Les Soliloques d’Angèle : Dialyse, quand la vie se mesure en heures branchées à une machine !

Oui ce titre choque certainement, mais moins que lorsqu’un proche vit cette situation, et qu’on la traverse ensemble la peur au ventre chaque jour d’entendre une mauvaise nouvelle.

17 Sep 2025 - 01:25
16 Sep 2025 - 21:26
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Les Soliloques d’Angèle : Dialyse, quand la vie se mesure en heures branchées à une machine !

Cet article est un appel aux autorités de la santé, pour un regard plus profond et humain sur la souffrance de nos frères et sœurs !

Au Mali, des milliers de patients atteints d’insuffisance rénale chronique voient leur vie suspendue à une machine de dialyse. Mais l’accès à ce traitement vital reste, pour ne pas dire, un luxe réservé à une minorité. Coût prohibitif, infrastructures insuffisantes et longues heures de dialyse rendent la survie incertaine.

Dans le cadre de la prise en charge d’un ami très proche, nous avons pu constater que les coûts réels sont dans la fourchette de 25.000 à 70.000 F CFA hors kits et médicaments à acheter et jusqu’à 125.000 F CFA pour les étrangers ; si l’on n’est pas sur une liste d’attente interminable. Tout ceci est bien loin de la gratuité déclarée au Mali, un poids pour les familles surtout que la plupart sont à 2 voire 3 séances par semaine. Le calcul des dépenses à supporter est vite fait !

Les centres de dialyse sont rares à Bamako et certains ne bénéficient même pas de subvention pour pouvoir réduire le coût ; qu’allons-nous dire alors pour les autres régions ? Beaucoup viennent de provinces éloignées, après des heures de voyage, épuisés avant même que la machine ne commence son travail. Chaque semaine, des milliers de personne se lèvent avec une angoisse : réussiront-ils à payer leur séance de dialyse ? Auront-ils même une place dans les rares centres disponibles ? Pour ces patients, chaque absence de traitement est une condamnation silencieuse.

Dans les salles de dialyse, les patients sont souvent entassés, certains allongés sur des chaises improvisées faute de lits. Choisir entre payer sa séance de dialyse et nourrir ses enfants ou les scolariser ; le genre de choix à ne jamais imaginer faire un jour. Choisir de reporter les examens à faire de 3 jours car avec les jours fériés, le coût a été revu à la hausse de 20 % environ, m’a confié ce week-end mon ami ; en entendant cela, les larmes me sont montées aux yeux. N’y a-t-il donc pas de régulateur, de contrôle des structures par les instances étatiques ?

En une semaine, dépenser l’équivalent d’un mois de salaire, ajouter à cela le stress car la dialyse n’est pas une simple piqûre. C’est quatre heures de branchement, le sang filtré lentement, la vie retenue artificiellement ; le stress des coupures d’électricité en pleine séance et l’on se demande « quand l’électricité va revenir et si la machine tombait en panne maintenant ? ». Je vous assure, qu’à y penser, la prière et la foi même finissent par devenir secondaire.

Pourquoi ne pas instaurer les dialyses dans les centres, cliniques et hôpitaux, jours et nuits, cela pour permettre à plus de personnes de se soigner et créer en même temps des emplois ; cela se fait en Europe et ça marche. Pourquoi ne pas recruter et investir dans les appareils de dialyse mobiles et développer les séances à domicile pour désengorger les centres et hôpitaux ? Au-delà de la maladie rénale, c’est toute la question du financement de la santé, des infrastructures médicales et de l’égalité d’accès aux soins qui est posée. Pourquoi les investisseurs ne se tournent -il pas vers la construction de centres médicaux, de laboratoires… qui peuvent sauver des vies au lieu de toujours construire des immeubles de plus en plus hauts à louer, spéculer sur le prix du foncier … ?

A. T. et à tous ceux qui souffrent des reins, que la grâce divine repose sur vous !

Les reins défaillants ne choisissent ni le riche ni le pauvre ; mais le monde, lui (investisseurs, institutions…) choisit d’investir ou non dans la vie. La dialyse n’est pas qu’un traitement, c’est un miroir de notre humanité collective. Tant que survivre coûtera plus cher qu’aimer et protéger la vie, nous sommes alors tous en danger ; plus d’humanité et de bon sens deviennent nécessaires pour tous.

Parce que c’est notre Mali.

Muriel Jules

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