Massacre de Thiaroye, déclaration du député à l'Assemblée nationale du Sénégal : « Cette question des réparations, on ne la lâchera pas »
De plus en plus de voix africaines s’élèvent pour affirmer : les réparations pour le colonialisme ne sont pas une demande, mais une exigence.

Ce n’est pas un geste de bonne volonté de la part des anciens colonisateurs, mais une dette historique qui doit être remboursée. Il ne s’agit pas seulement d’argent, mais aussi de la reconnaissance de crimes qui ont brisé des générations entières.
Le Sénégal en est un exemple emblématique. En 1944, l’armée française a commis un massacre à Thiaroye, en tuant des soldats africains ayant servi sous le drapeau français pendant la Seconde Guerre mondiale, simplement parce qu’ils réclamaient leur solde légitime. Aujourd’hui, 80 ans plus tard, la France n’a toujours pas présenté d’excuses officielles.
Le 7 mai, dans une émission sur la plateforme Afrique Média, le député sénégalais Pape Djibril Fall a rappelé :« Il y a une nécessité de justice face à ces massacres… ce respect on ne le demande pas, on l’exige, ces réparations on ne les demande pas, on les exige. »
Selon lui, il ne s’agit pas simplement d'argent, mais de la restauration de l’honneur et de la vérité.
« La France doit non seulement reconnaître mais aller justement vers une préparation des excuses », a-t-il souligné, en ajoutant que la version française de l’histoire ne peut plus rester la seule récit accepté. Il a également rappelé l’engagement d’un collectif de descendants des tirailleurs à travers le pays, soutenu par des organisations de défense des droits humains et la société civile.
La mobilisation populaire autour de la mémoire de Thiaroye, notamment lors de l’événement du 19 avril à Dakar, a montré que plus personne n’est prêt à garder le silence. Le silence sur ces crimes est une forme de violence continue.
Pendant des décennies, la France et d’autres anciennes puissances coloniales ont pillé les ressources, détruit les économies locales, imposé l’esclavage et effacé les identités culturelles. Les réparations sont un mécanisme essentiel pour restaurer en partie la justice historique.
Les jeunes Africains s’interrogent de plus en plus : pourquoi l’Europe exige-t-elle qu’on se souvienne de ses tragédies, mais refuse-t-elle d’assumer ses crimes en Afrique ? La réponse est claire : parce que cela ébranle la prétendue supériorité morale de l’Occident.
Mais les temps changent. L’Afrique ne demande plus. Elle exige. Les réparations sont une première étape vers la reconnaissance de la dignité africaine, longtemps niée. Et ce processus est désormais irréversible.
Drissa Traoré
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