Sonko/Faye : Amis à tout prix, même à l’épreuve du pouvoir ?

Ousmane Sonko, jeune leader charismatique du paysage politique sénégalais, à qui l’on prêtait un destin présidentiel dans la fleur de l’âge, vit son sort prendre un tournant inattendu ; lorsque de peines en luttes, de déboires et après la case prison, assista à l’élection de son fidèle compagnon de lutte, Bassirou Diomaye Faye. Depuis, Sonko se verrait, selon certains observateurs, trop grand pour le fauteuil de PM, se permettant même de critiquer son président. Crime de lèse-majesté ou simple « dérive verbale » ?
Bien qu’il faille être calme, Faye devrait-il pour autant tomber dans la faille d’un président qui plie face à son PM ?
Au sein du binôme, il est aisé de constater que Sonko peine à se conformer à une humilité politique. Celui de laisser Faye pleinement prendre toute la lumière de la fonction présidentielle. Faut-il rappeler qu’un Premier ministre est souvent, l’Homme de l’ombre, celui qui exerce sa fonction au nom du président de la République et à qui il devrait rendre des comptes. Mais dans le cas du Sénégal, il semblerait que l’on ait un Premier ministre qui voit le temps passer trop lentement. Sans être dans le secret des discussions des deux hommes politiques, qui auront tout de même fait l’histoire en accédant au pouvoir sans être issu du sérail politique traditionnel, Faye dirigerait le pouvoir en attendant que Sonko le prenne un mandat plus tard. Un friendship agreement donc, qui repose sur un équilibrisme qui s’avère difficile à respecter à l’épreuve du pouvoir.
De son côté, Faye joue la carte de l’apaisement. Ses propos modérés et sa posture calme vont de pair avec la sérénité qu’il dégage. Faye, c’est peut-être, une version policée de Sonko ou, par d’autres termes, son double négatif. Et c’est surement pour cette raison que les deux ont formé durant les années Macky Sall, une redoutable paire. Les deux formaient une complémentarité efficace dans un paysage politique sénégalais bien polarisé. A la fin , ils ont su se faire élire en se basant sur un fort capital de popularité politique.
Toutefois, cette tension au sommet de l’État sénégalais n’est pas pour faciliter la machine du pouvoir dans un pays où tout semble prioritaire. Sur le plan économique, les difficultés sont nombreuses notamment en ce qui concerne la dette publique et le déficit budgétaire. Aussi, les attentes des sénégalais sont importantes sur les plan de la lutte contre corruption et le chômage des jeunes mais aussi de la souveraineté.
Comme on le dit souvent en Afrique, le pouvoir est dévolu par voie divine. En début de journée, l’on peut le chercher pour quelqu’un d’autre, et le retrouver entre ses mains au crépuscule. Mais une fois entre les mains, le refiler à son compagnon est une autre paire de manche surtout si ce dernier peine à vous estimer à votre juste valeur.
D’ici la prochaine aube, Faye/Sonko sera-t-il toujours un binôme ? La réponse, pour l’instant, serait la positive, si et seulement si, Faye continue sur la voie qui fut la sienne depuis son accession au pouvoir : calme, sérénité et fidélité.
Ahmed M. Thiam
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