Après leur rencontre du lundi 4 juillet avec la commission de bons offices : Les 7 prétendants acceptent la désignation d'un candidat de consensus

Cette proposition faite par la Commission de bons offices, lors de sa rencontre du lundi dernier, a été acceptée par l'ensemble des sept prétendants à la candidature de la ruche à l'élection présidentielle de 2012. Le seul candidat qui avait voulu faire de la résistance a, par la suite, rallié la position commune. D'où ce sentiment de satisfaction qui se lisait sur le visage des membres de ladite Commission au sortir de la salle. Notre reporter a pu glaner quelques informations, auprès des sources du parti, sur cette rencontre qui était qualifiée par certains de celle de la dernière chance. 

a scène, qui a paru surréaliste, ce lundi soir après ladite rencontre, c'est le fait que l'un des candidats les plus engagés et, certainement, le plus attendu sur la première marche du podium, à savoir Sékou Diakité, a été presque assailli par des militants de la ruche qui voulaient tous avoir un exemplaire du dépliant à son effigie. Un beau document en quadricouché sur du papier glacé, avec à l'intérieur un " Appel aux militants de l'ADEMA-PASJ pour un Nouveau départ ". C'était comme si les militants à la base, qui attendaient avec anxiété cette rencontre entre la Commission de bons offices avec les sept candidats à la primaire ADEMA, avaient déjà fait leur choix. Devant le siège d'un parti désormais inquiet sur son propre sort, l'" Appel… " de Sékou Diakité s'arrachait comme du petit pain. Quand les autres candidats s'efforçaient d'afficher une mine gaie afin de ne pas trahir ce qu'ils ressentaient au plus fort d'eux-mêmes, le premier candidat déclaré, le jeune loup aux dents longues, Sékou Diakité, était aux anges. Comme s'il avait déjà gagné la guerre.

Au même moment, devant les portails de l'ADEMA-PASJ, les gardes du corps du président de l'Assemblée nationale, tels des cerbères,s’évertuaient à couper la petite circulation sur cette voie, afin de permettre la sortie du maître des lieux. Des lieux qui apparaissent désormais comme hantés aux yeux de Dioncounda Traoré. Pour qui la présente primaire apparait comme le plus grand et difficile challenge auquel il est confronté dans sa vie de militant de la ruche.

Rappelons-nous, en 1999, il avait hérité de la présidence du parti suite à la démission surprise de l'ancien président Ibrahim Boubacar Kéïta dont il était l'adjoint. Depuis, tout lui souriait au sein de la ruche qu'il dirige depuis une douzaine d'années.

Le temps contre Dioncounda

La réunion du lundi dernier, entre la Commission de bons offices et les sept (un chiffre béni) candidats à l'investiture du parti de l'abeille, était annoncée, par certains, comme celle de la dernière chance. En effet, lancée officiellement le 25 mai dernier la primaire ADEMA est depuis sur toutes les lèvres comme un facteur de risque pouvant conduire à l'implosion du parti. La première Convention nationale de l'ADEMA étant encore fraîche dans les mémoires, beaucoup d'observateurs attendent de la présente qu'elle éclore des mêmes conséquences fâcheuses. Dont la principale a été la perte du pouvoir en 2002. Alors que tous les ingrédients étaient réunis pour une victoire éclatante du candidat de la ruche Soumaïla Cissé, un candidat indépendant, en la personne du président ATT, est parvenu, avec le soutien actif d'une frange importante de l'ADEMA, à barrer la route au candidat du parti-Etat. A cause des querelles de leadership, le parti perdit et le pouvoir et son candidat à ladite présidentielle qui, avait, lui aussi, à l'instar de IBK, quitté le navire au bord d'une crise de nerf.

