Gel des activités politiques : Le catalyseur du péril terroriste ?

A travers l’animation du débat politique, les populations, en particulier les jeunes, s’éloignent de l’oisiveté qui les pousse vers l’extrémisme violent.

16 Juin 2025 - 01:18
17 Juin 2025 - 13:17
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Gel des activités  politiques : Le catalyseur du péril  terroriste ?

A travers la dissolution des partis politiques, les milieux extrémistes et terroristes se trouvent comme dopés dans leurs activités criminelles.

En effet, comme on le dit souvent, « la nature a horreur du vide ». Et le vide créé par l’interdiction du débat politique et républicain semble susciter une boîte de Pandore pour les hordes d’obscurantistes de tout poil. Comment comprendre qu’un pays qui a connu une expérience démocratique, comme le Mali, vienne à s’imposer un mutisme absolu sur la gestion de la chose publique ? Puisque, depuis plusieurs semaines, il y a une absence totale de débat ;  pas de discussions sur la gestion du pays. Ce serait, dit-on, faire la politique. Ce qui est formellement interdit depuis l’adoption du décret du 13 mai portant dissolution des partis et associations politiques et interdisant même les réunions des acteurs politiques. Le pays s’est ainsi mué dans un silence de cimetière. Seule la voix audible est celle des autorités ! Même les médias ont fini par s’interdire les plateaux de discussions et d’échanges sur les grands sujets…qui fâchent. Il s’agit de la crise sécuritaire, les opérations militaires sur le terrain, les partenariats en matière de défense du territoire, l’absence de processus électoral, la gouvernance économique, etc.

Sur la question brûlante de la crise sécuritaire, marquée par la récente série macabre des attaques terroristes, l’opinion semble geindre dans un silence aussi pesant que les bilans sur le terrain.

Or, l’on semble oublier que les terroristes sont freinés dans leurs ardeurs par les activités politiques et/ou socio-culturelles organisées dans nos villes et campagnes. Et l’on sait qu’avec la crise économique galopante et la paupérisation des Maliens, les événements socio-culturels sont totalement aux arrêts. Et ce sont des états-majors politiques qui suscitent quelques rencontres pour conserver un tant soit peu la vitalité sociale de différentes localités de l’intérieur du pays. En dissolvant les partis politiques, le pouvoir a porté un coup fatal à cette survie. Sans compter que les leaders politiques, par le biais de leurs représentants locaux, maintiennent un filon d’émulation et d’assistance sociale, qui éloigne les populations des manipulations menées par les milieux terrorico-jihadistes. A titre d’exemple, les efforts d’assistance humanitaires de Yeah Samaké, alors président du parti PACP, avaient soulagé les populations dans le Djitoumou (la zone de Ouélessebougou). Des écoles, des dons de médicaments, des assistances diverses avaient été fournies aux populations dans ces zones toujours convoitées par des groupes armés terroristes.

En outre, nul n’ignore que les méthodes d’endoctrinement des terroristes ont plus de succès dans des zones où l’indigence est plus forte. Alors que la présence des chapelles politiques atténue un tant soit peu le dénuement, grâce aux aides qu’elles apportent et les assises organisées.

En plus, si le processus électoral était enclenché, les chefs-lieux des régions et cercles abritaient à un rythme soutenu des conférences régionales et  de sections de différents partis et regroupements politiques. Ce qui constitue de véritables émulations populaires facteurs de cohésion sociale. Mais, tout cela n’existe plus et les populations semblent condamnées,  dans certaines zones, à faire allégeance aux  terroristes. Ce qui ne facilite point les efforts des autorités pour contrer le péril de l’extrémisme. Même, les simples déclarations politiques de condamnation des attaques terroristes ont disparu, du fait de la dissolution des partis politiques. C’est donc un boulevard de quiétude, qui est tracé devant les milieux obscurantistes, qui ne cessent de commettre leurs odieux forfaits. La preuve, l’on a constaté une recrudescence des attentats terroristes, ces dernières semaines et ce, malgré les efforts immenses déployés par les autorités de défense du pays. N’est-il pas temps de tenir compte du rôle de faiseur de paix social des politiques pour rectifier le tir du décret du 13 mai dernier ? N’est-il donc pas urgent de réhabiliter les partis politiques et les associer aux efforts de sortie de la crise que traverse le pays ? Rien n’est moins sûr. Le plus tôt sera le mieux !

Boubou SIDIBE /maliweb.net 

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