Agefau et Primature : Ce que le Vérificateur Général a décelé…
Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) du Mali a publié deux rapports accablants mettant en lumière des irrégularités financières majeures dans la gestion de l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU) et de la Primature.

Au total, plus de 22 milliards de FCFA sont concernés, révélant des dysfonctionnements graves dans la gestion des fonds publics.
Sous la présidence de Choguel Maïga au Conseil d’administration, l’AGEFAU a octroyé un prêt de 20 milliards de FCFA au Trésor public, en dehors de son mandat légal. Ce montant, destiné à financer la lutte contre la COVID-19, a été utilisé pour payer les salaires de juin 2020. Le BVG qualifie cette opération de non conforme et souligne l’absence de justification réglementaire.
Le rapport révèle également des frais de mission excessifs versés à Choguel Maïga : 15 millions FCFA pour une cérémonie d’une journée à Konobougou ; 20 millions FCFA pour deux jours de mission à Bamako.
Alors que les textes prévoient un plafond de 75.000 FCFA par jour, ces montants dépassent largement les normes autorisées.
D’autres anomalies incluent des avances non régularisées, des redevances non reversées à l’ORTM, et des intérêts non recouvrés sur des placements financiers. Le BVG a transmis ces éléments à la Section des Comptes de la Cour suprême pour suite judiciaire.
Primature : 2 milliards de FCFA en question
Le second rapport, portant sur la gestion de la Primature entre 2021 et 2024, identifie 2,068 milliards de FCFA d’irrégularités. Parmi les faits marquants, 803 millions FCFA de frais de représentation versés sans cadre légal, 262 millions FCFA détournés du programme de filet social, 126 millions FCFA de marchés reconduits sans appel d’offres, 444 millions FCFA attribués sur la base de fausses attestations et 33 millions FCFA pour un marché en situation de conflit d’intérêt.
Le BVG dénonce une gestion budgétaire opaque, un contrôle interne défaillant et une absence de suivi rigoureux. Il recommande des sanctions, le remboursement des sommes indûment perçues, et une réforme du système de contrôle.
Face à ces révélations, certains responsables politiques ont tenté de discréditer le BVG. Pourtant, ses rapports sont publics, méthodiques, et fondés sur des normes internationales. Le BVG ne cherche pas des coupables, mais des faits.
Dans un pays où la corruption mine les institutions, ces rapports soulignent l’urgence de renforcer les mécanismes de contrôle et de protéger les organes de vérification. Les chiffres ne mentent pas : plus de 22 milliards de FCFA sont en jeu. Il appartient désormais aux autorités judiciaires et politiques de répondre aux faits, plutôt que de s’en prendre à ceux qui les exposent.
La Rédaction
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