariat Afrique-France en matière de connaissance, du savoir, de l’innovation et de la numérisation pour favoriser la diversification des économies.

Au regard des enjeux importants de cette rencontre internationale pour notre pays, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta ne s’est pas fait prier  pour rendre un hommage mérité à celui qui a proposé Bamako pour abriter le présent sommet. Il s’agit du Président français, François Hollande. «C’est ici, le temps d’un agréable devoir, dont je voudrais m’acquitter avec d’autant plus de fierté qu’il revient à rendre hommage à un homme dont nous sommes, quelques-uns, dans cette salle, à oser pouvoir dire que, de tous les chefs d’Etat français, il aura été celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère, le plus loyal», a déclaré le chef de l’Etat malien.  A l’en croire, le choix de Bamako traduit la confiance en la capacité de notre pays de renouer avec l’ambition après avoir subi l’épreuve.

Comme on pouvait s’y attendre, il n’a pas tari d’éloge pour magnifier l’intervention de la France au Mali le 11 janvier 2013 neutralisant la menace qui pesait sur l’existence du Mali.

«Ce jour-là, le destin du Mali tenait à une décision résolue et rapide de votre part. Et cette décision, vous l’avez prise, Monsieur le Président, sans hésitation», soutiendra-t-il.

Les Emirats Arabes Unis ont mérité un hommage appuyé pour leur contribution exceptionnelle à l’organisation du présent sommet (20 millions de dollars).

Fierté et satisfaction du chef de l’Etat pour le retour à la normale

Avec un visage rayonnant, IBK a affirmé que le Mali est une Nation qui s’est remise debout, mais qui n’ignore rien des difficultés à surmonter dans la reconquête de sa stabilité. J’ai fait du retour à la paix, de la réhabilitation de la cohésion sociale et de la reconstruction du pays les axes prioritaires de mon mandat, souligne-t-il. D’où le sens de l’engagement du Gouvernement dans des négociations inter-maliennes à Alger.

La mise en œuvre de l’Accord  issu de ce processus, martèle-t-il, a produit d’autres effets positifs, notamment dans le domaine des réformes politiques et institutionnelles. Elle a aussi permis l’organisation le 20 novembre dernier de nos élections communales. Partant, il  a exhorté les signataires à s’inscrire sans arrière-pensées dans la mise en œuvre de l’Accord. Car, en dehors de celui-ci, il n’y a aucune perspective crédible pour le retour de notre pays à la normale.

Après avoir salué  l’adoption de la Résolution 2295 du 29 juin 2016, renouvelant le mandat de la Minusma autorisant celle-ci à adopter une posture plus robuste face aux attaques asymétriques, le Président IBK  veut plus. Il souligne l’urgence à renforcer les capacités opérationnelles de la mission en traduisant dans les faits les innovations qu’apporte la Résolution.

Le choix éclairé du thème du sommet

Pour le Président IBK, le thème du sommet, à savoir « Partenariat, Paix et Emergence» est d’autant très pertinent que les trois exigences s’imbriquent les unes dans les autres. L’Afrique et la France ont la possibilité de les prendre en charge, s’appuyant sur leur longue tradition de coopération et sur leur volonté éprouvée de cheminer ensemble. A son avis, Il nous est cependant urgent d’optimiser ces atouts à l’heure où des enjeux multiples et des défis communs nous imposent un partenariat constant. «Partenariat certes tourné vers une réponse solidaire. Mais aussi partenariat prenant en compte la reconstruction et le renforcement indispensable des capacités nationales de chaque Etat», a-t-il dit. Car, la nature même du terrorisme qui frappe  nos Nations nous contraint à observer en permanence une démarche novatrice en matière de sécurité collective. Cela afin de mieux faire face à l’action asymétrique imposée à nos armées et à nos forces de sécurité.

François Hollande met à l’aise IBK

Très glorifié dans le discours du Président  malien, le Président français, Hollande s’est montré modeste. Il se dit sensible aux mots prononcés par IBK à son égard. Je veux te retourner l’hommage que tu viens de m’adresser, souligne-t-il.  Il y a 4 ans, dit-t-il, les forces armées maliennes, africaines et françaises étaient engagées pour reconquérir le Nord du Mali. Mais la ville de Bamako était sous la menace d’une offensive terroriste de grande ampleur. Le peuple malien tremblait. Aujourd’hui, le terroriste ne contrôle plus aucun territoire, la démocratie a repris son cours, l’économie reprend, la réconciliation est en cours, se glorifie-t-il.

La tenue du sommet à Bamako est non seulement une volonté, mais aussi un défi. La volonté  était de pouvoir dire aux Maliens qu’ils étaient capables d’organiser un événement d’ampleur international. C’était un défi de logistique et sécuritaire qui doivent être relevés tout au long des prochaines heures. Et pour marquer l’engagement de la France en Afrique. « Je veux affirmer ici que la France restera toujours aux côtés du Mali, toujours. Jusqu’à l’aboutissement du processus de paix. Jusqu’à ce que ce l’Etat malien puisse avoir son autorité sur l’ensemble du territoire. Pour la France, c’est à la fois l’expression de sa solidarité à l’endroit d’un pays ami et l’accomplissement de son devoir. La solidarité, nous la devons à l’égard du sacrifice des tirailleurs lors des deux derniers conflits mondiaux. En venant au secours du Mali, puis en formant son armée, la France acquitte une dette, une dette à l’égard des soldats morts venant de toute l’Afrique pour notre liberté », a déclaré François Hollande.

En outre, poursuivra-t-il, en faisant cela, la France poursuit son intérêt, car il ne peut y avoir de sécurité, si les groupes terroristes s’installent à ses frontières. Il ne peut y avoir de maitrise de l’immigration sans sécurité politique, estime-t-il. Lorsque la France intervient désormais en Afrique, c’est toujours à la demande d’un pays souverain comme elle l’a fait au Mali, en Centrafrique et dans un pays autour du Lac Tchad pour lutter contre Boko Haram. Quand la France  est en Afrique, clarifie Hollande ; elle ne cherche pas à exercer une influence, à peser sur le choix politique d’un pays. Encore moins à capter ces ressources. Elle n’est là que pour participer à des opérations de maintien de la paix. Et pour travailler avec les Africains pour le renforcement de leur capacité de défense.  « Ce sont les Africains qui devront assurer la sécurité des Africains.  Ce sont les forces armées africaines qui devront lutter contre le terrorisme. Mais nous, la France, nous devons vous soutenir». Partant, il a annoncé  l’augmentation de la formation de 20 000 soldats africains par an à 25 000 pour les trois prochaines années. Au-delà de la formation des soldats africains, ajoute-il, la France doit accompagner l’Afrique pour son émergence et à accroitre sa croissance économique. Pour ce faire, annonce Hollande,  son pays a décidé l’augmentation du financement de l’investissement de l’AFD en Afrique. Il passe de 20 milliards d’euros à 23 milliards, soit une augmentation de 15%.

Pour sa part, le Président de l’Union africaine, Idriss Déby, il a salué l’engagement constant de François Hollande aux côtés de l’Afrique. Pour lui, le tourment auquel est confronté le monde entrave nos politiques et efforts de développement. Face à cette situation, indique-t-il, nous n’avons d’autres choix que d’unir nos forces. C’est à ce seul titre que notre émergence prendra corps. L’Afrique devenue un théâtre de conflits et de guerres, ainsi que de trafic de drogue a aujourd’hui besoin d’une solidarité agissante.

Oumar KONATE

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