Spécial 22 septembre 2025, Renforcement du mix énergétique : Les trois projets majeurs du président Goïta
Il s'agit des centrales solaires de Sanankoroba, Safo et Tiakadougou-Dialakoro pour une capacité totale de 400 mégawatts (MW). Les travaux ont été lancés en 2024 par le Président de la Transition, le Général d'Armée Assimi Goïta

Le mixte énergétique est une nécessité pour notre pays qui, depuis quelques années, est confronté à une crise énergétique. L'État travaille, pour résorber cette crise, à augmenter les capacités de production à travers une ambitieuse stratégie de renforcement du mix énergétique. Trois projets majeurs de centrales solaires d'une capacité totale de 400 mégawatts (MW) ont été lancés en 2024 par le Président de la Transition, le Général d'Armée Assimi Goïta. Il s'agit de la centrale solaire de 200 mégawattheure (MWc) à Sanankoroba en deux phases, avec un stockage de 20 mégawattheure (MWh), celles de Safo (100 MWc en deux phases, avec un stockage de 50 MWh) et de Tiakadougou-Dialakoro (Sélingué) à 100 MWc en deux phases également.
Selon le conseiller technique au ministère de l'Énergie et de l'Eau, Sidy Mohamed Coulibaly, les travaux de la première phase du projet de construction de la centrale de Safo, sont en cours. Cette phase concerne la réalisation de 50 MWc, avec 80 mille panneaux. « Les premiers conteneurs de panneaux solaires sont arrivés à Bamako. La réception en usine de certains équipements tels que les onduleurs a eu lieu en juillet 2025», signale le conseiller technique.
En ce qui concerne Sanankoroba et Tiakadougou-Dialakoro, dont les premières phases concernent respectivement 100 MWc et 50 MWc, les travaux de débroussaillages sont terminés et les études d'exécution sont en cours. « Donc, la mise en œuvre de ces projets de centrales solaires se poursuit », rassure notre interlocuteur qui déplore quelques défis techniques, liés notamment au délai de fabrication et d'acheminement des équipements pour la production et le transport de l'électricité. «Ce délai est tributaire des capacités de production des fabricants et des voies de transport», précise-t-il. Et pour étayer ses propositions, il cite le cas de la première phase de la centrale de Safo, 50 MWc de champ solaire et 25 MWh de stockage d'énergie. Là, il s'agit d'installer un nombre très important de modules photovoltaïques et d'autres équipements comme les onduleurs et les transformateurs qui sont produits en Chine et acheminés vers le site du projet au Mali.
Parlant de perspectives, Sidy Mohamed Coulibaly explique que le gouvernement s'évertue à satisfaire les besoins fondamentaux des populations comme instruit par le Président de la Transition dans l'Axe 3 du Programme d'Actions du gouvernement, adopté par le CNT le 19 mai 2025. Cela en cohérence avec la Vision « Mali Kura ɲɛ taasira ka bɛ
n san 2063 ma» et sa Stratégie nationale pour l'émergence et le développement durable (SNEDD 2024-2033) adoptée en 2024. Les efforts portent sur le renforcement de la distribution de l'énergie électrique de l'EDM-sa, l'électrification rurale et d'autres infrastructures de production et de transport. L'accent sera mis sur la mise en valeur des ressources d'énergies renouvelables, fait-il savoir.
S'agissant des barrages hydroélectriques, l'agent du département en charge de l'Énergie précise que les travaux de réhabilitation des centrales hydroélectriques de Sélingué (47,0 MW) et de Sotuba (5,7 MW) sont en cours. La centrale de Sélingué continue de livrer en moyenne plus de 80% de sa puissance. Par contre, celle de Sotuba est à l'arrêt pour raison de travaux. Quant aux centrales hydroélectriques de Manantali (200 MW), Felou (60 MW) et Gouina (140 MW), réalisées dans le cadre de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), elles dépendent respectivement 104 MW, 27 MW et 47,6 MW au Mali, soit globalement 178,6 MW.
Sidy Mohamed Coulibaly souligne qu'il est primordial d'assurer l'entretien et la réhabilitation des barrages hydroélectriques existants. Pour les nouveaux projets, les principaux défis incluent notamment la prise en compte des impacts environnementaux et sociaux, ce qui contribue, le plus souvent, à une augmentation excessive des coûts d'investissement et de la durée de réalisation des projets. Selon lui, il est également envisagé de développer des grands projets hydroélectriques, tels que le projet de Kénié d'une puissance installée de 54 MW, le projet de doublement de la centrale hydroélectrique de Sotuba avec une capacité additionnelle de 6 MW et celui de la réalisation des mini-centrales hydroélectriques de Djenné (7,5 MW), Talo (1,3 MW) et Kourouba (4 MW). D'autres projets d'envergure sont prévus dans le cadre de l'OMVS.
En plus, l'État envisage d'inclure l'électronucléaire dans son mix énergétique afin d'augmenter considérablement la capacité de production d'électricité et de répondre aux besoins énergétiques du pays. Dans ce domaine, le Mali et la Fédération de Russie ont entamé une coopération stratégique bilatérale, à travers la signature de plusieurs protocoles d'accords dont le développement de l'industrie nucléaire nationale.
Apport des particuliers - Dans la même optique de renforcement du mixte énergétique, des particuliers travaillent déjà dans le domaine. La fédération malienne de l'électricité, énergie, énergies renouvelables et nouvelles (FENEM) en est un exemple. Selon Konimba Dembélé, 3ème vice-président de cette Fédération, les énergies renouvelables offrent de nombreuses opportunités, comme la réduction de la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles importées, la création d'emplois locaux et le développement de nouvelles filières industrielles. Cependant, dira-t-il, certains défis demeurent tels que le coût initial élevé des infrastructures, l'intermittence de certaines sources (solaire, éolienne) nécessitant des solutions de stockage, l'adaptation et la modernisation du réseau électrique et le besoin de renforcer les compétences locales.
Konimba Dembélé estime que le renforcement du mixte énergétique par la construction de centrales solaires et le développement d'autres énergies renouvelables est une initiative salutaire et stratégique des autorités maliennes. La FENEM soutient cette orientation et se tient prête à accompagner l'État et ses partenaires dans la mise en œuvre de projets ambitieux, inclusifs et durables, déclare-t-il. Et de rappeler que leurs entreprises collaborent régulièrement avec l'EDM-sa en participant aux appels d'offres lancés par cette société. La FENEM se positionne également comme un cadre de dialogue constructif entre ses membres et l'EDM-sa afin de renforcer la coopération et d'améliorer la qualité des services énergétiques.
«Nous encourageons les Maliens à considérer les énergies renouvelables non seulement comme une solution technologique moderne, mais aussi comme une opportunité économique et sociale», souhaite Konimba Dembélé. L'importance de l'alternative solaire n'est plus à démontrer dans la ville de Bamako où plusieurs grandes artères sont maintenant éclairées aux moments des délestages grâce à ces installations. Aussi, des familles ont investi dans le domaine pour se mettre à l'abri des délestages.
N'Famoro KEITA
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