Chronique : Divorce

Ils se sont croisés lors d’une fête, se sont regardés et ont flashé l’un pour l’autre. De cette rencontre est née une belle histoire d’amour, non pas à la Roméo et Juliette, mais à l’aveugle car ne cherchant ni à bien se connaitre, ni à respecter les étapes nécessaires. Ce qui fait qu’au bout de quelques semaines, les deux tourtereaux décident de s’unir, non pas pour le meilleur, mais pour des lendemains incertains.

Avec son humour, le rappeur disait que les mariages d’aujourd’hui peuvent être schématisés par « bonjour Monsieur le Maire et bonsoir Monsieur le Juge » ! Hélas oui, car autant les dimanches sont jours de mariage sous nos cieux, autant les autres jours de la semaine sont ceux des divorces. On a comme l’impression que les couples se défont plus qu’ils ne s’unissent. Le sourire du jour, laisse rapidement la place aux grimaces du lendemain. Les câlins de l’instant présent se transforment en coups de l’instant d’après, car les qualités tant vantées de l’autre deviennent soudain des défauts masqués par l’amour qui rendait aveugle.

Pourquoi tant de divorces sous nos cieux ? Pourquoi cette banalisation du mariage qui unit pourtant, non pas seulement deux êtres, mais surtout et avant tout deux familles ? Sans vouloir nous lancer dans une analyse sociologique ou dans des perspectives sociétales, certaines causes récurrentes semblent sauter à l’œil dans le désordre. Il en est ainsi d’abord de l’infidélité. Oui, un conjoint en colère, poussé par sa frustration et la non-satisfaction de ses attentes peut franchir la ligne rouge cadrant la vie de couple et trahir sa moitié. Il y aussi les violences physiques et/ou psychologiques.

Une situation pouvant mener à un manque d’intimité qui est le terreau le plus fertile pour l’incommunication. Le couple se mure dans des échanges sommaires n’arrivant plus à communiquer sur l’essentiel et chacun reste avec sa frustration. Si on y ajoute les questions d’argent qui jouent un rôle pivot et l’influence des belles-familles, on en arrive à un manque de compatibilité criard. Désormais, le couple peine à gérer les disputes qui induisent une attitude agressive, un manque de respect total.

N'oublions pas l’immaturité de nombreux couples confrontés à des conflits répétitifs qui finissent par les épuiser. Tenez, l’un des conjoints marche sur le tapis avec ses chaussures alors que l’autre vient à peine de le nettoyer. Ou encore, l’un parle au téléphone perturbant l’autre, concentré à suivre son émission à la télé. Mais le plus grave, c’est souvent la dépendance à une substance ou à un objet. Une addiction cachée lors de l’idylle romantique d’avant mariage et le refus du conjoint de travailler la relation.

Copain copine, on sort le grand jeu de la séduction. Mais une fois en couple, c’est le laisser-aller total. On tombe dans la banalité et le regard change. Il y a comme un ressort qui se casse, l’on vit dans le souvenir d’un passé non lointain et l’on se met à fantasmer sur d’autres personnes. On est alors plongé dans une crise de déni de la réalité car les fruits n’ont pas été à la hauteur de la promesse des fleurs.

Le divorce devient désormais la norme et le mariage un accident de parcours. On a même comme l’impression que l’on se marie pour pouvoir divorcer le plus rapidement après. Résultat, des familles à couteaux tirés, des enfants victimes de l’animosité entre leurs parents, une société en manque de repères et un avenir en dents de scie. Comme le disait Susan Sarandon : « le divorce est la mort d’un rêve ». De grâce, faisons de telle sorte qu’on n’en arrive pas à tuer tous les rêves au risque de vivre dans un monde tristounet.

Salif SANOGO