Dissolution programmée des partis politiques : Assimi renoncera-t-il au projet ?
Après avoir abrogé la loi portant charte des partis politiques et celle portant statut de l’opposition, le président de la Transition renoncera-t-il à la dissolution pure et simple des formations politiques, suite à la levée de boucliers suscitée par ces mesures ?

Il semble que la volonté de refonder la gouvernance politique du Mali conduit à un bras de fer entre partisans de la démocratie et les tenants du pouvoir.
En effet, les « recommandations » des concertations nationales sur la relecture de la charte des partis politiques, sont formelles. Elles plaident pour « la dissolution des partis politiques » ; « la désignation du président de la Transition comme président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable… surseoir à tout processus électoral jusqu’à la pacification du pays…. ».
Ces recommandations ont provoqué la colère de nombreux acteurs politiques et de la société civile, qui voyaient l’idéale démocratique menacée. Surtout qu’ils reprochent au pouvoir du Général Assimi Goïta de restreindre les libertés démocratiques ; conquises de haute lutte en 1991. Ce qui explique les protestations avec des slogans comme « A bas la dictature », Vive la démocratie », « Vive la liberté », etc, le samedi 3 mai autour du palais de la Culture de Bamako.
Cette manifestation a permis aux acteurs politiques et à leurs alliés d’afficher une détermination à mettre fin à cette Transition. Surtout que les mesures d’abrogation de la charte des partis politiques et de suspension des activités politiques, qui s’en sont suivie, ont été désapprouvées par certaines voix influentes à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Ce qui a constitué une sorte de camouflet pour le pouvoir militaire.
Or, il est généralement admis que le militaire recule rarement devant une quelconque adversité civile, le pouvoir militaire ayant une propension naturelle vers le langage de la force, de la répression. Ce qui explique le fait que, malgré le report sine die du meeting des « opposants », l’on a pu observer un impressionnant dispositif militaire autour du boulevard de l’indépendance. Ce qui témoigne d’une volonté ferme d’assurer, vaille que vaille, « l’ordre public » ou même de mater toutes les tentatives de défiances de l’autorité de l’Etat.
Or, les responsables politiques promettent qu’ils defendront les acquis démocratiques, qu’aucun pouvoir ne pourra remettre en cause, au risque de marcher sur leurs cadavres ! Des prises de positions qui font froid dans le dos et qui suscitent bien d’interrogations. Le président de la Transition va-t-il renoncer à ce projet de dislocation de la classe politique ; afin d’aller vers « la réduction du nombre de partis politiques », comme souhaité par les assises nationales de la refondation? Le pouvoir mesure-t-il le risque de perturbations graves, que ce bras de fer peut engendrer sur la marche de la Transition ? Quid des prises de positions va-t’en guerre de certains conseillers du CNT, qui menacent de s’en prendre aux manifestants politiques ? Ce nouvel épisode de la Transition n’est-il pas un sérieux facteur de déstabilisation et un piège pour des infiltrations terroristes dévastatrices ? Rien n’est moins sûr.
Il urge d’explorer les voies et moyens d’une médiation ou des missions de bons offices des dignitaires religieux, pour que les uns et les autres ajoutent de l’eau dans leur bissap, afin d’aider le pays à sortir de l’ornière. Et, comme pour le pays, aucun sacrifice n’est de trop, c’est aux plus hauts dirigeants de faire les concessions nécessaires pour sauver le pays et lui donner des chances de salut.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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