Retour de ‘’l’article 320’’ : Le silence coupable des autorités judiciaires

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    Depuis quelques semaines, on assiste à un phénomène de lynchage à Bamako. Lorsqu’on arrête un voleur ou un bandit, il y’a des gens qui n’hésitent pas à le brûler vif, histoire de se rendre justice.

    Dans le but de savoir ce qui est à l’origine du retour de ‘’l’article 320’’, nous avons approché des concitoyens. Des différents avis recueillis, il ressort que la quasi-totalité de nos interlocuteurs n’ont plus foi en la justice de notre pays à travers les attitudes de certains juges.

    «Il n’est pas rare de voir un voleur en liberté peu de temps après son incarcération. Alors, pour se rendre justice, des gens préfèrent procéder par le lynchage des voleurs en les brûlant vifs». Thèse quasiment défendue par un autre interlocuteur qui renchérit : «Les voleurs, sachant qu’ils seront très vite libérés, n’hésitent pas à demander à leurs victimes de les emmener au Commissariat de police. Cela veut dire que, quelque part, il y a des policiers et des juges qui ne font pas correctement leur travail ».Si ces derniers ne semblent pas y voir d’inconvénient, d’autres par contre ont clairement exprimé leur désapprobation face à la méthode de l’article 320. Selon eux, quelle que soit la situation, il n’appartient pas à la population de se rendre justice. « Car le fait de se rendre justice crée l’anarchie dans le pays ».

    Le hic dans cette histoire est le fait qu’on s’en prend souvent à des innocents  comme ce fut le cas du jeune Alassane Libo Diarra, professeur d’éducation physique au lycée sportif Ben Oumar Sy. Suite à une incompréhension entre une jeune dame du nom de Hawa Sy et lui, dans la nuit du samedi 24 mai dernier, il a été froidement tué par des badauds. La dame, une courtisane qui n’était autre que sa cliente, avait crié : «Au voleur !» alors qu’il ne s’agissait  que d’un différend à propos de la passe. 
    Cette forme de justice dite ‘’populaire’’ ou ‘’expéditive’’ ou ‘’punitive’’ a fait son apparition après les événements de mars 1991, on se rappelle, lorsque, au lieu de conduire les voleurs à la police ou à la gendarmerie, la population avait pris l’habitude de l’immoler avec un litre d’essence qui coûtait 300FCFA à l’époque (plus une boîte d’allumettes achetée à 20 FCFA).

    Il était ainsi brûlé vif sous le regard amusé de ses bourreaux, souvent, après l’avoir battu à mort ! 
    Le moins que l’on puisse dire, même si les contextes ne sont pas les mêmes, c’est que le fameux ‘’article 320’’ est de retour. Face à la renaissance du phénomène, ce qui agace bon nombre de nos compatriotes est ‘’le silence coupable des autorités judiciaires qui n’ont procédé à aucune interpellation, du moins à ce qu’on sache’’.

    Avec l’approche des élections, il urge de mettre un coup d’arrêt à de telle dérive, avant qu’elle ne trouve son application sur un autre terrain. Ça n’arrive pas qu’aux autres !
    Lanfia Sinaba

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