PR Younouss Hamèye Dicko à propos des élections générales de 2012 : \"ATT doit nous écouter, tout le peuple exige un fichier fiable et consensuel\"

"Il faut rapidement prendre les dispositions qui s'imposent pour établir un fichier électoral fiable et consensuel pour aller sereinement à des élections justes, transparentes et propres. C'est tout le sens de notre action… ". C'est en ces termes que le Pr Younouss Hamèye Dicko, le porte-parole du groupe des 40 formations politiques qui viennent de faire des propositions dans ce sens, s’exprimait, le mercredi 27 juillet, dans un entretien exclusif qu'il nous a accordé. Pour le président du parti Rassemblement pour la Solidarité et le Développement (RDS), le combat que ces partis  mènent  traduit une exigence nationale. « La situation est actuellement délicate; le président de la République et son Gouvernement doivent écouter la voix du peuple».

Plantant le décor de cet entretien, Pr Younouss Hamèye Dicko a rappelé que, de 32 partis qui avaient publié, en début de ce mois, un mémorandum pour un fichier électoral fiable avec des données biométriques, le groupe s’est élargi à 40 partis qui viennent de faire des propositions concrètes «pour aller aux élections générales propres et claires en 2012 avec un fichier fiable et consensuel». Pour le président du RDS, il s’agit d’une dynamique qui évolue. «Lors de notre récente conférence de presse, nous étions 40 partis, mais en réalité, plusieurs formations politiques partagent notre vision et notre action. Certains représentants de ces partis étaient empêchés. Aujourd’hui, beaucoup de gens nous suivent. Je peux vous dire que 12 autres partis  sont d’accord avec notre combat et ne se trouvent pas sur la liste des 40 que nous avons remise à la presse. Des voix des personnes ressources, des autorités ne cessent de s’élever pour nous soutenir dans notre demande qui est simple: mettre sur pied un fichier électoral fiable et consensuel».

Et celui que l’on appelle chaleureusement «Professeur» d’expliquer que certains s’offusquent de voir que des partis qui soutiennent l’action gouvernementale soient en désaccord avec le Gouvernement. «C’est bien cela, le sens du soutien véritable à l’action du président Amadou Toumani Touré. Le président ATT et son Gouvernement doivent être aidés, conseillés par les politiques. On doit les aider à travers des propositions. Faire des  propositions signifie qu’on n’est pas d’accord avec ce qui fait...»

Le porte-parole du groupe des 40 partis politiques a assuré que l’organisation des élections est une question assez délicate. Le Gouvernement doit tout mettrre en oeuvre pour éviter au Mali ce qui s’est passé ailleurs. Il suffit, a-t-il insisté, qu’on s’écoute pour que tout le monde sache que personne ne détient la science infuse ou la vérité infuse. Chacun détient un morceau de vérité, un morceau de science.  «Car, je tiens à insister sur le fait que c’est tout le peuple malien qui exige un fichier électoral fiable et consensuel pour des élections propres et transparentes dans notre pays, cher à nous tous. Le président ATT doit nous écouter».

A la question de savoir si les propositions faites par le groupe des 40 a rencontré une oreille attentive ou s’il y a une quelconque évolution, signe d’une bonne volonté des gouvernants, Pr Younouss H Dicko dira que pour s’assurer que quelque chose bouge, il faut qu’on nous saisisse, qu’on nous approche. «Personne ne nous a touché pour dire ceci ou cela. Ce que nous savons, c’est que les Maliens apprécient notre démarche. Aucun Malien n’est d’accord avec l’actuel fichier», a-t-il indiqué.

Et le leader du RDS de poursuivre que l’aberration est de continuer à dire que c’est avec ce même fichier que nous avons fait toutes les élections passées. «Le fichier actuel n’est pas bon. Il est mauvais. Il est pire d’années  en années et tout le monde lle sait et le dit. La catastrophe, c’est que tous ceux qui ont participé à la fraude, au lieu qu’ils soient sanctionnés, sont plutôt encouragés à travers des promotions. Ce n’est pas parce que c’est mauvais et personne ne dit mot  qu’on doit continuer à s’enfoncer dans cette fraude. On chante notre démocratie; mais en réalité, elle est en train de mourir, non pas à petit feu, mais à grand feu! Nous ne pouvons pas persister dans cette mauvaise voie. Il faut donc, à un moment donné, s’arrêter pour corriger. C’est tout ce que nous réclamons».

Pour M. Dicko, le fichier électoral issu du Recensement administratif à caractère éléctoral (RACE) est un fichier pourri. Il n’est pas améliorable. Il faut résolument, avec un minimum de volonté politique refaire un nouveau fichier fiable. Cela est une demande nationale. Si tout le monde a décrié les élections au Mali, c’est que, a-t-il assuré, véritablement, le ver est dans le fruit. Il a rappelé que les autorités, les politiques, les acteurs de la société civile ont tous dénoncé le fichier existant qui comporte une masse importante d’électeurs fictifs... C’est une chance pour le gouvernement de saisi par tant de désapprobations pour mieux assainir le système électoral national. Le patron du RDS s expliqué sa déception du processus inachevé sans aucune explication du Recensement administratif à vocation d’Etat-civil (RAVEC).

«Le comble, c’est le chantage qu’on nous fait: où vous nous laissez organiser les élections avec le RACE ou nous ne respecterons pas les délais constitutionnels. Nous exigeons, et que cela soit clair : que les élections soient organisées et dans le delai constitutionnel! Le chantage ne marcera pas!» Que va faire le groupê des 40 au cas où leur exigence n’est pas satisfaite, boycotter les élections?

A cette question, le porte-parole Pr Younouss Hamèye Dicko est réservé. «Nous ne pouvons pas dire, pour discrétion et efficacité, ce que nous allons faire. Mais, je crois que nous n’allons pas boycotter les élections. Il faut dire aussi que nous pourrons faire des choses que nous ne savons pas encore. Seul Dieu connaît demain». Il a conclu qu’il est nécessaire que le président ATT quitte la scène nationale la tête haute, qu’il laisse un Mali en paix dans lequel il n’existe aucun germe de trouble. C’est le sens de leur action: aider le président de la République pour qu’il remplisse bien son mandat. «Les Maliens apprécient ce que nous faisons. Encore une fois, c’est une exigence nationale. Je souhaite vivement que le chef de l’Etat écoute son peuple. Que Dieu garde le Mali!»

Bruno D SEGBEDJI