Le lundi dernier, le campus universitaire de Badalabougou a été le théâtre d’un affrontement musclé entre étudiants. Opposant le clan proche de l’actuel secrétaire général du bureau de coordination nationale Hamadoun Traoré et les membres du comité de crise mis en place dans la foulée du coup d’état du 22 mars dernier et revendiquant la destitution du bureau actuel. Le bilan, essentiellement en pertes matérielles, fait état de 18 motos brulés vifs (nous n’avons pu vérifier que 13) et du saccage de plusieurs chambres sur le campus.

Ces affrontements seraient provoqués par la volonté des membres du comité de crise de destituer tous les comités mis en place dans les différentes facultés et d’instaurer de nouveaux régimes proches de leurs aspirations. Laquelle initiative n’a pas été digérée par leurs adversaires. Il faut rappeler que cette tension avait engendré la mort de deux étudiants, l’hospitalisation de Hamadoun Traoré et l’installation d’une psychose à l’époque au sein de l’université. Depuis lors, une tentative de rapprochement avait été opérée entre les deux clans. Un consensus et des initiatives communes en vue de la sauvegarde de l’année académique et de la stabilité avaient été annoncés lors d’une conférence de presse ayant regroupé tous les deux clans. Apparemment, ces actions manquèrent de bases solides et surtout de responsabilité de la part des uns et des autres. Le rétablissement de la santé et le retour de Hamadoun Traoré au devant des choses, ainsi que l’agression récente de l’ex secrétaire général par intérim dit Papin n’ont fait que détériorer ce climat déjà confus et incertain au sein de l’aeem. Plusieurs observateurs redoutent que ces évènements ne perturbent les examens, jusque là pas effectifs dans certaines structures universitaires. Leurs préoccupations sont-elles fondées ? Oui, mais les étudiants et différents protagonistes de cette crise sont, mieux que quiconque, conscients des enjeux que représentent les examens et de l’impérieuse nécessité de donner la priorité aux choses importantes. Ils sauront, nous osons le croire, mettre leur avenir au dessus de ces bêtises qui n’ont en réalité causé que du tort au système éducatif et de surcroit couter la vie à deux étudiants. Aussi, une évidence reste à souligner. Nous avons toujours, dans nos parutions, attiré l’attention des uns et des autres sur certaines situations. Mieux, nous avons explicitement annoncé ces affrontements et les raisons qui se sont avérées aujourd’hui vérifiées. Mais, nous constatons que rien n’est fait pour anticiper ces problèmes. Pourquoi attendre alors toujours que la situation se complique pour tenter de la résoudre ? En tout cas, pour notre part, nous ne faillirons pas à notre devoir d’information. Et la preuve, les victimes ou du moins les perdants de cette bataille riposteront. C’est le mécanisme de l’aeem et il est de la responsabilité des autorités en charge de la question d’agir et avec fermeté pour éviter toute dérive.
MAMOUTOU TANGARA