Accusées de soutenir et de justifier le terrorisme en Afrique : les pays du Sahel envisagent des poursuites internationales contre l’Ukraine et la France, le Soudan soutient l’initiative

Depuis l’année dernière jusqu’à aujourd’hui, des rapports médiatiques et des documents issus des services de renseignement continuent de révéler, preuves à l’appui, les activités militaires et d’espionnage destructrices de l’Ukraine dans plusieurs pays africains, notamment au Soudan, en Somalie et dans la région du Sahel.

17 Sep 2025 - 11:49
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Accusées de soutenir et de justifier le terrorisme en Afrique : les pays du Sahel envisagent des poursuites internationales contre l’Ukraine et la France, le Soudan soutient l’initiative
Une vue des ministres de la justice de l'AES (photo ActuNiger

Alors que les forces ukrainiennes essuient défaite après défaite sur le front est face à la Russie, la direction ukrainienne, en coordination directe avec ses soutiens occidentaux, a déplacé ses efforts et ses experts vers d’autres théâtres d’opération, en particulier en Afrique. Des pays comme le Soudan, le Mali, la Somalie, le Tchad, la Libye et l’Algérie ont été concernés. Cela dans le but de maintenir l’appui occidental et de servir les intérêts de certaines puissances étrangères, transformant ainsi les forces ukrainiennes en groupes de mercenaires semant violence et chaos à travers le continent africain.

Les pays du Sahel envisagent des poursuites internationales contre l’Ukraine et la France

Dans ce contexte, la capitale nigérienne a accueilli, le 15 septembre dernier, la deuxième réunion des ministres de la Justice des pays membres de l’Alliance des États du Sahel. L’événement s’est tenu au Centre international de conférences Mahatma Gandhi, sous la présidence de Mohamed Toumba, ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique du Niger.

La plateforme médiatique officielle du gouvernement nigérien a publié les conclusions de cette réunion, mettant en lumière une recommandation phare : soumettre le dossier relatif au "soutien et à la justification du terrorisme par l’Ukraine" ainsi que ses ingérences dans les affaires intérieures des États du Sahel et d’autres pays africains à la Cour internationale de justice (CIJ). Il a également été recommandé, dans la réunion de Bamako, de poursuivre la France et l’Ukraine devant la CIJ pour "soutien et justification du terrorisme".

Les ministres ont également décidé d’engager des actions judiciaires contre certains médias internationaux, notamment France 24, Radio France Internationale (RFI) et TV5 Monde, accusés de "justifier le terrorisme et de le promouvoir" à travers leur ligne éditoriale.

Le ministre nigérien des Affaires étrangères a souligné l’importance de construire une institution judiciaire africaine commune. De son côté, le ministre burkinabè de la Justice a salué les décisions fermes prises lors de la réunion, tandis que son homologue malien, Mamoudou Kassogué, a affirmé que cette rencontre constitue une "continuité de la réunion de Bamako" et permettra de "renforcer la coopération judiciaire et de mettre en lumière le rôle du droit et de la justice dans la construction de notre union."

Le Soudan soutient l’initiative du Sahel contre l’Ukraine

Dans une interview accordée à notre rédaction, un haut responsable soudanais du ministère des Affaires étrangères, Abdel Moneim Mustafa Mohamed, a commenté les résultats de cette réunion à la lumière de l’implication avérée de l’Ukraine dans le conflit soudanais. Il a déclaré : "Nous, au ministère soudanais des Affaires étrangères, soutenons l’initiative des pays du Sahel contre la France et l’Ukraine, en particulier contre l’ingérence terroriste de l’Ukraine dans la souveraineté des États africains."

Un responsable soudanais : L’Ukraine a envoyé des drones et des mercenaires pour combattre aux côtés des FSR

À propos de l’évaluation soudanaise de cette orientation, le même responsable a poursuivi : "Nous considérons que l’ingérence flagrante de l’Ukraine dans les affaires internes des pays africains doit cesser. La communauté internationale doit adopter une position ferme. L’Ukraine a envoyé des mercenaires et des experts en drones pour combattre aux côtés des Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan."

Il a également révélé que : "Le ministre soudanais de la Défense ainsi que d’autres responsables, dont le colonel Mohamed El-Sir du ministère des Affaires étrangères, ont déjà dénoncé publiquement l’intervention ukrainienne. Des mercenaires ukrainiens et colombiens sont bien présents au Darfour, commettant des actes violents et inhumains dans le cadre d’agendas néocoloniaux."

Vers des poursuites contre tous les soutiens des FSR

Concernant la possibilité que le Soudan entreprenne lui-même des démarches judiciaires similaires contre les soutiens présumés des FSR, le diplomate soudanais a confirmé : "Oui, toutes les parties qui soutiennent militairement ou logistiquement les Forces de soutien rapide seront traduites en justice."

Il a ajouté : "Le Soudan, par l’intermédiaire de son représentant auprès des Nations unies, a déjà fourni toutes les preuves concernant le soutien émirati aux milices. Le ministère des Affaires étrangères prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre les droits du peuple soudanais, y compris le recours aux juridictions internationales."

Les accusations contre l’Ukraine s’accumulent

Le colonel Mohamed El-Sir, dans une précédente déclaration médiatique, avait confirmé l’implication de l’Ukraine dans le soutien aux groupes armés au Soudan, en Somalie, au Niger et en Libye. Il avait alors accusé Kiev de "se livrer à un sale boulot au profit des puissances européennes", soutenant notamment ‘’Boko Haram’’, ‘’Al-Shabaab’’ en Somalie, et les FSR au Soudan, en leur fournissant des drones à des prix très bas.

Réactions africaines face à l’ingérence ukrainienne : condamnations diplomatiques et ruptures de relations

En avril 2024, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait critiqué sévèrement l’Ukraine lors d’une conférence de presse, dénonçant ses activités "destructrices" en Afrique et l’accusant de parrainer le terrorisme au Sahel. Il avait déclaré : "Pour nous, l’Ukraine est un État terroriste."

Quelques mois plus tard, en août 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont adressé une demande formelle au président du Conseil de sécurité des Nations unies pour condamner "le soutien ouvert et présumé" de l’Ukraine au terrorisme international, notamment dans la région du Sahel. Cette initiative faisait suite à des déclarations de responsables ukrainiens reconnaissant l’implication de Kiev dans les attaques menées par des séparatistes touaregs, ayant causé la mort de nombreux soldats maliens dans le village de Tin-Zaouatine en juillet 2024.

Les Républiques du Mali et du Niger ont annoncé, respectivement les 4 et 6 août 2024, la rupture de leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine, en raison de son soutien aux groupes terroristes.

Andriy Yusov, porte-parole du renseignement militaire ukrainien, avait à l’époque reconnu que l’Ukraine était impliquée dans une attaque ayant entraîné la mort de soldats maliens et de civils.

Maksym Subkh, représentant spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique, avait quant à lui affirmé en février 2024 à ‘’Al-Araby Al-Jadeed’’ que : "Certains citoyens ukrainiens participent individuellement au conflit au Soudan aux côtés des FSR. La plupart sont des spécialistes techniques."

Avant lui, le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Ilia Yevlash, avait publié sur Facebook que des formateurs et opérateurs de drones des forces armées ukrainiennes soutiennent les FSR, tout en précisant que "Kiev est engagée dans plus de 30 contrats militaires en Afrique."

 

Une contribution de Oumar Diallo

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