Haut représentant militaire de l’Union africaine (UA) au Mali
Le président tchadien dit qu’il est à la disposition de la Cédéao et de l’UA, en cas de demande.
Une déclaration que le ministre tchadien de l’Information a tenu toutefois à nuancer. Joint par RFI, Hassan Sylla rappelle que personne n’a demandé au Tchad de participer à cette opération et que les autorités n’ont donc pas donné d'accord formel.
Ministre tchadien de l’Information
Même au cas où nous recevions une demande, on se réserve le droit de l’examiner.
Participation de l’armé tchadienne : un « renfort précieux »
Pour la coalition africaine qui se met en place, au Mali, la présence tchadienne est un avantage indéniable. L’armée d’Idriss Déby est réputée solide, «
composée d’hommes aguerris à la guerre, au désert », comme l’a souligné le général Konaté.
Elle compte environ 30 000 hommes équipés d’armes modernes et de moyens aériens. On y trouve aussi huit hélicoptères de combat, Mi-17 et Mi-8 ainsi que deux avions de chasse Sukhoï et des avions de reconnaissance aérienne. L'armée tchadienne possède surtout une expérience du désert et une maîtrise de la guerre mobile, celle des colonnes de pick-up embarquant des combattants.
Selon un diplomate tchadien, l'engagement au nord du Mali doit servir de mise en garde aux groupes jihadistes - tels que Boko Haram qui sévit au Nigeria - qui menacent la tranquillité du Tchad.
Reste à savoir si ce signal produira des effets positifs ou négatifs. A mots couverts, certains Tchadiens redoutent que Boko Haram ne cherche à punir leur pays si celui-ci intervient contre les jihadistes qui occupent le nord du Mali. Et, plus généralement, certains officiers tchadiens doutent, à voix basses, de la pertinence d'une opération au-delà des frontières. Loin de ses bases, l'armée tchadienne sera-t-elle aussi efficace contre les rebelles de l'Est ?
Une chose semble certaine, le président Déby ne part pas la fleur au fusil. Selon certaines sources, il aurait demandé l'assurance que toute opération terrestre soit précédée d'une opération aérienne contre les groupes armés.
Pour le représentant spécial de l’UA pour le Mali, Pierre Buyoya - invité de Christophe Boisbouvier, sur RFI, jeudi 15 novembre - la participation du Tchad sera certainement «
un renfort précieux » car «
le Tchad est d’abord, d’une certaine manière, concerné parce qu’il est aussi un pays du Sahel et parce qu’il dispose d’une armée qui a une expérience de la guerre dans le désert », a-t-il argumenté.
Le représentant spécial de l’UA pour le Mali a également évoqué d’autres pays - qui ne font pas partie de la Cédéao - et qui pourraient également apporter un concours précieux. Il cite notamment l’Afrique du Sud, «
où des contacts ont été établis avec les autorités de ce pays », qui pourrait contribuer de plusieurs manières : «
soutien logistique, appui aérien, soutien financier ». Pierre Buyoya a tenu aussi à rappeler que «
l’Afrique du Sud est le pays qui a une des armées les plus fortes et les mieux équipées sur le continent africain ».
La Mauritanie et l’Algérie - deux pays voisins du Mali - pourraient, quant à eux, fermer leurs immenses frontières pour éviter un repli, sur leurs territoires, des islamistes armés installés dans le nord et visés par l’opération militaire africaine. L’Algérie a déjà fait des déclarations allant dans ce sens. La Mauritanie y songe, selon une source militaire dans le pays.
Option militaire et efforts pour une solution négociée
Le président français, François Hollande, a reçu, ce mercredi 14 novembre, la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, au lendemain de la décision de l’UA de donner son aval à l’envoi d’une force militaire de 3 300 soldats au Mali. Pour le moment, l’opération militaire soulève toujours des questions auxquelles les organisateurs n’ont pas donné de réponse et qui portent notamment sur son financement ou encore sur la composition de la force en question. Mais le plan militaire doit être transmis, avant le 27 novembre, à l’ONU qui devra alors donner sa réponse concernant l’intervention.
Même si l’option militaire se prépare activement, la France - pays européen le plus en pointe sur le dossier malien - ainsi que l’Afrique et la communauté internationale continuent néanmoins de pousser à une solution négociée. Devant la presse, lors d’une brève intervention, Nkosazana Dlamini-Zuma et François Hollande ont montré qu’ils partageaient le même point de vue, à savoir que la poursuite des préparatifs militaires et la poursuite du dialogue politique doivent être menées de front.
Nkosazana Dlamini-Zuma
Présidente de la Commission de l’Union africaine
Pour le Mali, nous continuons à explorer les deux options.
RFI / 15/11/2012