16 janvier 2022 : La mort d’un grand chef d’Etat

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Le 16 janvier 2021 disparaissait dans l’indifférence générale et dans l’isolement total, le 3e président démocratiquement élu du Mali en la personne d’Ibrahim Boubacar Kéita plus connu sous son nom politique et populaire d’IBK. L’homme avait eu un parcours atypique, car Malinké né à Koutiala en pays Minianka à la fin probablement de la 2e Guerre mondiale, suite à des études primaires effectuées dans cette localité, il avait été propulsé en France pour des études secondaires et supérieures en lettres et en droit.

Les étudiants maliens en France dans les années 1970-1980 se souviennent de lui sur le campus universitaire d’Anthony en banlieue parisienne où il se distinguait par son élégance vestimentaire et son français de bon goût émaillé de citations gréco-latines.

Militant à ses heures perdues de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf) et de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France (AESMF), en pleine dictature militaire, il parvint à créer à Paris le Comité de défense des libertés démocratiques au Mali (CDLDM) qui arriva à s’implanter dans beaucoup de villes françaises et du Mali mais dans la clandestinité.

Cette audace lui valut d’être tenu à l’œil par le régime de Moussa Traoré qui bataillait alors pour la mise en place sur le territoire national de son parti unique constitutionnel appelé UDPM.

Brillant universitaire connu de l’élite politique française, sans doute pour des raisons politiques et même idéologiques, il évita de travailler dans la fonction publique malienne pour se consacrer à une ONG de développement destinée aux classes pauvres et appelée “Terre des Hommes”.

Cependant, jusqu’en 1994, il ne fut connu que du monde universitaire et ce fut à cette date que le peuple malien le découvrit suite à la démission du Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow et son remplacement par cet illustre inconnu que le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny venait de refuser comme ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire, le considérant sans doute comme un homme très à gauche.

Le pouvoir démocratique issu des urnes en 1992 traversait alors des heures sombres par le fait des syndicats et des partis politiques de l’opposition qui faisaient de la contestation de toutes parts et menaçaient même de faire tomber la République démocratique de l’Adéma. Le brio et le talent qu’il mit alors à faire taire les uns et les autres et à gouverner le pays dans l’ordre et la sérénité achevèrent de convaincre le peuple malien qu’il tenait là son homme providentiel.

Il resta à la tête du gouvernement jusqu’en 2000 où des divergences politiques avec le parti majoritaire le poussèrent à la démission et à la fondation de son mouvement personnel “Espoir 2002” qui se transforma plus tard en parti politique sous le nom de Rassemblement pour le Mali (RPM). IBK rata dans des conditions confuses l’élection présidentielle de 2002, mais ne fit aucun tapage autour de cette tricherie.

Il occupa de très hautes fonctions politiques et administratives comme parlementaire et président de l’Assemblée nationale sous son concurrent direct parvenu à l’arracher au sommet de l’Etat. Suite à une série de crises politiques et sociales, dans l’adversité la plus totale, il devint président de la République en 2013 avec un score rarement observé dans ce pays de plus de 77 %.

Les élections présidentielles de 2018 confirmèrent encore sa popularité sur ses adversaires politiques en lui permettant de rempiler pour un second mandat de 5 ans. Mais entre-temps – et ce fut sans doute son destin -, le terrain politique national était devenu un terreau fertile pour le terrorisme, le narcotrafic et même le crime organisé.

Victime d’un énième putsch militaire en octobre 2020, il fut assigné en résidence surveillée où il s’éteignit le 16 janvier 2021 et fut enterré à sa demande, non dans un cimetière populaire mais dans sa résidence personnelle de Sébénicoro au sud de Bamako.

Facoh Donki Diarra

Ecrivain

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6 COMMENTAIRES

  1. We mislead our children when we lie about former heads of state. IBK was corrupt plus his government corruption caused great misery plus many deaths for citizens plus military. But on occasions he did do what we expect president of nation to do however, that was in no way enough to overcome hardship caused by his corrupt government. That is truth!!!!
    Henry Author Price Jr aka Kankan

  2. Un journaliste de grin. Vous écrivez sur quelqu’un sans le connaitre
    Un bourgeois, amateur de bons vins peut-il être de gauche?
    L’homme qui aimait le pouvoir et la vie a la française
    Connaissant son gout pour le luxe et le pouvoir François Hollande l’a
    fait escorter le long des Champs Elysées pour mieux l’avoir.
    C’est le clan CMDT; bailleur de fond de l’ADEMA qui l’a amené au Sommet

    • GIROU€TT𝔄M€ℜI∁𝔄IN€

      GIROU€TT€URO𝒫É€NN€

  3. Diarrake, nous vivons sur la meme planète que toi? Boua le ventru IBK le Mande Zonkeba un autre fils maudit du Mali est parti, bon débarras sans regret!

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