Affaire Moussa Mara : Modibo Sidibé sonne l’alerte sur l’État de droit au Mali

Habituellement réservé sur les affaires de la nation, Modibo Sidibé est sorti de son silence. Dans une déclaration publiée ce jeudi soir, l’ancien Premier ministre a exprimé sa profonde inquiétude quant à l’incarcération de son homologue Moussa Mara.

9 Août 2025 - 12:04
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Affaire Moussa Mara : Modibo Sidibé sonne l’alerte sur l’État de droit au Mali

Dans son communiqué, Modibo Sidibé s’interroge sur la proportionnalité de la mesure : « La privation de liberté, surtout dans ce contexte, suscite des interrogations sur le respect des principes d’équité et de proportionnalité », affirme-t-il. Concernant la liberté d’opinion, l’ancien Premier ministre insiste sur le droit à « une procédure impartiale, encore plus en matière de liberté d’expression ».

Moussa Mara a été placé sous mandat de dépôt par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité après un tweet publié le 4 juillet, dans lequel il exprimait sa « solidarité indéfectible avec les détenus d’opinion » et promettait de « se battre par tous les moyens pour que le soleil succède à la nuit ». Il est poursuivi pour atteinte au crédit de l’État, incitation au trouble à l’ordre public, opposition à l’autorité légitime et diffusion de fausses informations. Son procès est fixé au 29 septembre prochain.

Mara, le challenger à faire taire ?

Figure à part entière dans le paysage politique, Mara incarne plusieurs paradoxes. Opposant modéré pour certains, il s’est montré critique envers la transition tout en restant mesuré. Candidat déclaré à une éventuelle élection présidentielle, il a multiplié les prises de position en faveur de la lutte contre la corruption, renonçant à certains privilèges et appelant à la réduction du train de vie de l’État.

Pour Modibo Sidibé, cette affaire s’inscrit dans une dynamique préoccupante. Il rappelle que d'autres figures politiques et sociales ont connu le même sort ces derniers mois. En effet, en juillet 2024, dix leaders politiques ont été détenus pendant cinq mois pour « tentative de déstabilisation », avant d’être relâchés sans procès. Le cas de Soumeylou Boubèye Maïga, décédé en 2022 alors qu’il était visé par une procédure judiciaire est aussi dans les mémoires.

Le cœur du message de Sidibé concerne l’institution judiciaire elle-même : « La justice doit rester le rempart ultime de notre démocratie, un espace d’impartialité. Elle ne saurait être perçue comme un instrument de crainte. Il en va de la confiance des citoyens dans l’État de droit », a-t-il averti. Cette position rejoint celle de Me Mountaga Tall, avocat de Mara, qui conteste les accusations portées contre son client.

Un geste de solidarité

La prise de parole publique de Modibo Sidibé, personnalité habituellement discrète, souligne l’ampleur de ses préoccupations. Il affiche sa solidarité envers son ancien homologue : « Je forme le vœu que Moussa Mara puisse recouvrer rapidement sa liberté », a-t-il déclaré.

Enfin, il lance un appel à l’apaisement et au dialogue, soulignant la nécessité d’« unité, de débats sereins et de rassemblement » dans un Mali en crise.

Mamadou TOGOLA/maliweb.net

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