Les soliloques d'Angèle : "Destiné à l’Afrique" : que cache cette mention sur certains produits importés ?

On la retrouve sur de nombreux emballages en rayon : « Produit destiné à la consommation en Afrique » ou « Spécialement conçu pour l’Afrique ». Une mention apparemment anodine, mais qui suscite des questions chez les consommateurs africains. Que signifie-t-elle vraiment ? Est-elle encadrée par une loi ? Quels produits sont concernés ?

6 Août 2025 - 01:30
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Les soliloques d'Angèle : "Destiné à l’Afrique" : que cache cette mention sur certains produits importés ?

« Une formule aux contours flous », selon plusieurs personnes interrogées. En réalité, cette mention indique que le produit a été conçu, fabriqué ou conditionné pour le marché africain. Elle peut refléter une adaptation aux réalités locales : prix, goût, climat, préférences culturelles, ou encore un emballage ou une composition modifiée. Elle est souvent ajoutée par les fabricants ou importateurs, dans une logique commerciale ou logistique.

Aucun texte officiel, ni en Europe ni en Afrique, n’impose cette mention. Elle n’est pas exigée par les autorités, même si certaines agences comme la NAFDAC au Nigéria ou l’ANSSA au Mali en tolèrent l’usage. Il s’agit donc d’une initiative purement commerciale. Cette indication apparaît sur une grande diversité de produits importés, notamment : les produits alimentaires (biscuits, boissons, bonbons, lait en poudre, huiles végétales) ; les cosmétiques (savons, crèmes, shampoings, produits éclaircissants) ; les médicaments ou compléments alimentaires ; les produits ménagers (détergents, insecticides, désodorisants)… Dans certains cas, on la retrouve même sur des appareils électroménagers reconditionnés ou sur des vêtements.

Certains professionnels y voient une adaptation au contexte local. Mais de nombreux consommateurs y perçoivent un double standard. Ils redoutent des produits de moindre qualité : laits en poudre très additivés, cosmétiques interdits ailleurs, bonbons fortement colorés... Les professionnels de la distribution, eux, défendent une logique d’adaptation au marché local : conditions climatiques différentes, attentes des consommateurs, contraintes logistiques et pouvoir d’achat. La loi malienne encadre l’étiquetage des produits importés par la loi n°2011 028 du 14 juin 2011 : contrôle des denrées alimentaires d’origine animale et aussi l’autorisation de Mise sur le Marché (AMM) à travers le Décret n° 06 259/P RM du 23 juin 2006, mais cette mention reste facultative.

La mention « destiné à l’Afrique » peut sembler anodine, mais ses effets psychologiques, symboliques et sanitaires sont réels : elle alimente la méfiance, banalise des inégalités, et fragilise la confiance dans les produits importés.

En l’absence de réglementation obligatoire, les experts recommandent aux consommateurs et vendeurs : de vérifier les autorisations nationales de mise sur le marché ; de lire attentivement les étiquettes et les compositions ; de se méfier des produits non homologués ou mal étiquetés ; de privilégier les circuits de distribution contrôlés. Mieux vaut savoir ce que nous mettons dans nos assiettes, sur notre corps et dans nos maisons.

Parce que c’est Notre Mali.

Muriel Jules

 

 

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