RCI: le procureur Koné dément toute torture concernant Alino Faso

Dans une intervention télévisée très attendue, le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan a fermement réfuté dimanche les allégations de mauvais traitements dans l’affaire Alino Faso, alors que la crise diplomatique avec le Burkina Faso s’intensifie.

11 Août 2025 - 13:44
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RCI: le procureur Koné dément toute torture concernant Alino Faso

Face aux accusations persistantes du Burkina qui dénonce un « assassinat crapuleux », Oumar Braman Koné a choisi de sortir de son silence habituel pour détailler publiquement sur NCI les conditions de détention de l’activiste burkinabè décédé le 24 juillet dernier.

« Alain Christophe Traoré, alias Alino, était poursuivi devant la section antiterroriste du tribunal de première instance d’Abidjan pour des faits de complots contre l’autorité de l’État, espionnage », a rappelé le magistrat, avant de brosser un tableau inattendu des conditions carcérales du prévenu.

Des conditions de détention « privilégiées »

Contrairement aux accusations burkinabè de torture, le procureur a insisté sur le traitement « quasiment le mieux » accordé au détenu : « Il avait droit au petit déjeuner, au déjeuner, au dîner, et même la possibilité de donner le menu de ce qu’il voulait bien manger. Il avait droit à la télévision. »

Cette description détaillée intervient dans un contexte de tension extrême, le parquet burkinabè ayant annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour torture et assassinat, rejetant fermement la thèse officielle du suicide.

Le choix de détenir Alino Faso à l’école des gendarmes plutôt qu’à la maison d’arrêt était « juste pour sa propre sécurité », a précisé Oumar Braman Koné, répondant ainsi indirectement aux critiques sur les conditions d’incarcération.

« L’enquête est assez claire »

Interrogé directement sur d’éventuels actes de torture, le procureur s’est montré catégorique : « Non, ça n’engage que ceux-là, sinon l’enquête est assez claire là-dessus. »

Cette déclaration tranche avec la version burkinabè, où un juge d’instruction a été saisi pour des faits présumés de torture et d’assassinat. Le procureur ivoirien a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire « pour la recherche des causes de la mort », confiée au doyen des juges d’instruction, se refusant à tout commentaire supplémentaire sur cette procédure en cours.

Une crise diplomatique aux enjeux régionaux

L’intervention du procureur Koné survient alors que la mort controversée d’Alino Faso ravive une crise diplomatique lourde de conséquences entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. La famille du défunt et le gouvernement burkinabè dénoncent une absence totale de notification officielle du décès, révélé sur les réseaux sociaux trois jours après les faits.

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Jean Marie Traoré, a convoqué la Chargée d’Affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou pour exiger des explications. Le gouvernement burkinabè réclame le rapatriement immédiat de la dépouille et « toute la vérité sur les circonstances de cette mort ».

Répercussions sur l’intégration régionale

Cette affaire intervient à un moment délicat pour la région, alors que des pourparlers sont engagés entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la Confédération des États du Sahel (AES), composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, en rupture avec les structures régionales traditionnelles.

Selon plusieurs observateurs, la tension née de cette affaire, qualifiée d’« indigne » et de « méprisante » par Ouagadougou, menace d’affaiblir davantage le fragile dialogue politique en cours entre l’AES et les institutions régionales comme l’UEMOA, où la Côte d’Ivoire joue un rôle moteur.

Fin juillet, les pays de l’AES ont quitté une réunion décisive sur la présidence tournante de l’UEMOA, en désaccord avec les modalités proposées. Ce départ a mis en lumière les fractures croissantes entre les États sahéliens et les pays côtiers, notamment autour de la gestion du franc CFA, dont la France reste garante.

Vers un blocage régional ?

La défiance accrue du Burkina Faso vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, accusée de manque de transparence dans la gestion de l’affaire Alino Faso, pourrait peser lourdement sur les discussions entre la Cédéao et l’AES. Alors que l’organisation sous-régionale a mis en place une troïka ministérielle pour piloter ces pourparlers post-retrait, les tensions bilatérales menacent de compromettre les conditions minimales de confiance.

Le gouvernement burkinabè, qui exige justice, prévient que « la mort d’Alino Faso ne restera pas impunie » et promet de suivre le dossier « jusqu’à la manifestation totale de la vérité ». Il qualifie par ailleurs le défunt de « citoyen burkinabè à part entière », bien qu’il ait été déchu de la nationalité ivoirienne.

Ce bras de fer illustre une double fracture : d’un côté, l’AES qui affirme sa volonté de souveraineté et de rupture avec les anciennes tutelles régionales ; de l’autre, les États comme la Côte d’Ivoire, engagés dans la préservation d’une architecture institutionnelle fondée sur la stabilité monétaire et la coopération économique.

La mort d’Alino Faso, devenu un symbole pour de nombreux militants sahéliens, risque ainsi de cristalliser les antagonismes et de retarder toute avancée diplomatique vers une réconciliation régionale. L’intervention du procureur Koné, rare sortie publique du système judiciaire ivoirien sur cette affaire sensible, témoigne de la pression diplomatique exercée par Ouagadougou et de l’enjeu que représente cette crise pour la stabilité sous-régionale.

AC/Sf/APA

Source: https://fr.apanews.net/

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