La nouvelle guerre de l’information ou "La vérité si je mens"

Autre exemple encore, mercredi 11 mai : la CIA "a des indications" sur la "démoralisation" de l’armée russe, qui se traduirait par l’alcoolisme, le sabotage par les soldats de leurs propres armes, chars et autres ; Ce sera le thème médiatique du jour. Cette information est -elle documentée, validée. Peu importe, elle se suffit à elle-même. Elle deviendra au fur et à mesure un fait, amplifié par les plateaux de télévision. La transparence On se trouve devant des pratiques nouvelles, inédites de la communication et de l’information développées par les États Unis à la faveur de cette guerre de l’information contre la Russie.. On a l’explication, le secret de ce nouveau mode d’information, dans un article remarquable de Caitline JOHNSTON , publié sur "Le Grand soir"( 1). Cet article, d’où est tiré l’essentiel de nos citations, se base sur un rapport surprenant de NBC News. On y apprend que "l’administration Biden a rapidement diffusé sur les plans de la Russie en Ukraine des renseignements peu fiables fondés davantage sur l’analyse que sur des preuves tangibles", voire tout simplement faux". Le rapport indique qu’à cette fin " le gouvernement américain a délibérément fait circuler des allégations fausses ou mal étayées sur l’imminence d’attaques à l’arme chimique, sur les conseillers de Poutine qui le désinforment et sur la Russie qui cherche à s’approvisionner en armes auprès de la Chine" ; Toutes "informations" qu’on a pu effectivement suivre sur les chaines occidentales. Autre exemple, le président Biden a parlé publiquement d’armes chimiques mais des responsables américains ont déclaré alors à NBC news qu’il n’y avait aucune preuve de cela mais que le but " avait été de dissuader la Russie" d’utiliser ces armes. On en arrive ainsi à une catégorie nouvelle celle du mensonge justifié par une bonne intention, pour la bonne cause. On en reparlera. Un autre procédé est de "déclassifier "des renseignements prétendument "classifiés "et de jouer la "transparence". Le jeu devient alors complexe. On peut même pousser la comédie jusqu’à faire mine de s’emporter sur des informations supposées secrètes et dévoilées au public. C’est exactement ce qu’a fait dernièrement le président Biden lui-même. Il s’est indigné qu’on ait rendu publique, dans le New York Times, le fait que les services étatsuniens donnaient aux ukrainiens des renseignements sur la localisation de généraux russes en Ukraine, ce qui aurait été la cause de la mort d’une dizaine d’entre eux. Or la fuite a été publiée dans le New York Times. On est dans un jeu compliqué où le vrai et le faux se mêlent pour manipuler l’opinion, mais aussi, on l’espère, les dirigeants russes. Le New York Times, le plus grand et le plus prestigieux journal anglo-saxon présente, fait remarquer Caitlin Johnstone, les communiqués de presse de la CIA comme "des nouvelles de dernière minute" et ils sont ensuite amplifiés par les plus grands medias occidentaux. Et lorsqu’il publie des fuites, cela n’a rien à voir avec le courage professionnel de journalistes, mais avec le fait qu’on veut rendre public ces" fuites". Ainsi l’un des journalistes "courageux" du New York Times , auteur de ces "fuites" est Ken Dilation, dont il a été révélé en 2014, selon Caitlin JOHNSTONE, qu’il était un agent actif de la CIA travaillant au New York Times. Mensonges pour la bonne cause Toutes ces informations et bien d’autres sont des mensonges, mais des mensonges assumés, "pour la bonne cause". C’est ceci qui est terrible. .John Savers, ancien chef du M16, cité par C. Johnston, remarque, en février 2022, dans un groupe de réflexion "The Atlantique Council" que "les communiqués de renseignement de l’administration Biden reposent davantage sur une impression générale que sur des renseignements réels et étaient conçus pour manipuler plutôt que pour informer". Depuis l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, les États Unis avaient acquis la réputation d’être des menteurs. Pour leur redonner de la crédibilité, dernièrement, le système médiatique occidental a insisté lourdement sur le fait "qu’ils étaient les seuls à avoir prévu l’attaque contre l’Ukraine", alors qu’en réalité ils avaient multiplié les fausses dates et que la dernière donnée s’est révélée forcément exacte et que la concentration des forces russes rendaient évidentes l’entrée en guerre.
En admettant qu’il ment, en utilisant les procédés qu’on vient de décrire, en jouant la transparence totale des informations classés "secret défense", le gouvernement américain ne craint-il pas de perdre la confiance de ses citoyens ? Ce qui est stupéfiant dans ces nouvelles techniques de la guerre de l’information, c’est que cette crainte n’existe pas. Il se peut même qu’on se trouve à un stade où le système cherche psychologiquement l’assentiment admiratif de l’opinion américaine devant l’efficacité de ces nouvelles techniques de l’information, et la manière brillante dont s’en servent les dirigeants étasuniens. Comme le fait remarquer Caitltin JOHSTONE, on commence à fabriquer ouvertement le consentement du public à ce qu’on lui mente "pour son propre bien ". Le système perd son âme, remet en question ces mêmes valeurs dont il dit qu’il se bat pour elles. Dans la culture des États Unis, le mensonge a toujours été la faute la plus grave. Aujourd’hui il est légitimé. Quel retournement et comme la crise du système est profonde...
En résumé, on est là dans une évolution effrayante des procédés de l’information et de la communication dont la théorie et les méthodes sont en train d’être développés aux États unis et pourrait se répandre dans le monde. Goebbels disait "plus le mensonge est gros, plus il passe". Cette théorie semble désormais périmée et remplacée par une autre où le mensonge a toute sa place et où il est même légitimé. Djamel LABIDI Source: https://www.legrandsoir.info/
Quelle est votre réaction ?