C'est de cette situation qu'hérita Dioncounda Traoré qui, après le départ inopiné de son ami et frère IBK en 1999, avait prononcé, tel que le ferait un centurion avant d'aller au combat: " IBK est parti, l'ADEMA continue ", déclenchant un tonnerre d'applaudissements. Voilà donc un homme qui a été un véritable héros ce jour-là, mais qui se trouve être aujourd'hui en pleine difficulté…de se faire accepter par le parti qu'il dirige depuis douze ans. Si l'ADEMA était un adulte, l'on aurait dit qu'il a manqué de respect à un doyen voire à un grand-père. Hélas ! L'ADEMA n'a que vingt ans. Une sorte d'âge de la contestation parfois assimilée en…ingratitude. Dioncounda se voit-il en train d'être trahi, délaissé ? Certainement. Car les difficultés qu'il éprouve présentement ne sont pas venues d'un seul coup. En douze ans, il a certainement surfé sur du vide dans le tourbillon des flatteurs même si lui-même est peu sensible aux flagorneries.

Mais comment a-t-il agi en tant que président de l'ADEMA et de l'Assemblée nationale, avec un budget de près de 10 milliards FCFA et " une caisse noire " de 20 millions par mois, soit les salaires mensuels cumulés de 200 cadres réunis,  pour ne pas pouvoir s'imposer au parti et à ses cadres. Car, nulle part dans le monde, vous ne verrez un cas similaire où un président de parti, président de l'Assemblée nationale, est concurrencé notamment par ses deux premiers adjoints et le secrétaire général du parti avec lesquels il travaille depuis douze ans.

Sékou Diakité comme la solution?

Ibrahima N'Diaye, 1er vice-président, Sékou Diakité, 2ème vice-président et Marimantia Diarra, secrétaire général du parti sont, en effet, des cadres qui travaillent sous la présidence de Dioncounda Traoré depuis douze ans. Qu'est-ce qui a pu amener ces personnalités, tous anciens ministres d'ATT et qui sont loin d'être des néophytes, encore moins des ingrats, à croiser le fer avec le président Dioncounda Traoré ? Le problème étant d'ailleurs que presque tous, sinon tous les sept prétendants, veulent aujourd'hui le retrait de la candidature de Dioncounda Traoré. Pour plusieurs cadres de la ruche, le président Dioncounda devrait se retirer de la course tout en s'essayant à jouer l'arbitre plutôt qu'à persister de vouloir garder des buts…devenus trop grands.

De tous les candidats en lice, le seul qui se bat avec détermination en sollicitant directement l'appui de tous les militants du parti est Sékou Diakité. L'appel qu'il a publié et diffusé largement en fin de semaine dernière constitue un signal fort de son engagement à ne point reculer. Aux yeux de l'opinion, il apparaît comme un homme qui veut réellement faire bouger les choses. Dans le respect de la mémoire des pères fondateurs du parti qui ont, entre autres, pour noms, feus Abdrahamane Baba Touré, Ibrahima Ly et Abdoulaye Barry. D'où cette phrase dans son appel pour un nouveau départ : " Vas-y Sékou pour mériter de tes aînés, vas-y pour qu'ils se rassurent maintenant que la relève est assurée et que leur sacrifice au service du Mali ne sera jamais vain ".

Si l'homme croit en son étoile, c'est qu'il pense qu'en vingt ans de militantisme «sans discontinuer», il est en droit de réclamer le pouvoir pour que cette jeunesse, elle-même frange majoritaire de notre population, puisse " répondre à l'appel de notre pays dans sa marche irrésistible vers la prospérité ". 

Lors de sa réunion du lundi dernier, la Commission de bons offices, composée de Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, Madame Konté Fatoumata Doumbia, Birama Diakité, Mohamédoun Dicko, Adama Samassékou, a proposé aux sept candidats de lui permettre, après accord du CE, de désigner, parmi eux, un candidat de consensus. Ce qui a été accepté par l'ensemble des prétendants qui ont, à leur tour, réaffirmé toute leur confiance en ladite commission. Il a été également proposé d'élargir la Commission de bons offices à d'autres personnalités et de repousser, en conséquence, les dates initialement prévues pour le vote (si vote il y aura) du Comité exécutif et la Conférence nationale d'investiture du candidat de la ruche. L'objectif final étant pour les abeilles d'aller en rangs serrés à la prochaine élection présidentielle. Que dira le Comité exécutif de cette proposition de la Commission de bons offices ? Qui sera ce candidat de consensus ? Pour l’heure tout pronostic paraît hasardeux.

Mamadou FOFANA