Paix et réconciliation nationale : Une Charte pour le Mali

Le jeudi 7 août 2025, le Conseil National de Transition (CNT) du Mali a adopté à l’unanimité - 124 voix pour, 0 contre, 0 abstention - le projet de Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale.

11 Août 2025 - 01:25
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Paix et réconciliation nationale : Une Charte pour le Mali

Réunis en séance plénière dans la salle Djeli Baba Sissoko du Centre international de conférences de Bamako (CICB), les membres du CNT ont entériné ce texte porté par le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion sociale, le Général de corps d’Armée Ismaël Wagué. Ce dernier a déclaré que «cette Charte est conçue comme un instrument pour tourner la page des modes de résolution importés des crises au Mali».

La Charte sera promulguée dans les jours à venir par le président de la Transition, le Général Assimi Goïta, qui a souligné que «le peuple malien doit être au cœur du processus de paix. C’est à lui que revient le droit de définir les voies de sa propre réconciliation».

Fruit du Dialogue inter-Maliens

Ce texte, qualifié de «contrat social» par les autorités, s’inscrit dans une dynamique de rupture avec l’Accord d’Alger de 2015, dénoncé en janvier 2024 pour son inefficacité et son manque d’ancrage local. Il marque une volonté de refondation politique et sociale, fondée sur la souveraineté nationale et l’unité de l’État.

Fruit du Dialogue inter-Maliens, la Charte a été élaborée à partir de consultations nationales impliquant les autorités traditionnelles et religieuses, les syndicats, les organisations professionnelles et la diaspora.

Architecture normative ambitieuse

Le texte comprend 106 articles répartis en 16 titres et 39 chapitres. Il propose une architecture normative ambitieuse couvrant la justice (réparation, équité, lutte contre l’impunité), la gouvernance (transparence, décentralisation, participation citoyenne), l’éducation (réformes curriculaires, promotion des langues nationales), l’économie (inclusion, développement local, lutte contre la pauvreté) et la lutte contre la corruption (renforcement des institutions de contrôle). Le président du CNT, Malick Diaw, a salué «un texte porteur d’espoir, qui incarne la volonté du peuple malien de se réconcilier avec lui-même».

Pour garantir l’application de la Charte, un Observatoire rattaché à la présidence sera mis en place. Il aura pour mission de suivre la mise en œuvre, d’évaluer les progrès en matière de paix et de cohésion sociale, et de proposer des ajustements. Sa composition devra refléter la diversité sociopolitique du pays, incluant des membres de la société civile, des experts en justice transitionnelle, des représentants institutionnels et des personnalités indépendantes. Il devra fonctionner selon les principes d’indépendance, de transparence et de participation citoyenne, avec des antennes régionales pour assurer une couverture nationale.

Principes d’indépendance, de transparence et de participation citoyenne

Le gouvernement prévoit également des campagnes de sensibilisation dans toutes les langues nationales, l’intégration du contenu de la Charte dans les programmes scolaires et universitaires, et des éditions accessibles aux personnes en situation de handicap.

Les réactions à l’adoption ont été contrastées. Le gouvernement parle d’un «travail exemplaire» et d’un «rendez-vous avec la souveraineté», tandis que l’association Tamouzok a salué une «étape cruciale» pour la consolidation nationale de la cohésion sociale.

Réconciliation sincère (au pas très difficile à franchir) et ré-instrumentalisation (au pas forcé) des institutions

La Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale représente en elle-même cette tentative audacieuse de refondation institutionnelle. Elle démontre aussi une volonté de tourner la page des divisions, de restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, et de poser les bases d’une paix durable. Son succès dépendra de sa capacité à inclure toutes les voix, et à traduire les principes énoncés en politiques publiques concrètes. Le Mali est à la croisée des chemins, devant décider entre réconciliation sincère au pas très difficile à franchir et ré-instrumentalisation au pas forcé des institutions par la chose politique, corrompue en soi. Le débat se pose désormais entre patriotes souverainistes affirmés et partisans pro-démocratie assumés, prêcheurs du risque d’isolement du Mali. Le peuple malien, quant à lui, dans sa majorité exprimée, n'a lui que le choix d'une paix véritable fondée sur la justice transitionnelle, la mémoire collective retrouvée et la vérité divine éclatante re-proclamée haut et fort : "unis nous vaincrons" !...

Khaly-Moustapha LEYE

 

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